Le projet de loi sur la fin de vie suscite des réactions controversées, notamment chez certains soignants, qui dénoncent un modèle ultra-permissif relevant davantage de l’euthanasie et du suicide assisté que de l’aide active à mourir. Explications.

La tâche du gouvernement ne sera pas simple. Celle des parlementaires non plus. Promesse de campagne du candidat Macron, le projet de loi sur la fin de vie sera la dernière grande réforme sociétale du quinquennat, mais le texte présenté mi-avril en conseil des ministres ne fait pas l’unanimité. Et pour cause : certaines personnes pourront se voir prescrire une substance létale et se l’administrer seules ou avec assistance. Cette « aide à mourir » sera naturellement très encadrée. Elle sera strictement réservée aux « patients majeurs capables d’un discernement plein et entier, atteints d’une maladie incurable avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme et subissant des souffrances réfractaires ». Chaque individu concerné pourra formuler une demande et recevra un avis sous quinze jours. La prescription sera valable trois mois et le patient pourra se rétracter à tout moment. Autre fait marquant : certaines dispositions de la stratégie décennale sur les soins palliatifs ont été incluses dans le projet de loi sur la fin de vie, dont la création d’une unité de soins spécialisée dans chacun des 21 départements non pourvus.

Des interrogations légitimes

La proposition du gouvernement suscite des réactions controversées, notamment chez certains soignants, qui dénoncent un modèle ultra-permissif relevant davantage de l’euthanasie et du suicide assisté que de l’aide active à mourir. Délais, responsabilité, formation… Certaines organisations représentatives des professionnels de santé ont récemment fait part de leurs doutes et de leurs interrogations devant la commission spéciale de l’Assemblée nationale sur le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie, dont l’examen en première lecture doit débuter fin mai. « Ce texte est nécessaire, car le cadre législatif actuel ne répond pas à toutes les situations de souffrance. Ce n’est ni un modèle euthanasique, ni une autorisation de se suicider. Ce n’est pas non plus un droit nouveau ni une liberté nouvelle, mais un chemin possible avec des conditions strictes, qui sont autant de garanties protectrices des personnes concernées et des soignants », assurait notamment Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, durant sa propre audition. Au regard de la sensibilité du sujet, qui soulève des enjeux éthiques, culturels et religieux, le marathon parlementaire pourrait durer deux ans.


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