Publiée fin juillet par le ministère des Solidarités et de la Santé, une ordonnance modifie le cadre de la certification périodique de certaines professions de santé.

Initialement réservée aux médecins, cette procédure sera désormais imposée aux chirurgiens-dentistes, aux sages-femmes et aux pharmaciens, mais aussi aux infirmiers, aux masseurs-kinésithérapeutes et aux pédicures-podologues. A compter du 1er janvier 2023, ils devront faire certifier leurs compétences tous les six ans. Durant ce laps de temps, ils seront tenus de réaliser une série d’actions, dont les modalités concrètes n’ont pas encore été précisées.

Librement choisies par le soignant, le cas échéant en lien avec son employeur, elles viseront à « actualiser leurs connaissances et leurs compétences, renforcer la qualité de leurs pratiques professionnelles, améliorer la relation avec leurs patients et mieux prendre en compte leur santé personnelle ».

Les ordres professionnels seront ensuite chargés de contrôler le respect de cette obligation. Ils auront notamment un pouvoir de sanction disciplinaire en cas de manquement. Les actions effectuées dans le cadre du développement professionnel continu, de la formation continue et de l’accréditation seront comptabilisées.

NB : L’ordonnance a été prise sur le fondement de l’article 5 de la loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, dite « Ma Santé 2022 ».

63,4 % des infirmiers libéraux non encore vaccinés n’ont pas l’intention de le faire… malgré les sanctions annoncées par Emmanuel Macron.

Telle est tout du moins la principale conclusion d’un sondage exclusif réalisé par DoctoClass, une plate-forme de formation continue en ligne destinée aux professionnels de santé. Selon la majorité des personnes interrogées, le risque encouru par les patients et la potentielle perte d’activité ne sont pas jugés comme un frein à la non-vaccination.

Menée fin juillet, cette analyse statistique laisse toutefois transparaître de fortes inégalités territoriales. Avec plus de huit opposants sur dix, les principaux réfractaires résident en Occitanie et en PACA, qui fait également partie des régions où les infirmiers sont les moins vaccinés.

Autre enseignement phare de cette étude : 79,6 % des IDEL étaient déjà immunisés contre la Covid-19. L’Ile-de-France affichait alors la meilleure dynamique vaccinale devant l’Occitanie et la Bourgogne-Franche-Comté. Qu’importent les menaces, 12,7 % des infirmiers libéraux du pays refusaient toujours de franchir le cap de la vaccination !

NB : Ce sondage a été réalisé en ligne auprès de 1 136 infirmières et infirmiers libéraux entre les 19 et 23 juillet derniers (hors Corse).

Un décret publié fin juillet détermine les conditions dans lesquelles les infirmiers pourront déléguer certains « soins courants de la vie quotidienne » à des aides-soignants, des auxiliaires de puériculture ou des accompagnants éducatifs et sociaux… dans la limite de leurs compétences.

Le texte définit notamment la notion en tant que telle, soit les « soins liés à un état de santé stabilisé ou à une pathologie chronique stabilisée et qui pourraient être réalisés par la personne elle-même si elle était autonome ou par un aidant ».

Il précise également la liste des actes concernés par cette délégation de tâches :

  • le changement de support et de poche de colostomie cicatrisée ;
  • la pose et le changement de masque respiratoire en situation chronique, hormis tout dispositif d’insufflation ou d’exsufflation ;
  • la surveillance du rythme et fréquence respiratoires ou du taux de saturation en oxygène ;
  • la surveillance du poids par l’indice de masse corporelle calculé à l’aide d’un outil paramétré ;
  • la surveillance des mensurations ;
  • la mesure du périmètre crânien ;
  • le lavage et l’irrigation oculaires ;
  • la lecture de l’intradermo-réaction pour le test tuberculinique ;
  • la mesure de la glycémie par captation capillaire brève ou lecture transdermique ;
  • le recueil du taux de bilirubine par lecture instantanée transcutanée ;
  • le recueil aseptique d’urines lors de situations d’urgence, à l’exclusion du recueil par sonde urinaire.

Selon les résultats d’une enquête publiée mi-juillet par la FFMKR, 68 % des kinésithérapeutes libéraux n’auraient pas de disponibilités pour une prise en charge, urgente ou non.

Pire encore, un professionnel du secteur refuse en moyenne 8,5 clients chaque semaine. Au-delà du constat, le syndicat formule six propositions pour « anticiper l’augmentation de la demande de soins » et « mieux gérer et hiérarchiser les files de patients ». En voici la liste : travailler avec l’assurance maladie sur les « curseurs » qui définissent l’offre de soins ; redéfinir et affiner les zones qualifiées de sous-dotées et de très sous-dotées ; inciter et favoriser l’accueil des étudiants pour effectuer leurs stages et études dans les zones identifiées comme étant les plus fragiles ; supprimer la prescription quantitative et laisser le kinésithérapeute déterminer le nombre de séances adapté aux besoins de soins du patient ; autoriser l’accès direct au kinésithérapeute pour lui permettre de hiérarchiser plus facilement la priorité des prises en charge ; permettre au kinésithérapeute de prescrire de l’activité physique adaptée.

NB : 7 077 kinésithérapeutes libéraux ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 22 avril et le 16 mai derniers. Ce panel représente environ 10 % des effectifs.

Profonde et durable, la crise sanitaire a lourdement perturbé le fonctionnement instituts de formation paramédicale… et la vie de leurs étudiants. Retour sur les événements marquants de cette année riche d’enseignements pour l’avenir.

La pandémie a bouleversé les codes de l’apprentissage. Tout au long de l’année, les instituts de formation paramédicale ont été contraints de composer avec l’incertitude, au gré de la dynamique épidémique. Condamnés à innover, ils ont dû adapter leurs méthodes pédagogiques. Face à des orientations contradictoires et confusantes, directeurs, formateurs et personnels administratifs ont su faire preuve d’une réactivité exceptionnelle et d’une capacité d’adaptation remarquable. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, le bilan demeure globalement satisfaisant. Durant cette période troublée, la maîtrise progressive des usages numériques a permis d’assurer l’essentiel, à savoir maintenir le lien avec les étudiants, dont la santé mentale s’est considérablement dégradée au cours des derniers mois. Longtemps privés de cours, de ressources et de vie sociale, ils ont connu des heures particulièrement sombres lors des périodes de confinement. En pleine détresse psychologique et matérielle, ils ont très mal vécu l’isolement et la précarité. Régulièrement mobilisés dans le cadre de l’urgence sanitaire, la plupart d’entre eux ont vu leur formation impactée, non sans accroître leur crainte de l’avenir. Parfois négligée, la qualité de vie des étudiants doit être considérée comme une priorité absolue.

Des évolutions majeures

Dans le marasme ambiant, plusieurs avancées majeures ont été entérinées cette année. Six ans après son lancement, le processus de réingénierie du diplôme des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture a finalement abouti fin mai. Cette formation sera désormais construite autour de domaines d’activité et de blocs de compétences, encadrés par des référentiels thématiques. Etalée sur douze mois, elle comportera 22 semaines de théorie et 22 semaines de pratique, dont trois stages de cinq semaines et un stage de sept semaines en fin de parcours. Autre bouleversement notable : les masseurs-kinésithérapeutes se verront dorénavant reconnaître le grade de master à l’issue de leur cursus. Attendue et réclamée par la profession depuis six ans, cette reconnaissance institutionnelle a été avalisée en juin dernier par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. La promotion 2017-2021 sera la première à en bénéficier. Au-delà du symbole, ce statut devrait notamment faciliter la poursuite des études au niveau doctoral, mais aussi la mobilité internationale. Seule ombre tableau : le sort réservé aux étudiants diplômés depuis 2015, date de la dernière grande réforme des études de masso-kinésithérapie, n’a pas été tranché. A plus large échelle, l’appétence des aspirants pour le monde paramédical n’a pas été remise en cause par la pandémie. Accessibles depuis l’an dernier via ParcourSup, les différents métiers de la filière ont connu un franc succès. Tous choix confondus, la formation en soins infirmiers a été la plus demandée pour la deuxième année consécutive.

Les défis de la rentrée

Toujours aussi incertaine, l’évolution de la situation sanitaire n’offre aucune garantie pour la rentrée prochaine. La perspective d’une nouvelle vague épidémique se profile, malgré l’augmentation annoncée du nombre de personnes vaccinées. La progression éclair du variant delta ne devra pas pour autant mettre en péril certains chantiers prometteurs. La poursuite du processus d’universitarisation des formations paramédicales devra notamment faire l’objet d’une attention particulière, au même titre que la hausse programmée des capacités d’accueil dans les IFSI et les IFAS. Une discussion de fond sur le métier de formateur – et plus largement sur la place de la formation – devra par ailleurs être amorcée avec les pouvoirs publics. De nombreuses questions restent aujourd’hui en suspens, à commencer par la plus importante d’entre elles : comment accueillir plus d’étudiants, tout en leur proposant un encadrement de qualité, dans le contexte pandémique actuel ? Cette réflexion vaut pour l’enseignement théorique, mais aussi pour la pratique des stages… en nombre très insuffisant. Mobilisée depuis le début de la crise, l’ANdEP suivra de près l’avancée de ces travaux stratégiques. Rompue aux exigences de la communication digitale, l’association s’engage à échanger plus régulièrement avec ses adhérents, au-delà de ses traditionnelles journées annuelles. Trois à quatre points d’actualité seront désormais proposés chaque année, contre un seul auparavant.

Dans un rapport d’information présenté début juillet en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Cyrille Isaac-Sibille plaide en faveur du renforcement des missions et carrières paramédicales*.

Le député MoDem du Rhône propose trois pistes d’évolution concrètes : l’élargissement des coopérations interprofessionnelles, le développement de l’exercice en pratique avancée et la modification du périmètre de compétences des différents professionnels. Jugeant l’organisation des soins inadaptée aux défis du vieillissement de la population et de la chronicisation de certaines pathologies lourdes, il préconise notamment d’actualiser la liste des actes réalisés par les professions paramédicales.

Il suggère également de renforcer l’exercice en pratique avancée pour les infirmiers, non sans adapter et revaloriser le modèle économique du métier, en particulier dans le secteur libéral. Selon lui, d’autres auxiliaires médicaux devraient également profiter de cette montée en compétences, en tête desquels figurent les techniciens de laboratoire et les manipulateurs en électroradiologie.

(*) « Quelle vision dans 10 ans et comment y parvenir ? », Cyrille Isaac-Sibille (juillet 2021).

La création de la mention « urgences » de la pratique avancée infirmière a reçu un avis négatif du Haut conseil des professions paramédicales.

Tombée fin juin, cette décision suscite le mécontentement des instances professionnelles. L’ONI dénonce notamment le « rétropédalage » du gouvernement qui a « dépourvu le texte initial de sa substance » à la suite de « pressions corporatistes ». Selon son président, l’intervention des infirmiers de pratique avancée aurait permis d’améliorer le fonctionnement des services d’urgence, via la délégation de certaines tâches. Elle aurait également contribué à soulager des personnels totalement débordés.

Encouragée par la Cour des comptes, cette piste d’évolution professionnelle n’a finalement pas été retenue par l’exécutif. Une décision unilatérale qui sonne comme un désaveu pour les IPA, dont le champ d’action a été réduit à la portion congrue. Outre une dévalorisation de la profession, Patrick Chamboredon y voit une menace directe pour l’accès aux soins et la sécurité des patients.

Consultatif, l’avis du HCPP ne condamne pas pour autant la création de cette cinquième mention de la pratique avancée.

Dans un Livre Blanc publié début juillet, la Société française de santé digitale formule dix propositions concrètes pour accompagner la généralisation du télésoin sur le territoire français.

« Ce document aborde les différents volets de cette avancée majeure pour le développement de la santé digitale en France », souligne la SFSD. Parmi d’autres préconisations, les auxiliaires médicaux sont notamment invités à définir un objectif de soin, à respecter les bonnes pratiques, à travailler en équipe pluriprofessionnelle ou à choisir un outil accessible à tous. Il leur est également recommandé d’obtenir le consentement éclairé des patients avec lesquels ils devront construire le parcours alterné, dans le cadre d’une décision partagée. Selon les auteurs de ce Livre Blanc, la formation des acteurs de santé sera un prérequis indispensable pour favoriser l’essor de cette pratique.

Quelles que soient les démarches entreprises, un impératif de taille devra par ailleurs être respecté : garder l’humain au centre de tout. Pour rappel, le télésoin est entré dans le droit commun le 4 juin dernier. Toutes les professions paramédicales sont désormais autorisées à y recourir.

(*) « Le télésoin au cœur de l’innovation des parcours de santé », SFSD (juillet 2021).