La sécurité des soignants devient une priorité politique, comme en témoignent les récentes annonces faites par Agnès Firmin-Le Bodo, ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.

Lancée début février, une vaste concertation pluridisciplinaire doit notamment permettre de penser des « mesures efficaces qui correspondent aux attentes et aux contraintes des acteurs du terrain ». Pilotée par Nathalie Nion et Jean-Christophe Masseron, cette réflexion associera les représentants des ordres et des syndicats professionnels, des établissements publics et privés, des agences régionales de santé, des étudiants, des forces de l’ordre, de la justice, des métiers de la sûreté et de la sécurité incendie. Leurs conclusions alimenteront un plan d’action qui sera présenté avant l’été.

Les objectifs sont clairement affichés : mieux prévenir les violences, mieux former les soignants pour y faire face, et mieux accompagner les témoins et les victimes. Autre nouveauté : la plate-forme publique de signalement des violences – morales, verbales ou physiques – dont sont victimes les professionnels de santé a récemment fait peau neuve*. Historiquement réservée aux soignants des établissements de santé et médico-sociaux, elle est désormais accessible aux acteurs du champ ambulatoire.

(*) Voir : dgos-onvs.sante.gouv.fr


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La proposition de loi « visant à faire évoluer la formation de sage-femme » a été publiée fin janvier au Journal officiel.

Attendue de longue date, cette réforme contient plusieurs avancées majeures, à commencer par la reconnaissance du caractère médical de l’activité. Actuellement gérées par les régions, les écoles seront prochainement rattachées aux universités pour « homogénéiser le niveau de formation ».

Ce processus d’universitarisation devra être finalisé avant le 1er septembre 2027. Autre fait marquant : le texte officialise la création d’une sixième année d’étude qui sera sanctionnée par un diplôme de docteur en maïeutique. Cette mesure concernera uniquement les étudiants débutant la deuxième année du premier cycle des études de santé… à compter de la rentrée universitaire 2024. L’organisation et le référentiel de formation de ce troisième cycle seront ultérieurement précisés par voie réglementaire, à l’issue d’une concertation menée avec les représentants de la profession. A noter : les doctorants de la filière bénéficieront également du statut d’enseignant-chercheur.

Globalement satisfaits, les représentants du secteur attendent désormais une revalorisation tarifaire significative pour restaurer durablement l’attractivité d’un métier rongé par la pénurie et les difficultés de recrutement.


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Signé mi-décembre par la FFMKR et la CNAM, le dernier avenant à la convention des masseurs-kinésithérapeutes ne sera jamais appliqué, en raison du droit d’opposition invoqué par les deux syndicats dissidents : ALIZÉ et le SNMKR.

Dans un communiqué publié mi-janvier, l’Assurance Maladie regrette cette décision qui « pénalisera » les patients, mais aussi la profession. « Rien ne nous oblige à ouvrir de nouvelles négociations avant la fin de la présente convention… dans quatre ans », prévient Thomas Fatôme, son directeur général.

Pour rappel, cinq grandes orientations avaient été validées par les parties signataires : la refonte et la revalorisation de la nomenclature, la prévention et la prise en charge des patients en perte d’autonomie, la réduction des inégalités territoriales d’accès à la kinésithérapie, le renouvellement des prescriptions datant de moins d’un an par le kinésithérapeute et le déploiement de la télésanté.

Selon la CNAM, cet accord conventionnel représentait un investissement de 530 millions d’euros, soit un gain de 7 300 euros par kinésithérapeute, et prévoyait notamment une « revalorisation significative » de l’acte de base.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Depuis le début du mois, les orthoptistes peuvent réaliser des bilans visuels, mais aussi primo-prescrire des verres correcteurs et des lentilles de contact… en accès direct et sans ordonnance médicale.

Destinée aux patients âgés de seize à quarante-deux ans, cette mesure doit améliorer l’accès aux soins ophtalmologiques, en diminuant notamment les délais d’attente, mais aussi libérer du temps médical pour des affections plus complexes.

La règlementation prévoit néanmoins des exceptions : le dernier bilan visuel réalisé par le médecin ophtalmologiste devra dater de moins de cinq ans pour les patients déjà porteurs de verres correcteurs, et de moins de trois ans pour les patients déjà porteurs de lentilles de contact oculaire souples. Glaucome, hypertension intraoculaire isolée, cataracte, tumeurs oculaires et palpébrales, diabète, maladies auto-immunes, hypertension artérielle mal contrôlée, syndrome d’immunodéficience acquise…

Elle prévoit également une longue liste de contre-indications liées à des troubles de réfractions associés à une pathologie ophtalmologique, une pathologie générale ou à la prise de médicaments au long cours pouvant entraîner des complications oculaires, tels que les corticoïdes, les antipaludéens de synthèse et les traitements par chimiothérapie.


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La formation et le devenir des infirmiers sont sur le devant de la scène politique… mais la fin du mois approche et les grands travaux sur la réingénierie de la formation et la révision du décret relatif aux actes professionnels – promis par le ministre de la Santé et de la Prévention – ne sont toujours pas lancés !

La refonte du cadre de la formation ne concerne pas uniquement la profession infirmière. Pharmaciens, chirurgiens-dentistes, maïeuticiens, orthophonistes, manipulateurs en électroradiologie… D’autres référentiels sont attendus pour former plus et former mieux, et ainsi répondre aux besoins croissants de la population.

Mentorat, tutorat, apprentissage, cordées de la réussite : les propositions ministérielles ne manquent pas de sens, mais elles devront se traduire concrètement dans les faits. L’ANdEP participera activement à la construction des projets, mais aussi à leur mise en œuvre et à leur évaluation.

La maïeutique est désormais reconnue comme une profession médicale à part entière. Au regard de leurs compétences et de leur influence dans la prise en soins, infirmières et infirmiers peuvent-ils encore être considérés comme de simples auxiliaires médicaux ?