Dans un rapport d’étape qui complète un premier avis rendu en juin dernier*, le Haut Conseil de la santé publique dresse un bilan critique du service sanitaire des étudiants en santé.

Parmi ses principaux griefs, l’instance pointe un manque de cohérence et de clarté entre les objectifs pédagogiques et les objectifs de santé publique poursuivis, faute de priorités clairement affichées. Elle regrette notamment le manque d’articulation entre ce dispositif et les politiques de prévention au niveau local. Au-delà du constat, le HCSP formule trente recommandations à l’intention des coordinations nationales et régionales, des responsables administratifs des organismes et collectivités contribuant au financement du service sanitaire ou encore des équipes de direction et des référents pédagogiques des établissements de formation et des structures d’accueil.

Instauré à la rentrée 2018, le service sanitaire permet aux étudiants en santé de réaliser des actions de prévention au sein d’établissements scolaires, de soins ou d’entreprises au cours d’une mission de plusieurs semaines.

(*) https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=998

Profonde et durable, la crise sanitaire impacte lourdement les instituts de formation paramédicale… et leurs étudiants. Au-delà du constat, les différents participants des vingt-troisièmes journées de l’ANdEP ont proposé des solutions concrètes pour sortir de l’ornière. Morceaux choisis.

La pandémie a bouleversé les codes de l’apprentissage. « Nous sommes dans une zone de transition. Nous avons quitté un existant que nous connaissions bien pour aller vers un inconnu que nous ne maîtrisons pas ». Dirigeant d’entreprise, consultant, chercheur et formateur associé au sein de la Chaire ESSEC du changement, Christophe Derumez résume les enjeux en présence. Depuis plus d’un an, les instituts de formation paramédicale sont contraints de composer avec l’incertitude. Condamnés à innover, ils ont dû adapter leurs méthodes pédagogiques, non sans difficultés. Régulièrement mobilisés, nombre d’étudiants ont vu leur formation impactée. Ils s’inquiètent aujourd’hui pour leur avenir.
Organisées à distance, les vingt-troisièmes journées de l’ANdEP auront permis de dresser un bilan circonstancié de cette période troublée, mais aussi de dégager des pistes concrètes pour préparer le « monde d’après ». Une chose est sûre : le numérique n’est pas un remède miracle. Le facteur humain restera prépondérant. Peut-être plus encore qu’auparavant…

Un constat implacable

Mis à rude épreuve ces derniers mois, le fonctionnement des instituts de formation devra gagner en « simplexité », comme le soulignait Christophe Derumez, lors de son intervention. Tous les membres de l’écosystème devront également apprendre à travailler ensemble pour le bien commun. La mutualisation sera une notion essentielle. « Nous devrons partager les informations, les contenus, les compétences, les expériences et les outils. Il nous faudra agir de manière simple, efficace et transparente », recommande Florence Girard, présidente de l’ANdEP, qui intègre pleinement les étudiants dans cette « vision collégiale » de l’enseignement.
Questionné par la crise, le management devra naturellement évoluer en conséquence. « Il nous appartiendra de trouver un équilibre paradoxal entre la peur de l’échec et l’envie de mieux faire. Nous devrons interroger nos pratiques et prioriser nos tâches pour créer un climat de confiance dans nos établissements. Il nous revient de montrer la voie et de donner l’exemple. » L’agilité et la réactivité seront des valeurs de référence.

Une quête initiatique

Empreinte de résilience, cette introspection sera salvatrice pour les formateurs, dont le moral s’est considérablement dégradé ces derniers mois. « Cette problématique devra être traitée de façon systémique. Des moyens importants devront être déployés dans la durée », prévient Florence Girard. Plus largement, la profession devra resserrer les rangs. Les principaux intéressés devront se mettre au diapason : « Nous ne connaissons pas – ou très mal – les missions et les activités des formateurs… »
Directeurs d’institut, équipes pédagogiques, professionnels de santé, étudiants… Une concertation poly-catégorielle devra être rapidement engagée pour créer les conditions d’un « meilleur agir ». Une reconnaissance et une revalorisation du tutorat paraît tout aussi indispensable, ne serait-ce que pour multiplier les terrains de stage, actuellement « très insuffisants ». Selon Florence Girard, cet « élément facilitateur de l’apprentissage » doit être intégré dans la politique globale des établissements de santé.

Des attentes claires

Les pistes d’amélioration ne manquent pas. Actualité brûlante, symbole d’un mal-être grandissant, la qualité de vie des étudiants mérite des réponses appropriées. « La santé étudiante doit être appréhendée de manière holistique, en analysant tous ses déterminants. Nos difficultés ne se réduisent pas à la pandémie. Elles ont commencé bien avant ! », rappelle Mamadou Ndoye, vice-président de la FAGE*, en charge des affaires liées à la santé. Parmi d’autres revendications, il suggère notamment de donner une véritable structure juridique au CNA**. Il réclame également « une sanctuarisation de la formation », validée par des textes officiels, surtout en période de crise.
De ce point de vue, le maintien du dialogue sera un paramètre déterminant : « Nous devrons échanger plus régulièrement avec les tutelles dans une logique de co-construction ». Un sujet nécessitera une attention particulière, celui de l’interprofessionnalité. « Le décloisonnement des filières sera incontournable pour envisager convenablement la chose », estime-t-il.

Cap sur la pluridisciplinarité !

Les professionnels du secteur de la formation n’y sont pas opposés, bien au contraire. « Il faut impérativement croiser les regards, les expertises et les expériences », assure Nicolas Brisseaux, masseur-kinésithérapeute et formateur à l’IFMK de l’Ecole d’Assas. Selon lui, la pluridisciplinarité, la mutualisation et la confiance seront les trois leviers de la transformation. « Nous avons beaucoup de choses à apprendre les uns des autres. Nous devrons être capables de nous écouter, de nous parler et de nous soutenir », confirme Mathilde Valy, cadre de santé et formatrice au sein de l’IFSI-IFAS de Montélimar, un centre de formation public rattaché au groupement hospitalier Portes de Provence.
Certains ajustements réglementaires seront toutefois indispensables pour concrétiser ces bonnes intentions. « Les compétences collaboratives devront être inscrites dans nos référentiels », affirme Catherine Muller, directrice de l’Ecole régionale des infirmiers anesthésistes du CHRU de Nancy. En guise de conclusion, elle prodigue quelques conseils pour traverser les temps à venir avec sérénité : capitaliser sur les connaissances acquises pendant la crise, repenser les aspects pédagogiques en profondeur, promouvoir les activités confraternelles et viser l’être bien… plutôt que le bien-être.

(*) Fédération des associations générales étudiantes – FAGE.
(**) Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé – CNA.


Photo : Karine Boiteau, spécialiste et  formation en sciences de gestion et ressources humaines en santé et Florence Girard, présidente de l’ANdEP
Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans un avis publié le 6 avril (à voir ici), le Haut conseil de la santé publique met à jour ses consignes d’éviction relatives aux professionnels exerçant dans un établissement de soins ou médico-social.

Le HCSP se prononce notamment en faveur du « maintien en exercice » des soignants atteints par une forme asymptomatique du SARS-CoV-2 dans deux cas de figure précis : un schéma vaccinal complet ou un antécédent d’infection symptomatique survenu plus de quinze jours et moins de six mois avant le nouveau diagnostic.

« Cette recommandation devra uniquement s’appliquer en cas de tension hospitalière et de risque de rupture de la sécurité ou de l’offre de soins », précise-t-elle, non sans insister sur la nécessité de « respecter strictement les mesures barrières » et de « limiter les interactions sociales lors de pauses et des repas ».

A l’inverse, les asymptomatiques incomplètement ou non vaccinés seront mis sur la touche pendant dix jours. Les soignants paucisymptomatiques et symptomatiques seront soumis au même régime, indépendamment de leur statut vaccinal ou de leur antécédent infectieux.

 

Dans un rapport mis en ligne le 26 mars (à voir ici), l’inspection générale des affaires sociales formule vingt-six recommandations pour améliorer l’attractivité du métier de manipulateur en électroradiologie médicale.

Elle suggère notamment d’augmenter les effectifs en formation de 10 %… dès la rentrée 2021. Elle préconise également la mise en place d’un suivi national et régional de la démographie professionnelle. Mandatés en juillet dernier par le ministère des Solidarités et de la Santé, les inspecteurs de l’IGAS proposent quelques mesures fortes. Parmi d’autres, citons la clarification du cadre juridique de l’acquisition d’images en écographie ou encore la reconnaissance du métier de dosimétriste comme voie de spécialisation, indépendamment de la réflexion sur la création d’une pratique avancée en radiothérapie. A noter : chacune de ces vingt-six recommandations est assortie d’un niveau de priorité, d’une désignation tutélaire et d’une échéance stricte.

 

Dans un référé adressé au ministère des Solidarités et de la Santé (voir ici), la Cour des comptes fustige les « grandes difficultés de fonctionnement de l’Ordre national des infirmiers ».

Elle pointe notamment un défaut d’inscription, une gestion erratique des plaintes et une déontologie insuffisamment contrôlée. Des dysfonctionnements notables, en partie attribués à la « grave crise institutionnelle et financière qu’il a traversée ». En voie d’amélioration, la situation se rétablit toutefois « trop lentement », au point de « porter préjudice aux patients ». Chiffres hautement symboliques : 52 % des infirmiers étaient inscrits sur les listes ordinales en décembre 2020, malgré l’obligation légale ; le taux d’adhésion des hospitaliers était seulement de 31 %. Pour rétablir l’équilibre, la Cour des comptes formule cinq recommandations concrètes*. Faisant amende honorable, l’ONI prend acte de cette décision. Il entend poursuivre et renforcer le dialogue avec les pouvoirs publics pour assurer la mise en œuvre de ces différentes mesures qui nécessiteront des modifications importantes dans le Code de la santé publique… et une vigilance accrue.

Les cinq recommandations de l’IGAS :

  • Instaurer la possibilité d’autoriser un exercice partiel de la profession d’infirmier, après le prononcé d’une sanction ordinale par la SAS ;
  • Rappeler fermement aux établissements employeurs qu’ils ont l’obligation de communiquer trimestriellement le tableau de leurs effectifs à l’Ordre, mais aussi d’informer ARS et préfet des sanctions prononcées contre leurs salariés ;
  • Retracer les cumuls d’activité irréguliers et permettre aux employeurs d’accéder à cette information pour leurs salariés ;
  • Rendre applicable aux employeurs privés l’obligation d’informer l’Ordre des sanctions disciplinaires prononcées contre les infirmiers ;
  • Clarifier les notions de plainte et de réclamation.

Le plan France Relance octroie de nouveaux financements pour la formation continue des aides-soignants, avec la perspective de recruter 1 000 salariés supplémentaires à court terme.

En marge de cette décision, le référentiel métier a également été revu pour créer les conditions opérationnelles du développement de l’apprentissage ; il sera présenté en commission professionnelle consultative ce mois-ci, avant d’être diffusé à l’ensemble des acteurs concernés. Pour rappel, France Relance prévoyait déjà la création de 16 000 places* dans les formations sanitaires et sociales d’ici à 2022, dont 6 600 pour les aides-soignants. Dans le prolongement de ces annonces, les sept fédérations d’employeurs de l’OPCO Santé ont pris deux engagements forts : accueillir 25 000 stagiaires et doubler le nombre d’apprentis dans les deux années à venir… si les freins réglementaires à l’apprentissage sont effectivement levés. Elles ont par ailleurs évoqué la possibilité de recruter plus de 150 000 nouveaux professionnels formés en CDI. Selon leurs estimations, 10 % des postes seraient vacants dans le secteur sanitaire, médico-social et social.

(*) 6 000 places d’infirmiers, 6 600 places d’aides-soignants et 3 400 places d’accompagnants éducatifs et sociaux.

A l’occasion d’un débat organisé fin mars par la mission d’information sur les conditions de la vie étudiante en France, plusieurs experts se sont penchés sur la dégradation de la santé mentale des étudiants. Antérieur à la crise, le phénomène s’est considérablement amplifié depuis plus d’un an.

Présentés en guise d’introduction, les résultats d’une enquête menée par le service de santé universitaire de l’Université Picardie-Jules Verne* laissent peu de place aux doutes : 31 % des répondants déclaraient avoir été dans un état de détresse psychologique au cours des quatre précédentes semaines. Autres chiffres révélateurs : 19 % des personnes interrogées disaient avoir eu des pensées suicidaires durant les douze derniers mois ; 66 % d’entre eux avaient même scénarisé le passage à l’acte…

Au-delà du constat, les différents intervenants ont proposé des solutions concrètes pour sortir de l’ornière. Selon eux, la gravité de la situation exige notamment une réponse rapide, graduée et soutenue dans le temps. Outre un renforcement des moyens financiers dévolus aux structures de prise en charge et d’écoute, l’enjeu consistera également à mieux coordonner les dispositifs existants, au lieu de les empiler.

(*) Cette enquête a été menée auprès de 3 100 étudiants en novembre et en décembre derniers.

La campagne de vaccination pourrait connaître un sérieux coup d’accélérateur dans les semaines à venir. Outre l’élargissement progressif des vaccinateurs, un quatrième vaccin sera prochainement homologué par les autorités sanitaires. Le respect du calendrier gouvernemental reste néanmoins soumis à conditions.

585 000 vaccinations en 72 heures, dont 220 000 en une seule journée. Longtemps balbutiante, la campagne vaccinale est-elle définitivement lancée ? Arguant des « bons chiffres » du week-end dernier, le Premier ministre y voit « une nouvelle étape dans la bataille contre le virus ». Malgré l’optimisme affiché par l’exécutif, la route vers l’immunité populationnelle sera encore longue. Selon l’OMS, ce stade critique ne sera d’ailleurs pas atteint cette année.

Les ambitions gouvernementales n’en restent pas moins intactes, si l’on en croit les dernières prévisions officielles. D’après Jean Castex, dix millions de primo injections seront réalisées d’ici mi-avril, vingt millions d’ici mi-mai et trente millions d’ici l’été. Au regard des performances actuelles, le scénario paraît inenvisageable : quatre millions de personnes ont reçu une première dose ; deux millions ont reçu la seconde1.

Une cible élargie

Pour accélérer la cadence, le gouvernement fait évoluer sa stratégie, notamment quant à l’utilisation du vaccin codéveloppé par l’université d’Oxford et le laboratoire AstraZeneca. Conformément aux recommandations de la HAS, la cible a été élargie aux personnes âgées de 65 à 74 ans. Une condition suspensive a toutefois été fixée : elles devront obligatoirement présenter des comorbidités, susceptibles d’entraîner une forme grave de la maladie (diabète, hypertension artérielle, cancer, insuffisance rénale chronique sévère, trisomie 21…). Autre changement significatif : les pouvoirs publics ont choisi de multiplier les vaccinateurs dans le champ ambulatoire.

Après les médecins libéraux, trois nouvelles professions sont désormais autorisées à vacciner. Selon les termes d’un décret publié le 5 mars2, les infirmiers, les pharmaciens et les sages-femmes peuvent administrer tous les vaccins existants, à l’exclusion des patients allergiques à l’un des composants et des personnes ayant manifesté une réaction anaphylactique lors de la première injection. A noter : les pharmaciens et les sages-femmes bénéficieront aussi d’un droit de prescription exceptionnel3. De leur côté, les infirmiers n’auront plus besoin d’être supervisés par un médecin. Ils devront néanmoins pouvoir s’assurer d’une intervention médicale rapide pour les vaccins à ARN messager.

Des freins multiples

En dépit de ces avancées, le respect calendrier gouvernemental n’est pas garanti pour autant. Principal frein observé depuis le lancement de la campagne vaccinale, le nombre de doses disponibles sera un facteur déterminant. Pour atteindre l’objectif suprême, à savoir vacciner tous les adultes volontaires avant la fin de l’été, les commandes effectuées auprès des différents fournisseurs devront être honorées. Une cadence élevée devra également être maintenue dans la durée. Dans cette optique, l’arrivée d’un quatrième vaccin ne sera pas un luxe. Fabriqué par le laboratoire Johnson & Johnson, il aura une particularité assez singulière : une seule injection suffira à déclencher l’immunité. Le produit vient tout juste d’être homologué par l’Agence européenne du médicament, mais des retards de livraison sont déjà annoncés…

Au-delà des ressources, une problématique lancinante devra impérativement être résolue, celle de la défiance vaccinale chez les professionnels de santé. D’après Santé publique France, certaines corporations se montrent particulièrement hésitantes, à l’instar des aides-soignants, dont les intentions de vaccination s’avèrent relativement faibles (30 %). A titre de comparaison, elles sont à peine plus élevées chez les infirmiers (47 %). Dans une tribune commune, les sept ordres de santé ont récemment lancé un appel à la responsabilité. Ils invitent tous les soignants à se faire vacciner au plus vite, considérant cet acte comme un « devoir déontologique ». Selon Olivier Véran, 70 % d’entre eux n’ont pas encore franchi ce pas décisif…

 

 

Trisomie 21, retard mental, mucoviscidose, insuffisance rénale chronique terminale sous dialyse, cancer du poumon, greffe du rein ou du poumon…

Selon les résultats de la plus vaste étude épidémiologique française menée à ce jour, sept profils de patients sont plus exposés aux formes graves de la Covid-19. Créé par la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament, le groupement scientifique Epi-Phare a analysé les données provenant de 66 millions de Français entre le 15 février et le 15 juin 2020. Parmi les quarante-sept maladies chroniques passées au crible, seule la dyslipidémie – une affection qui se traduit par un excès de graisse dans le sang – n’a pas de conséquences particulières.

Si ces pathologies sont considérées comme une circonstance aggravante, l’âge reste la principale source de complications : le risque d’hospitalisation est multiplié par deux chez une personne de soixante ans ; le risque de décès est multiplié douze entre les 40-44 ans et les 60-64 ans. Autre constat effectué : les femmes sont plus résistantes que les hommes face au virus.

NB : Selon Epi-Phare, la présence d’un diabète augmente le risque d’hospitalisation de 64 % et le risque de décès de 75 %.