Dans un courrier adressé au ministre des Solidarités et la Santé, le CNOMK* demande « la publication en urgence d’un texte permettant aux kinésithérapeutes de pratiquer le télésoin ».

Pour la profession, l’enjeu est double. Selon sa présidente, cette autorisation contribuerait à limiter les séquelles subies par certains patients, en assurant des soins essentiels «au moins pendant la période de circulation active du virus». Elle prend notamment pour exemple les suites de traumatologie et de chirurgie orthopédique, et plus particulièrement les personnes victimes d’atteintes neurologiques graves et évolutives ou les personnes âgées confinées.

Pour Pascale Mathieu, cette pratique atténuerait également «les difficultés économiques majeures» liées à la fermeture des cabinets, raison pour laquelle elle a d’ailleurs choisi d’adresser un courrier équivalent au ministre de l’Economie et des Finances. «En suivant les recommandations de leur ordre professionnel, les masseurs-kinésithérapeutes ne peuvent pas bénéficier d’une indemnisation compensatoire, s’agissant d’une décision civique et non administrative», regrette-t-elle.

(*) Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes – CNOMK.

Le 4 février dernier, le Haut Conseil des professions paramédicales a favorablement jugé le projet de décret* qui encadre les expérimentations visant à favoriser la transversalité des formations médicales et paramédicales, via des enseignements communs.

Même si elle n’a qu’une dimension consultative, la voix du HCPP a une portée hautement symbolique. A tout le moins, elle valide la stratégie déployée par les pouvoirs publics, avec un objectif clairement affiché : renforcer la coopération interprofessionnelle, dès les premiers stades de l’apprentissage.

Techniquement, ce projet de décret détaille les modalités opérationnelles de la réforme qui concerne les universités comportant une unité de formation et de recherche en médecine, en pharmacie, en odontologie et en maïeutique. Concrètement, les établissements volontaires pourront mutualiser des enseignements avec des instituts de formation paramédicaux (infirmiers, sages-femmes…).

Rappelons également que ces expérimentations auront une durée maximale de six ans. Si le texte est adopté en l’état, les grandes manœuvres débuteront à la rentrée 2020.

 

Le nouveau ministre de la Santé n’a pas tardé à prendre position. Quelques jours après sa prise de fonction officielle, Olivier Véran s’est fendu de quelques annonces fortes au sujet des professions paramédicales qui évoluent dans la sphère hospitalière.

Selon lui, les services de soins ont besoin d’équipes stables, de lits et de personnels en nombre suffisant pour fonctionner. Il s’est notamment engagé à ce que « toute absence prévisible de professionnel paramédical hospitalier de plus de 48 heures soit remplacée » pour que « le principe de polyvalence subie par les soignants ne soit plus la règle ». Il effectuera d’ailleurs des propositions concrètes en ce sens, dès le mois d’avril.

Sans préciser l’échéance, il entend également traiter la question de la rémunération des carrières paramédicales.

Olivier Véran a par ailleurs confirmé le lancement d’une étude sur le niveau de rémunération des soignants et des médecins en France. « Il s’agit de mettre à plat les constats pour objectiver les différentiels, notamment à l’échelle internationale et entre secteurs public et privé », soulignait-il, dans l’un de ses premiers communiqués.

Quelques jours avant de tirer sa révérence, l’ancienne ministre des Solidarités et de la Santé était en visite officielle à l’IFAS* de Nanterre. La nouvelle candidate à la mairie de Paris profitait de l’occasion pour annoncer une série de mesures co-construites avec des aides-soignants, des représentants de la formation, des organisations syndicales et des employeurs.

Compétences, formation, qualité de vie au travail : Agnès Buzyn entend renforcer l’attractivité en berne d’un métier hautement stratégique. Parmi les principales dispositions présentées le 13 février dernier, citons notamment la suppression définitive du concours d’aide-soignant, qui sera remplacé par un système d’examen de dossier et d’entretien oral valorisant davantage les qualités attendues, à commencer par les qualités relationnelles. « Cette mesure s’appliquera dès le mois de septembre, avec un mécanisme transitoire pour ne pas pénaliser celles et ceux qui préparent actuellement le concours », précisait-elle. Autres annonces fortes : l’allongement et le recalibrage de la formation initiale pour mieux coller à la réalité de l’exercice ; la création d’une nouvelle formation collective certifiante, axée sur les besoins des personnes âgées ; la création d’un fonds national de prévention doté de 40 millions d’euros pour améliorer la gestion de la sinistralité.

(*) Institut de formation des aides-soignants – IFAS.

Le 21 février dernier, le conseil départemental et la CPAM de l’Oise ont signé une convention inédite pour améliorer l’attractivité du territoire, fragilisé par la désertification médicale.

Cet accord prévoit notamment de renforcer les incitations financières pour favoriser les nouvelles installations, y compris pour les professions paramédicales. Les jeunes diplômés bénéficieront d’une enveloppe globale doté de 1,5 million d’euros. Pour les sages-femmes, les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes, le montant de l’aide accordée par la collectivité pourra atteindre 20 000 euros. Les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes pourront également profiter d’un prêt à taux zéro pouvant aller jusqu’à 50 000 euros.

A noter toutefois : ces aides individuelles seront attribuées aux professionnels qui accepteront de s’engager sur une durée de cinq ans avec un volume de travail minimum, soit vingt-huit heures par semaine. Autre condition posée, le « lieu d’exercice » devra impérativement être implanté dans une zone sous-dotée du département. Le zonage défini par l’ARS fera loi. Rappelons que ces incitations financières ne seront pas exclusivement réservées aux primo-installants.  Les professionnels de santé n’ayant jamais exercé dans l’Oise sont également concernés.

L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et la CPAM du Puy-de-Dôme viennent d’officialiser la signature du contrat de financement de la CPTS Haute-Combraille et Volcans qui abritera 120 professionnels de santé, dont 72 paramédicaux (43 infirmiers, 4 sages-femmes, 18 masseurs-kinésithérapeutes, 4 podologues, 2 orthophonistes, 1 orthoptiste).

Ils interagiront étroitement avec les structures médico-sociales et les établissements sanitaires du secteur. Implantée à Pontaumur, cette structure devra notamment faciliter l’accès à un médecin traitant, améliorer la prise en charge des soins non programmés, organiser le parcours pluriprofessionnel, développer des actions territoriales de prévention, développer la qualité et la pertinence des soins ou encore accompagner les professionnels de santé. Elle couvrira un bassin de 18 750 habitants, répartis sur 38 communes.

Si les objectifs sont remplis, le financement de l’assurance maladie pourrait atteindre un montant total de 220 000 euros. Au-delà des missions assignées, cette somme servira également à recruter du personnel (coordinateur de parcours, secrétaire…) et à déployer des outils informatiques communs (agenda partagé, messagerie sécurisée, réseau social des professionnels de santé…).
De son côté, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes aura versé 15 000 euros pour la rédaction du projet de santé.


Crédit photo : ARS Auvergne-Rhône-Alpes

Lors d’une table ronde organisée par le magazine Pharmaceutiques le 27 janvier dernier, trois spécialistes ont débattu sur l’épineuse question des perturbateurs endocriniens, et de leurs possibles répercussions sur la santé humaine. Bilan et perspectives.

Pesticide, bisphénol, paraben : la prolifération des substances chimiques dans l’environnement n’est pas sans conséquences sur les organismes vivants, même si les impacts réels sont encore méconnus. En réalité, le lien direct entre les perturbateurs endocriniens et la santé humaine est très difficile à établir. « Il faut notamment pouvoir démontrer qu’ils sont à l’origine d’un quelconque dérèglement hormonal qui a lui même causé l’apparition d’une pathologie spécifique, comme un cancer ou un diabète », explique Robert Barouki, professeur de biochimie et directeur de l’unité Inserm 1124 à l’Université de Paris.
Autre difficulté évoquée : il peut y avoir un temps de latence parfois très long entre la période d’exposition et la survenue des premiers symptômes. « Deux molécules apparemment inoffensives peuvent avoir un effet synergique dévastateur bien des années plus tard, de façon assez imprévisible », rappelle Jean-Baptiste Fini, chargé de recherches au CNRS.

Un risque sanitaire avéré ?

Selon certains experts, la relation de cause à effet est plausible, mais elle n’est pas prouvée. « Il apparaît que le nombre hypothyroïdiens congénitaux a augmenté en France. Sur une période de vingt à trente ans, les facteurs environnementaux sont clairement pointés du doigt. Plusieurs études épidémiologiques montrent que la présence de certaines molécules ou la proportion d’hormones chez la femme enceinte vont influencer le quotient intellectuel de l’enfant, avec dans la plupart des cas une perte moyenne de l’ordre de quatre points », assure Jean-Baptiste Fini.
La tendance ne serait pourtant pas irréversible. « La ville de Tokyo a réduit le taux de particules dans l’air de 44 %. Les résultats observés sont spectaculaires. En six ans, la mortalité cardio-vasculaire a baissé de 11 %. La mortalité par cancer pulmonaire a également diminué de 20 % », détaille Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France (ASEF).

Il faudra mieux sensibiliser les professionnels de santé. Pierre Souvet

Améliorer la connaissance

A n’en pas douter, l’identification de toutes les substances à risque sera longue et fastidieuse, mais le défi de la connaissance sera essentiel. « Les progrès de la science sont encourageants, en particulier sur le plan toxicologique. Au niveau épidémiologique, les cohortes seront particulièrement utiles pour établir une relation entre une exposition et un impact sanitaire, notamment via la biosurveillance », affirme Robert Barouki. Selon lui, les indispensables travaux de recherche à mener nécessiteront cependant des investissements financiers conséquents.
Une autre manière de penser la régulation semble également s’imposer. « Le principe de la mise sur le marché doit être revisitée, dans le but de présenter la substance chimique la plus saine possible, dès la phase d’enregistrement. Pourquoi ne pas calquer le modèle d’évaluation de ces molécules sur celui des médicaments ? », s’interroge Jean-Baptiste Fini.

Des propositions concrètes

Pour inverser la tendance, plusieurs pistes concrètes sont actuellement à l’étude. Le Parlement européen entend notamment développer des tests pertinents pour évaluer plus précisément l’impact sanitaire des perturbateurs endocriniens. La France a également pris le problème très au sérieux. Dans le cadre de la SNPE*, le gouvernement a chargé l’ANSES** de lui fournir une liste exhaustive des perturbateurs « présumés ». « Nous allons travailler sur le modèle des substances cancérogènes », précise Jean-Baptiste Fini. A plus large échelle, l’enjeu consistera à commercialiser les matières les moins toxiques possibles, à renforcer les contrôles, mais aussi à mieux encadrer la substitution des produits jugés suspects. A plus longue échéance, l’intelligence artificielle permettra sans doute d’améliorer la réactivité des décisions et la recherche prédictive.
Dans l’immédiat, plusieurs actions spécifiques devront être initiées. « Il faudra mieux sensibiliser les professionnels de santé. La thématique santé et environnement peut notamment faire partie des missions de prévention des futures CPTS*** », estime Pierre Souvet. De la même manière, les entreprises et l’Education nationale seront également des vecteurs fondamentaux de l’information. « La population aura besoin de données fiables, malgré les zones d’incertitudes, pour conduire le changement », confirme Robert Barouki.

(*) Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens – SNPE.
(**) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – ANSES.
(***) Communautés professionnelles territoriales de santé – CPTS.

La contestation sociale semble épargner certains corps de métier. Malgré les difficultés éprouvées par les usagers du système de soins, le niveau de confiance à l’égard des professionnels de santé se maintient à un niveau très élevé.

Selon un sondage publié le 4 février dernier, les professions paramédicales et les personnels soignants bénéficient toujours d’une « bonne image » auprès de 90 % des Français. Une cote de popularité très élevée, en dépit des grèves qui tendent à se multiplier. Parmi les principaux résultats de cette enquête d’opinion, une part significative des répondants considère même que les infirmiers (31 %) et les aides-soignants (25 %) ne sont pas reconnus à leur juste valeur, alors qu’ils jouent un rôle fondamental auprès des malades. Un bémol toutefois : les Français ont globalement l’impression que les professionnels de santé ont de moins en moins de temps à leur consacrer. Une tendance lourde qui contribuerait à dégrader la relation de confiance qu’ils entretiennent avec eux.

NB : ces chiffres sont issus d’un sondage réalisé par Opinion Way pour l’Académie nationale de médecine, à l’occasion de son bicentenaire