A l’initiative du Collectif des infirmiers en colère, créé il y a un an pour dénoncer les difficultés rencontrées par la profession, les infirmières libérales battent le pavé depuis une dizaine de jours.

Epuisées, méprisées et ignorées, elles attendent une meilleure reconnaissance de la pénibilité de leur travail, dont les répercussions physiques et psychiques sont sous-estimées. Elles réclament également une revalorisation significative des tarifs de leurs actes, comme les injections, les pansements ou les prises de sang, qui n’ont pas augmenté depuis quinze ans. Dans un contexte inflationniste, elles dénoncent une situation financière devenue intenable.

Selon le Collectif, cette conjoncture défavorable pourrait les pousser à quitter le métier, au risque de voir apparaître des déserts paramédicaux. Faute de réponses claires de la part des pouvoirs publics, le mouvement pourrait encore s’intensifier.


Photo : Philippe Chagnon/Cocktail Santé

Durant la cérémonie des vœux de l’Ordre national des infirmiers, son président a dévoilé les deux grandes priorités de cette année.

Ouverture de l’accès direct et de la primo-prescription aux infirmiers en pratique avancée, prescription et administration de nombreux vaccins, création du statut d’infirmier référent, expérimentation sur la rédaction des certificats de décès, lancement des travaux sur la refonte du métier… Les nombreuses avancées professionnelles obtenues l’an dernier doivent désormais « se traduire dans les faits ».

Autre sujet fort : les actions menées pour lutter contre les violences faites aux soignants devront être impérativement poursuivies et amplifiées. Malgré des progrès notables, le plan gouvernemental ne suffira pas. Le signalement effectif des violences subies sera un enjeu majeur. « Je veux profiter de ce moment pour redire toute l’importance de déclarer les violences dont les infirmiers sont victimes auprès des conseils départementaux qui sont là pour soutenir chaque professionnel », rappelait Patrick Chamboredon. Chaque jour, en moyenne, soixante-cinq soignants sont pris à partie par leurs patients.


Photo : ONI

Dans deux publications récentes, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques détaille les causes et les conséquences des tensions observées sur le marché du travail.

Dans le domaine du soin, elles ont significativement augmenté depuis le début de la pandémie, notamment chez les infirmiers, qui occupent la huitième place du classement des métiers les plus tendus en 2022*. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer ce phénomène : le manque de main d’œuvre disponible, la difficulté des conditions de travail et le décalage entre la formation et les attentes du terrain.

« Un déficit de lien entre les compétences requises par les employeurs et celles dont disposent les personnes en recherche d’emploi peut être l’une des causes des tensions », souligne la Dares. Autre facteur préjudiciable : la faible intensité des embauches. En progression constante depuis plusieurs années, la problématique des recrutements touche aussi bien le secteur public que le secteur privé, cliniques et Ehpad confondus, où une hausse notable des fins de CDI a été constatée entre 2019 et 2023.

(*) Les infirmiers occupaient le quarante-sixième rang du classement des métiers les plus tendus en 2019.


Illustration : Freepik

Dans une étude dévoilée fin janvier, la Drees pointe des inégalités de recours aux soins orthophoniques chez les enfants et les adolescents, selon le sexe, l’âge et le lieu de vie.

Selon les données présentées, 1 250 000 mineurs ont consulté au moins une fois un orthophoniste en 2019*.
Signe particulier : les garçons consultent plus souvent que les filles et surtout plus jeunes. Plus de 21 millions de consultations ont été réalisées durant cette année, et près de la moitié des patients étaient âgés entre six et dix ans. Les troubles du langage oral étaient le principal motif de consultation des enfants de trois à dix ans, tandis que les adolescents consultaient davantage pour des pathologies du graphisme et du langage écrit.

Autre particularité notable : tous les territoires ne sont pas égaux en matière d’accès aux orthophonistes, dont la densité nationale moyenne était de 135 professionnels pour 100 000 enfants, avec des écarts importants en fonction des départements. En France métropolitaine, le taux le plus élevé était observé dans l’Hérault (255 orthophonistes pour 100 000 enfants) et le plus bas dans le Cantal (40 orthophonistes pour 100 000 enfants).

NB : la France comptait 22 951 orthophonistes de moins de 62 ans en activité au 1er janvier 2019, dont 97 % de femmes.


Photo : Philippe Chagnon/Cocktail Santé

Dans le cadre de la réforme de la médecine d’urgence, l’ARS Normandie va soutenir financièrement le déploiement de structures mobiles d’urgence et de réanimation paramédicalisées, qui seront assurées par un infirmier et un ambulancier, sur demande du SAMU et en lien avec le médecin régulateur.

Chaque SMUR percevra un forfait de 45 000 euros pour couvrir les frais de formation et l’acquisition des équipements dédiés. En marge de cette initiative, l’ARS Normandie a également lancé un appel à projets, ouvert aux quarante établissements autorisés à pratiquer la médecine d’urgence.

Doté de 1,7 million d’euros, il doit permettre de stimuler leurs actions dans quatre grands domaines : actions d’optimisation du temps médical, organisations visant à renforcer la pertinence du recours aux urgences en partenariat avec la médecine générale de ville, dispositifs d’équipes d’intervention SMUR, démarche de structuration d’un modèle territorial de réponse à l’urgence. Les résultats seront connus fin février.


Photo : CHU Rouen

La loi visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels a été promulguée fin décembre. Formation, statut, exercice… Le texte comporte plusieurs avancées structurantes pour les professions paramédicales.

L’ONI se félicite notamment de la création d’une fonction d’infirmier référent pour les patients en ALD. Les lois se succèdent et la tendance se confirme : les pouvoirs publics compte de plus en plus sur les professions paramédicales pour améliorer l’accès aux soins et réduire les inégalités sanitaires dans les territoires, en confiant notamment de nouvelles missions aux infirmières de manière régulière. Promulguée fin décembre, la loi Valletoux s’inscrit pleinement dans cette logique. « Ce texte prévoit des solutions urgentes et nécessaires pour faire face à la crise du système de santé, qui constitue la première préoccupation des Français. Il fait du territoire de santé l’échelon de référence de l’organisation locale de la politique de santé », souligne son auteur. Formation, statut, exercice… Il comporte plusieurs mesures emblématiques, dont une interdiction de l’intérim pour les professionnels médicaux, paramédicaux ou socio-éducatifs récemment diplômés, que ce soit dans les établissements de santé et médico-sociaux, les laboratoires de biologie médicale ou les établissements accompagnant des enfants en situation de handicap. Il prévoit par ailleurs une extension des prérogatives des conseils territoriaux de santé, qui deviennent l’organe de gouvernance des politiques de santé locale, mais aussi une facilitation de l’exercice des praticiens diplômés hors de l’Union européenne ou encore le lancement d’une expérimentation visant à encourager l’orientation des lycéens issus de déserts médicaux vers les études de santé*.

Les infirmiers prennent du galon

Grande nouveauté : la loi Valletoux crée un statut d’infirmier référent pour les patients en affection de longue durée. Dans le cadre de cette fonction, la profession sera désormais responsable de la coordination des parcours de soins et du suivi des personnes concernées. Actuellement menée dans six régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Ile-de-France, La Réunion et Occitanie), l’expérimentation concernant la rédaction des certificats de décès par les infirmiers sera étendue sur l’ensemble du territoire. Autre évolution actée par le législateur : le recul de la limite d’âge du cumul-emploi retraite pour les professionnels de santé travaillant dans un hôpital public ou dans un centre de santé. Il sera de soixante-douze ans pour les infirmiers et de soixante-quinze ans pour les médecins. Dans un communiqué publié fin décembre, l’Ordre national des infirmiers évoque un texte de loi pragmatique au service de la santé des Français. « Nous saluons l’écoute et la conviction des rapporteurs qui ont repris à leur compte certaines propositions que l’ONI formulait depuis de nombreuses années, et en premier lieu la création du statut d’infirmier référent pour les patients en ALD. Nous souhaitons maintenant que les travaux entamés pour la rénovation du décret infirmier entérine pleinement le rôle central de notre profession dans l’accès aux soins », affirme Patrick Chamboredon, son président.

(*) Un rapport portant sur le déroulement de l’internat en médecine et des études de santé médicales et paramédicales a été demandé au gouvernement par le Parlement


Photo : Eric Durand / Cocktail Santé

Dans le cadre de son plan de lutte contre les violences faites aux soignants, le gouvernement a déployé une campagne nationale de communication intitulée : « Il faut être malade pour s’en prendre à un professionnel de santé ».

Diffusée sur les réseaux sociaux et placardée dans les lieux de soins, comme les cabinets médicaux, les pharmacies ou les hôpitaux, elle devait permettre de combattre toute forme de violence, de rappeler les peines encourues et d’inciter les professionnels qui en sont victimes à porter plainte. Quatre affiches, à destination du grand public, illustraient quatre situations devenues courantes : une infirmière agressée aux urgences de l’hôpital, un médecin violenté au sein de son cabinet médical, une secrétaire médicale insultée par un patient impatient et une pharmacienne décontenancée face à la dégradation de son lieu de travail. Trois affiches thématiques étaient également destinées aux lieux de repos des professionnels de santé.

Malgré la « tolérance zéro » prônée par les pouvoirs publics et le durcissement des sanctions pénales, ces messages seront-ils suffisants pour éradiquer ce fléau et changer durablement les mentalités ? Chaque jour, en moyenne, soixante-cinq soignants sont pris à partie par leurs patients.

NB : cette campagne de sensibilisation a été diffusée entre le 19 décembre 2023 et le 18 janvier 2024.

Dans une décision rendue fin décembre, le Conseil d’Etat demande au gouvernement de revoir les conditions et les modalités d’admission en deuxième année des études de santé.

Une victoire importante pour le Collectif national PASS/LAS qui avait saisi la plus haute juridiction administrative du pays il y a dix-huit mois, afin de dénoncer les incohérences et les inégalités de la réforme. Et pour cause : certains étudiants très bien classés lors des épreuves écrites se retrouvent écartés lors des oraux qui peuvent représenter entre 15 et 70 % de leur note globale, en fonction des établissements.

Selon le Conseil d’Etat, les universités ne devront plus décider unilatéralement de la pondération respective des deux groupes d’épreuve. Il donne six mois au gouvernement pour revoir sa copie et donner un cadre précis à la sélection. Le décret détaillant cette nouvelle organisation devra être promulgué avant le mois de juillet.

NB : la réforme du premier cycle des études de santé a été mise en place il y a trois ans.


Photo : Philippe Chagnon/ Cocktail Santé

Dans un communiqué publié fin décembre, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche annonçait le lancement d’une ligne téléphonique et d’un courriel pour accompagner les étudiants en situation de mal-être.

Plate-forme d’écoute et d’orientation, la Cnaé* offre également une aide circonstanciée avec des professionnels qualifiés pour signaler des situations pouvant relever d’une qualification pénale, que ce soit en matière de discrimination, de harcèlement ou encore de violences sexistes et sexuelles.

Gratuit et confidentiel, ce service est opéré par l’association « En Avant Toutes », sous l’égide du ministère. Chaque étudiant qui en exprime le besoin pourra être mis en relation avec un psychologue ou un travailleur social pour obtenir de l’aide ou accéder à des renseignements.

Ce point de contact de référence** sera accessible du lundi au vendredi entre 10h et 21h, et le samedi entre 10h et 14h.

(*) Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants – Cnaé.
(**) Contacts : 0 800 737 800 ou cnaes@enseignementsup.gouv.fr