Recrudescence des cas oblige, le reconfinement doit permettre de limiter les effets dévastateurs d’une seconde vague épidémique que les spécialistes annoncent plus virulente que la première. Si la recherche vaccinale progresse, les perspectives sanitaires et économiques restent plus que jamais incertaines. Explications.

Un mois ferme, au mieux. Le retour en force du virus a fait rougir tous les indicateurs de gravité, au point de se solder par un reconfinement généralisé qui a débuté le 30 octobre dernier. Impuissant et fataliste, Emmanuel Macron ne pouvait que constater les dégâts. « Les mesures prises ne suffisent plus. Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront très vite saturés. Quoi que nous fassions, près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi-novembre. Nos capacités maximales seront alors quasiment atteintes. Faute de personnels qualifiés, nous pourrons difficilement aller au-delà. » Refusant la perspective sordide de « trier les malades », il a également exclu la piste de l’immunité collective : « Si on le laissait circuler librement, le virus pourrait causer 400 000 morts de plus en quelques mois seulement. Jamais la France n’adoptera cette stratégie ! »
Cette fois, le confinement sera moins strict. Plus souple et probablement moins long, sera-t-il aussi efficace ? Le président de la République a été catégorique : « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer. ». Les écoles resteront ouvertes, les activités essentielles seront maintenues, les structures d’hébergement pour personnes âgées pourront être visitées. Des protocoles sanitaires adaptés ont été déployés.

Les premiers impacts…

Dix jours plus tard, les premiers impacts sont déjà perceptibles. Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran évoquait « un ralentissement dans la progression de l’épidémie », se gardant toutefois de tirer des conclusions hâtives. Ce « frémissement » mérite confirmation. Les conséquences économiques sont nettement plus évidentes. Selon la Banque de France, le produit intérieur brut devrait être amputé de douze points en novembre. A titre de comparaison, il avait chuté de 31 % au mois d’avril. Moins importante, la baisse n’est pas anodine pour autant. Selon Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, un mois de confinement coûterait entre 50 et 75 milliards d’euros à l’économie française.
Les nouvelles ne sont guère meilleures sur le plan budgétaire. Une fois encore, le déficit prévisionnel de la Sécurité sociale a été revu à la hausse. Il devrait finalement atteindre 49 milliards d’euros en fin d’année. La perte des recettes attendues au dernier trimestre et les surcoûts sanitaires liés à la flambée épidémique représentent une dépense supplémentaire non négligeable, estimée à 2,4 milliards. A eux seuls, les tests de dépistage font gonfler la facture de 400 millions d’euros. Une somme qui couvrira l’augmentation naturelle des besoins en novembre et en décembre.
Une nouvelle stratégie de déconfinement ?
Si la date officielle n’a pas encore été dévoilée, le gouvernement prépare déjà le déconfinement. Mise entre parenthèses, la stratégie « tester, alerter, protéger » reprendra ses droits, à quelques évolutions près. La généralisation des tests antigéniques devra notamment permettre de désengorger les laboratoires de biologie médicale, dont la fréquentation habituelle a pratiquement quadruplé ces dernières semaines. L’intervention des médecins, des pharmaciens et des infirmiers devrait également contribuer à freiner la circulation du virus, en améliorant sa détection précoce. La rapidité des résultats et l’élargissement des sites de prélèvement ne fera pas tout. Ruptures d’approvisionnement potentielles, pénuries latentes sur certains équipements de protection indispensables, cible populationnelle restreinte, sensibilité perfectible, mobilisation professionnelle insuffisante : les zones de fragilité sont clairement identifiées. Autre évidence, il n’y aura pas de dépistage efficace sans un traçage minutieux des cas contacts. L’exécutif compte particulièrement sur la diffusion massive et l’utilisation effective de l’application TousAntiCovid, une version améliorée de StopCovid. Signal encourageant : elle a été téléchargée plus de sept millions de fois en une semaine, contre un peu moins de trois millions de téléchargements en l’espace de cinq mois.
Seul rempart durable contre le nouveau coronavirus, l’arrivée d’un vaccin fiable se fait toujours attendre. Une dizaine de candidats sont actuellement en phase III. L’un d’entre eux pourrait être le bon*, mais la partie est loin d’être gagnée. Le chemin de la guérison sera encore long. Toujours aussi incertain, le « monde d’après » n’est pas pour demain.

(*) Selon les premières données préliminaires communiquées par Pfizer et BioNTech, leur candidat-vaccin présente un niveau d’efficacité très élevé contre le risque d’infection au nouveau coronavirus, estimé à 90 %. Si ces résultats se confirment, une demande d’enregistrement pourrait être déposée d’ici à la fin du mois auprès de la FDA