Dans le cadre de son nouveau budget annuel voté fin décembre, la Région Ile-de-France affiche un soutien sans précédent aux formations sanitaires et sociales pour « répondre aux enjeux du secteur et des territoires ».

Cette volonté se traduit par une hausse budgétaire de 15 % en 2024. Un investissement conséquent qui permettra notamment de créer de nouvelles places en soins infirmiers, soit 3 300 étudiants supplémentaires.

Autre décision forte : le Conseil régional a choisi de relever le montant des bourses attribuées aux étudiants du secteur sanitaire et social. Tous les échelons seront revalorisés à hauteur de 370 euros par an. Pour attirer et fidéliser les étudiants de ces filières, une campagne de communication régionale sera prochainement lancée.

NB : le budget consacré par la région aux formations sanitaires et sociales sera de 302 millions d’euros en 2024.


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Le gouvernement vient de lancer une consultation citoyenne qui doit alimenter la réforme du métier infirmier. Signe particulier : le sujet de la formation n’est pas directement abordé…

« La profession infirmière est l’une des grandes priorités de l’action de mon ministère. Les enjeux sont nombreux pour cette corporation dont la définition du métier et des missions n’a pas évolué depuis vingt ans. On attend dès maintenant vos propositions ! » Dans un message posté mi-décembre sur les réseaux sociaux, Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, annonçait le « lancement immédiat » de la réforme du métier infirmier sous la forme d’une consultation citoyenne ouverte à tous, non sans évoquer deux pistes d’évolution au conditionnel : un rendez-vous de prévention et une prise en charge « un peu plus globale » des patients.

Onze questions

Proposée par le ministère chargé de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, cette consultation citoyenne est accessible via l’application Agora*, lancée en septembre dernier par Olivier Véran, ministre du Renouveau démocratique. « Une consultation sur Agora est bien plus qu’un sondage. Les questions sont pensées pour nourrir les décisions gouvernementales et la ministre s’engage à y donner suite. En contribuant au débat, vous travaillez à définir les orientations et les actions du gouvernement », est-il écrit en amont du questionnaire intitulé « quelle réforme pour le métier infirmier ? » qui comporte onze entrées. Quarante-huit heures après sa mise en ligne, 2 500 contributions avaient été enregistrées. Signe particulier : le sujet de la formation n’est pas directement abordé.

Et après ?

Les intentions de la puissance publique sont clairement affichées : « L’objectif de cette consultation est de recueillir votre appréhension du métier d’infirmier ainsi que vos attentes sur son rôle et sa mission au sein du système de santé et nourrir, avec vous, les travaux menés sur l’évolution de la profession. » Ouverte depuis le 15 décembre, cette consultation citoyenne prendra fin le 12 janvier prochain. Les résultats obtenus permettront d’orienter les réflexions en cours. Selon le calendrier fixé par François Braun, l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, la réforme du métier infirmier doit aboutir en septembre 2024. Elle devra notamment permettre de mieux considérer la réalité de l’exercice actuel et la valorisation des pratiques professionnelles, mais aussi de mieux répondre aux besoins des patients.

Pour accèder à cette consultation


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Dans un message posté fin novembre sur les réseaux sociaux, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam, annonçait le lancement officiel du programme transition écologique du système de santé et santé environnementale.

Sa priorité est clairement affichée : réduire l’empreinte carbone du médicament en s’appuyant notamment sur une méthodologie d’évaluation inspirée par les travaux du Shift Project. Une « perspective colossale » qui passera par la sensibilisation des médecins sur le « coût carbone » de leurs prescriptions, mais aussi par la mise en place d’un système de bonus/malus écologique pour les industriels. Cabinet vert et soins écoresponsables, transports sanitaires et réutilisation des dispositifs médicaux, prévention et pertinence des soins, identification des initiatives locales susceptibles d’être généralisées, transformation des organismes d’assurance maladie… Plusieurs chantiers seront par ailleurs initiés par la Cnam qui veut apporter sa contribution pour atteindre les objectifs fixés par le GIEC, soit la neutralité carbone du système de santé d’ici à 2050. Ces travaux s’inscriront dans la feuille de route pour la planification écologique du système de santé, laquelle découle du plan d’action France Nation Verte.

NB : Cécile Traon a été nommée directrice du programme transition écologique et santé environnementale au sein de la Cnam.


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Dans un contexte marqué par l’universitarisation des formations paramédicales, les enseignants-chercheurs en sciences infirmières ont choisi de créer leur propre conseil national.

Constitué début septembre, le CoFECSI* regroupe l’ensemble des forces vives du secteur et aura notamment pour mission d’assurer leur représentation dans les instances compétentes et les organisations professionnelles. Soins, recherche, enseignement… Cette structure entend favoriser les réflexions stratégiques sur les trois grandes dimensions du métier dans tous les champs et secteurs d’exercice, y compris spécialisés et en pratique avancée.

Ses premières actions traduisent les ambitions portées : contribuer dès maintenant aux travaux sur la refondation de la profession et de la formation infirmière dans la perspective de créer une filière LMD en sciences infirmières « cohérente et pertinente » dans le paysage universitaire français.

Le collège sollicitera également son adhésion aux conseils nationaux professionnels de la profession infirmière.

(*) Collège Français des Enseignants-Chercheurs universitaires en Sciences Infirmières – CoFECSI.


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L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes vient de réviser sa méthode de zonage des soins orthophoniques.

Objectif de la manœuvre : rendre éligibles de nouveaux territoires aux dispositifs financiers existants pour favoriser l’installation ou le maintien de ces professionnels de santé dans les zones sous-dotées. Principal fait marquant : vingt-huit bassins de vie supplémentaires sont désormais éligibles aux différentes aides publiques.

Applicable depuis début novembre, pour une durée maximale de trois ans, ce nouveau zonage a été élaboré en lien avec l’URPS orthophonistes et sur avis de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie.

Pour tenir compte de l’évolution de la situation des territoires et des besoins des habitants, il sera régulièrement évalué et pourra être révisé à tout moment durant ce laps de temps. Parmi d’autres enjeux, cette initiative doit notamment permettre de réduire les inégalités d’accès aux soins constatées dans la région.

NB : six professions de santé font l’objet d’un zonage : les médecins, les infirmiers, les sages-femmes, les masseurs-kinésithérapeutes et les chirurgiens-dentistes.


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Filiale du groupe ferroviaire éponyme, SNCF Gares & Connexions veut déployer des espaces de télémédecine et des services de soins complémentaires dans trois cents gares au cours des cinq prochaines années, en partenariat avec Loxamed.

Ces box seront implantés dans des territoires caractérisés par une couverture médicale insuffisante, soit les zones d’intervention prioritaires et les zones d’aménagement concerté, ce qui représente un potentiel de 1 735 gares. Les lieux seront naturellement sélectionnés en concertation avec les collectivités locales et les Agences régionales de santé.

Signe particulier : le projet de SNCF Gares & Connexions repose sur la présence systématique d’un IDE pour faire le lien entre le médecin et le patient qui pourra prendre rendez-vous sur place ou via Doctolib. Les consultations seront facturées et remboursées au tarif conventionnel du secteur 1.

La mesure a naturellement suscité de vives réactions au sein du corps médical, Ordre et syndicats en tête, qui dénoncent une ubérisation et une financiarisation de la santé, non sans pointer la responsabilité des pouvoirs publics.


Illustration : SNCF Gares & Connexions

Selon le dernier baromètre établi par Posos et Lifen, 96 % des soignants reconnaissent un état de fatigue intense, que ce soit en milieu hospitalier ou dans le secteur libéral.

Trois grandes raisons en sont la cause : la lourdeur administrative, le manque de reconnaissance et la faiblesse des effectifs disponibles. Autre tendance lourde : 85 % des répondants pointent un déséquilibre préjudiciable entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.

Au-delà du constat, cette enquête détaille également les attentes des professionnels par métier et par lieu d’exercice. Le soutien et la reconnaissance, la rémunération ou encore l’organisation et la gestion du travail arrivent en tête des priorités chez les infirmiers hospitaliers.

La rémunération, le soutien et la reconnaissance ou encore la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée sont les trois sujets plébiscités par les infirmiers libéraux.

A noter : cette enquête a été menée au printemps dernier auprès de 3 345 soignants, toutes professions confondues.

(*) « Baromètre 2023 de la charge mentale des soignants », Posos/Lifen (novembre 2023)


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Placé sous le signe de la maîtrise des dépenses de santé, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit un plan d’économies de 3,5 milliards d’euros en 2024. Il consent néanmoins des investissements choisis pour prévenir certaines maladies et amoindrir les pénuries.

Le nouveau projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été officiellement présenté le 27 septembre dernier par les représentants des ministres de l’Autonomie, de l’Economie et de la Santé. Réduction du déficit oblige*, le gouvernement mise sur la responsabilisation des industriels, des prescripteurs et des assurés pour concrétiser ses ambitions : maîtriser les coûts de santé sans pénaliser l’accès aux soins des Français. Médicaments et dispositifs médicaux, actes et prescriptions, arrêts de travail, transports sanitaires, fraudes sociales… Le PLFSS prévoit un plan d’économies de 3,5 milliards d’euros, dont un tiers sur les produits de santé via des baisses de prix et une réduction des volumes prescrits. Hors dépenses en lien avec la crise sanitaire, l’Ondam progressera de 3,2 % pour atteindre 254,9 milliards d’euros en 2024. Un objectif optimiste, sinon irréaliste, au regard des dernières prévisions budgétaires.

Prévenir…
Parent pauvre des politiques publiques de santé, la prévention occupe une place centrale dans ce projet de loi. Plus ou moins nouvelles, certaines mesures emblématiques doivent accentuer ce virage stratégique : la mise en œuvre de la campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges et la suppression du ticket modérateur de certains vaccins, la gratuité des préservatifs dans les officines et le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les moins de vingt-six ans** ou encore le déploiement des bilans de prévention créés par la LFSS 2023. Outre une meilleure articulation entre la complémentaire santé solidaire et certains minimas sociaux, deux autres dispositions phares sont prévues pour limiter le renoncement aux soins et réduire les pertes de chance : les pharmaciens d’officine pourront prescrire des antibiotiques contre les angines et les cystites simples après réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique, et les chirurgiens-dentistes assureront la régulation de la permanence des soins dentaires dans les centres de réception et de régulation des appels des SAMU-Centre 15. Pour quel résultat ?

et anticiper
En augmentation constante ces dernières années, les pénuries médicamenteuses menacent ouvertement la continuité de certains traitements. Plusieurs solutions radicales sont envisagées par le gouvernement pour atténuer leurs effets. En cas de tension constatée sur un produit, le ministre chargé de la Santé pourra rendre temporairement obligatoire les ordonnances dites de dispensation conditionnelle et la délivrance de médicaments à l’unité, mais aussi interdire ou limiter la téléprescription. Les obligations des fabricants seront également renforcées pour soutenir le maintien des produits matures sur le marché français. Les détenteurs ou les exploitants d’une AMM devront désormais trouver un repreneur en cas d’arrêt ou de suspension de commercialisation d’un médicament d’intérêt thérapeutique majeur, sous peine de pénalité financière, lorsque les alternatives disponibles ne permettent pas de couvrir les besoins existants. Multifactorielle par essence, la problématique des ruptures de stock ne se réduit pas à ces seuls aspects. Ces injonctions seront-elles suffisantes pour inverser la tendance ?

(*) La dette publique de la France a franchi le seuil symbolique des 3 000 milliards d’euros au premier trimestre 2023.

(**) Les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire pourront également prétendre au remboursement des culottes et des coupes menstruelles sans limite d’âge.


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Le gouvernement propose quarante-deux mesures concrètes pour mieux appréhender les violences commises envers les soignants et mieux protéger ceux qui les subissent.

Présenté fin septembre, ce plan d’action repose sur trois grands axes : sensibiliser le public et former les soignants ; prévenir les violences et sécuriser l’exercice des professionnels ; déclarer les violences et accompagner les victimes. Parmi d’autres dispositions, citons notamment le lancement d’une campagne de sensibilisation nationale, le développement de dispositifs d’alerte pour les professionnels de santé libéraux les plus exposés ou encore le renforcement des sanctions pénales. « Nos concitoyens doivent comprendre que la tolérance zéro va être de mise », soulignait Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.

Dans un communiqué publié en marge de ces annonces, l’Ordre national des infirmiers validait le contenu de ce plan, et saluait plus particulièrement la création d’un délit d’outrage sur les professionnels de santé. Ces différentes mesures seront-elles suffisantes pour lutter contre ce phénomène croissant, dont les proportions réelles sont très largement sous-estimées ? A tout le moins, les résultats de la dernière consultation ordinale témoignent du chemin qui reste à parcourir : 66 % des infirmiers interrogés déclaraient avoir été victimes de violences et 73 % disaient en avoir été témoins.


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