Dans un rapport publié fin mai, l’Inspection générale des affaires sociales pointe les résultats « décevants » des trois programmes nationaux de dépistage des cancers, soit ceux du sein, de l’utérus et du côlon. Outre une participation insuffisante, l’instance dénonce un pilotage morcelé et peu lisible, mais aussi des failles organisationnelles, notamment du côté des CRCDC*.

Selon les auteurs de ce rapport, les objectifs fixés l’an dernier par Emmanuel Macron, à savoir un million de tests supplémentaires d’ici à 2025, seront difficilement atteignables. Au-delà du constat, ils formulent vingt-deux propositions concrètes pour optimiser les performances du dépistage organisé, dont les coûts cumulés s’élèvent à 600 millions d’euros par an.

Parmi d’autres leviers, le recours au numérique devra favoriser la mise en place d’une base de données hexagonale et d’un système d’information unique. La dématérialisation de la seconde lecture des mammographies est également recommandée. Autre proposition notable : confier la gestion des invitations et des relances à l’Assurance maladie.

(*) Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers – CRCDC.

Pour la troisième année consécutive, les études en soins infirmiers arrivent en tête des choix effectués sur Parcoursup. D’après les premières données recueillies, un lycéen sur dix a candidaté dans un ou plusieurs IFSI.

Fait relativement surprenant : les différentes contraintes mises en lumière durant la crise sanitaire n’ont visiblement pas découragé les postulants, avant tout guidés par un sentiment d’utilité sociale. Malgré les nombreuses interrogations qui entourent l’accueil des futurs étudiants, notamment en matière de stages disponibles, les instances professionnelles se satisfont de cet engouement, au regard des besoins croissants affichés dans les établissements de santé.

Selon Martin Hirsch, il manque 1 400 infirmières au sein de la seule AP-HP, contre 400 il y a un an. « Certains ont changé de métier, d’autres sont partis exercer en province, d’autres encore ont rejoint le secteur privé », assure le patron des hôpitaux franciliens.

Reconnaissance, responsabilité et autonomie : telles sont les trois grandes évolutions attendues par les infirmiers, à l’aube de ce nouveau quinquennat.

Principal fait marquant de la dernière consultation ordinale, dont les résultats ont été officiellement publiés début juin, l’actualisation du décret encadrant les compétences infirmières est jugée « urgente » par 94 % des répondants. Derrière cet enjeu primordial, la profession exprime des revendications très concrètes, comme la reconnaissance et le renforcement des soins relationnels effectués par l’infirmier, l’octroi de responsabilités accrues en matière de prévention et d’éducation thérapeutique ou encore le développement d’une consultation infirmière… sans prescription médicale. L’accès direct des patients, en ville comme à l’hôpital, et l’autorisation de prescription pour des actes simples sont également réclamés par la majorité des sondés.

Dans le champ des pratiques avancées, la création de nouvelles mentions relève quasiment du plébiscite pour le vieillissement et la fin de vie, les déterminants de la santé et les problématiques sanitaires liées à l’environnement.

Plus largement, la profession dit vouloir être davantage impliquée dans le déploiement des politiques de santé publique, et plus particulièrement dans la lutte contre les addictions.

NB : 41 024 infirmiers ont répondu à cette consultation réalisée par internet du 13 au 30 mai auprès de l’ensemble des inscrits au tableau de l’Ordre.

Dans une enquête publiée mi-mai, la FNESI pointe la dégradation de la santé physique, mentale et financière des étudiants en soins infirmiers.

Crises d’angoisse, dépression, idées suicidaires… Leur état psychique s’est considérablement aggravé. La problématique concerne désormais près de deux tiers des répondants, soit une hausse de dix points en cinq ans. Corollaire de ce mal-être grandissant, une hausse significative de la consommation de médicaments a notamment été constatée. Des dérives vers des comportements addictifs et/ou à risque ont également été observées. Autre enseignement de cette production statistique : un étudiant sur six a été victime de violence sexiste ou sexuelle, principalement sur les lieux de stage. Pour toutes les raisons évoquées, 59,2 % des ESI ont déjà pensé à arrêter leur formation.

Jugés graves, les résultats de cette enquête nécessitent des réponses « rapides et massives ». Parmi d’autres recommandations, la FNESI propose une refonte du référentiel de formation en soins infirmiers avec une réingénierie du temps de travail et des enseignements, un investissement massif sur la santé mentale, un accompagnement des comportements addictifs dans les SSU, une augmentation des indemnités de stage ou encore la prise en compte de la parole des victimes.

NB : cette enquête a été réalisée du 2 mars au 16 avril via les réseaux et les canaux de communication de la FNESI. 15 652 réponses ont pu être exploitées.

Dans une tribune publiée début mai sur le site du quotidien Les Echos, le directeur général de l’AP-HP propose ses pistes de réforme pour « refonder l’hôpital ». Les professions paramédicales s’inscrivent au cœur de son projet… loin de faire l’unanimité.

Le moment ne doit rien au hasard. A l’issue du scrutin présidentiel, Martin Hirsch s’est fendu d’une tribune remarquée, publiée début mai sur le site du quotidien Les Echos. Destiné au futur gouvernement, ce plaidoyer contient des pistes de réforme pour « refonder l’hôpital ». Le constat est sans appel : « Le système hospitalier français est en crise. Ceux qui y travaillent considèrent que cela va de mal en pis. Les fermetures de lits ne sont pas planifiées mais subies, en fonction de la disponibilité des professionnels. Le malaise concerne aussi bien les petits établissements que les centres hospitalo-universitaires les plus prestigieux, même si les problèmes peuvent y être différents. » Parmi d’autres recommandations plus ou moins nouvelles, le directeur général de l’AP-HP suggère notamment de « médicaliser et paramédicaliser » la gouvernance des établissements de santé. « Les paramédicaux ne peuvent être considérés comme de simples exécutants. Ils doivent participer à la gestion de l’hôpital, à l’évolution des métiers, aux grands choix. Leur place restreinte est l’une des explications du malaise », écrit Martin Hirsch, qui propose par ailleurs de recréer l’équivalent contemporain des ordonnances Debré, à travers la mise en place d’une « commission prestigieuse » placée sous la responsabilité du vice-président du Conseil d’Etat.

Statut, rémunération et mobilité

En marge de cette évolution, Martin Hirsch plaide pour une révision en profondeur des statuts des médecins et des personnels paramédicaux. Plus souples et plus différenciés, ils devront « favoriser la mobilité et la diversité des parcours professionnels ». Selon lui, le système des affectations devra également être repensé pour « coller au plus près des besoins ». Autre chantier majeur : le directeur général de l’AP-HP pose les bases d’une « rémunération en trois parts », soit une part plancher qui serait fixée nationalement et statutairement, une part variable qui serait le produit d’un coefficient géographique lié au coût de la vie dans la région et une part à la main de l’établissement, en fonction de critères définis collectivement, qui permettrait de mieux rémunérer certaines spécialités et certaines fonctions, un investissement particulier dans la vie de l’établissement, voire des compétences ou une technicité spécifiques. Dans le schéma décrit, les primes seraient maintenues pour valoriser l’engagement des professionnels dans des missions d’encadrement, d’enseignement ou de recherche.

Réactions mitigées…

Une chose est sûre : la dernière sortie médiatique du grand patron des hôpitaux parisiens suscite des réactions mitigées. Certains experts jugent ces propositions intéressantes pour améliorer la gestion des ressources hospitalières et des besoins de santé de la population, là où d’autres dénoncent une vision technocratique et incomplète, notamment sur les questions relatives à la qualité de vie au travail. Particulièrement critiques à l’égard de ce projet, les représentants des directeurs de soins sont montés au créneau. Dans un communiqué, les responsables de l’AFDS* déplorent la « vision désobligeante » de leur métier, malgré « leur investissement sans relâche dans les réorganisations incessantes ». Ils se déclarent néanmoins favorables à la paramédicalisation de la gouvernance hospitalière, envisageant même un élargissement du directoire aux soignants pour un tiers de sa composition… avec une déclinaison semblable dans les pôles et les services. En pleine recomposition, le gouvernement n’a pas encore dévoilé ses pistes de réforme pour l’hôpital ni commenté le plaidoyer de Martin Hirsch.

(*) Association française des directeurs des soins – AFDS.

A compter de la rentrée prochaine, les infirmiers de bloc opératoire se verront reconnaître le grade de master à l’issue d’un cursus de deux ans, contre dix-huit mois auparavant.

Publiés fin avril, un décret et un arrêté précisent notamment les modalités de délivrance du diplôme, mais aussi les conditions d’accès à la formation, son contenu et son organisation pédagogique. Parmi d’autres avantages, cette évolution devrait plus particulièrement permettre de restaurer l’attractivité du métier. Elle devrait également faciliter la montée en gamme ou la reconversion des professionnels par le biais d’une validation des acquis de l’expérience.

Outre la non-reconnaissance des infirmiers de bloc opératoire préalablement formés, deux points majeurs restent en suspens : le maintien des autorisations accordées aux infirmiers généraux et le niveau de rémunération proposé aux futurs diplômés. Attendue depuis seize ans, la réingénierie de la formation s’inscrit dans le cadre du processus d’universitarisation des professions paramédicales.

NB : la formation sera organisée en douze unités d’enseignement. Elle comptera 1 645 heures, soit 47 semaines de stage. Les étudiants devront valider cinq blocs de compétences.

La Cnam vient de doubler le montant de l’aide exceptionnelle accordée par le gouvernement pour compenser la hausse du prix de l’essence.

Estimée à quinze centimes d’euro par litre de carburant, cette majoration concerne les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sage-femmes, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les pédicures-podologues, les orthophonistes et les orthoptistes conventionnés qui délivrent des soins à domicile.

Elle correspond à une hausse d’un centime du tarif unitaire des différentes indemnités kilométriques. Elle sera complétée par une hausse de quatre centimes du tarif unitaire des différentes indemnités forfaitaires de déplacement. Applicable depuis le 25 avril, cette compensation prendra fin le 31 juillet prochain, en même temps que les remises à la pompe financées par l’Etat.

Dans un communiqué, la Fédération nationale des infirmiers salue le geste, mais regrette son caractère transitoire. Elle réclame une revalorisation pérenne pour réussir le « virage domiciliaire » souhaité par le gouvernement et plébiscité par les patients.

Les compétences vaccinales des infirmiers ont été significativement élargies, conformément à l’avis récemment délivré par la Haute Autorité de santé.

Selon les textes publiés fin avril, ils pourront désormais vacciner les plus de seize ans… sans prescription médicale préalable. Cette autorisation se limite toutefois aux personnes visées par des campagnes de vaccination contre quinze pathologies : la grippe saisonnière, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rage, les papillomavirus humains, les infections invasives à pneumocoque, les virus de l’hépatite A et l’hépatite B ou encore les méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W.

Nom et prénom du vaccinateur, dénomination du vaccin administré, numéro de lot, date de l’injection… Les infirmiers devront inscrire certaines informations clefs dans le carnet de vaccination ou le carnet de santé et le dossier médical personnel du patient. A défaut, ils devront inscrire ces mêmes informations dans le dossier de soins infirmiers et délivrer une attestation de vaccination au principal intéressé. Faute de DMP et sous réserve du consentement du patient, ils devront transmettre ces données au médecin traitant.

Les infirmiers seront systématiquement chargés de déclarer les effets indésirables recensés au centre de pharmacovigilance.

NB : les prérogatives vaccinales des sage-femmes et des pharmaciens ont également été renforcées par le législateur.

En vertu d’un décret publié fin avril, les orthoptistes peuvent désormais prescrire des verres correcteurs et des lentilles oculaires… sous certaines conditions.

Cette autorisation se limite notamment aux personnes âgées entre seize et quarante-deux ans. Pour des lunettes, le dernier bilan visuel effectué par un ophtalmologiste devra également dater de moins de cinq ans, et de moins de trois ans pour des lentilles. Les orthoptistes pourront cependant renouveler leurs propres ordonnances datant de moins de deux ans, non sans procéder aux corrections visuelles de leurs patients.

Ils pourront surtout dépister l’amblyopie chez les enfants de neuf à quinze mois et les troubles de la réfraction chez les enfants de trente mois à cinq ans, sans ordonnance médicale préalable. Selon le syndicat des orthoptistes, cette simplification de l’accès aux soins visuels devrait concerner six millions de Français.

Radicalement opposés à ces mesures prévues par la LFSS 2022, les ophtalmologistes redoutent la déstructuration des parcours de santé et la dégradation de la qualité du service rendu à la population. Pour beaucoup, ce démantèlement des compétences médicales pourrait aggraver l’errance diagnostique et accroître les inégalités de santé.

NB : la liste des contre-indications en matière de primo-prescription est toujours en instance de publication.