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20 % des étudiants en soins infirmiers ne vont pas au bout de leur cursus.

Problématique dans un contexte de pénurie généralisé, le constat émane de François Braun en personne, qui se dit « préoccupé » par cette situation. Selon le ministre de la Santé et de la Prévention, deux grandes raisons expliquent ce phénomène : la précarité financière, renforcée par le versement tardif des bourses par les régions, et la « maltraitance » subie durant les stages de formation, notamment en première année. Il évoque des expériences souvent douloureuses dans des services de gériatrie ou des Ehpad. « Ce type de stage à forte pression devrait être reporté en fin d’études. Les apprentis infirmiers devraient commencer par des stages dans services des plus complexes et très pointus, comme les urgences ou la réanimation », estime-t-il.

Fervent défenseur de la suppression du concours d’entrée en IFSI, François Braun s’est montré très clair : « C’est au cadre de la formation de s’adapter à ces nouveaux profils, et non l’inverse ! » Loin de concerner la seule filière infirmière, cette vague d’abandons touche également les étudiants en médecine, mais dans une proportion deux fois inférieure.


Photo : Freepik

L’ARS et le Conseil régional vont lancer une expérimentation visant à faciliter le parcours des étudiants en soins infirmiers pour éviter les abandons et les fidéliser sur le territoire francilien.

A l’issue d’un appel à candidatures inauguré mi-septembre, trois instituts de formation de la région seront prochainement sélectionnés. La qualité et le suivi des stages ou encore l’insertion professionnelle feront notamment l’objet d’une attention particulière, en lien avec les différents acteurs concernés. Selon les premières indications communiquées, les grands travaux débuteront à la rentrée prochaine. En cas de succès, la démarche pourrait être généralisée à plus large échelle.

Un chiffre clef résume la nature des enjeux : un étudiant sur trois aurait interrompu son cursus avant la diplomation. Comme en témoigne le dernier baromètre de la FAGE, les aspects financiers ne sont probablement pas étrangers à ce phénomène.

Dans son dernier baromètre annuel, la FAGE dénonce une « hausse historique » du coût de la rentrée pour les étudiants.

Selon les calculs effectués, la facture s’élève à 2 527 euros par mois pour les non boursiers, soit une augmentation annuelle de 7,38 %. Cette estimation cumule les frais de la vie courante, mensuels et récurrents, et les frais de scolarité… qui bondissent de 13,04 %. L’organisation avance deux arguments pour expliquer cette flambée : les stigmates laissés par la crise sanitaire et une inflation très importante. « Comment les étudiant·e·s peuvent aspirer à la réussite sans la possibilité de se loger dignement, de s’alimenter correctement, de se soigner ou encore d’acquérir le matériel pédagogique nécessaire pour étudier ? », s’interroge la FAGE dans son communiqué, non sans évoquer sa déception quant aux dernières annonces gouvernementales : « Elles demeurent très inférieures à l’augmentation du coût de la vie et en-deçà des besoins des étudiant.e.s ! » La conclusion est limpide : il est impossible de surmonter le coût de cette rentrée sans avoir recours à une aide parentale, un prêt ou un job étudiant.

NB : le coût de la rentrée pour un étudiant en soins infirmiers en formation initiale – sans double inscription, non boursier et décohabitant – s’élève à 2 674 euros en 2022, selon la Fnesi.

Un arrêté et une instruction ministériels précisent les conditions de la diplomation accélérée et de l’autorisation temporaire d’exercice pour les infirmiers et les aides-soignants.

Annoncé début juin par Brigitte Bourguignon, alors ministre de la Santé et de la Prévention, ce dispositif exceptionnel doit permettre de faire face aux tensions estivales dans les établissements de santé et médico-sociaux qui manquent de personnels. Il s’adresse aux étudiants qui ont effectué le nombre de stages requis durant leur cursus, et qui ont obtenu l’approbation de leur référent pédagogique.

Autre impératif : ils devront exercer dans une équipe de soins comportant au moins un IDE. Cette autorisation est délivrée par le préfet, en lien avec l’ARS, dans les cinq jours suivant la fin de leur formation. Dans certaines régions, la dynamique prend forme. En moins de trois jours, 387 étudiants franciliens en soins infirmiers se sont déclarés volontaires pour réaliser des vacations avant l’obtention officielle de leur diplôme.

NB : ces dispositions sont transitoires. Elles prendront fin le 30 septembre prochain.

La mobilisation des étudiants de la filière en cas d’urgence sanitaire ou d’afflux massif de patients a été rigoureusement encadrée par le législateur.

Certaines précautions ont notamment été prises pour garantir la continuité des apprentissages et des stages, mais aussi leurs conditions d’exercice dans un contexte de crise. Selon les principales organisations syndicales*, le texte représente « une avancée significative dans la considération et la reconnaissance de l’engagement des étudiants et étudiantes mobilisés, et leur garantit un meilleur accompagnement tenant compte de leur santé et des spécificités de leurs formations ». Elles réaffirment néanmoins leur vigilance quant à la mise en œuvre effective de ce dispositif, redoutant notamment « une banalisation ou une systématisation du recours aux étudiants pour compenser les lacunes d’un système de santé en difficulté ».

Outre la prévention des ruptures dans l’enseignement, la préservation de la santé mentale et physique des étudiants fera l’objet d’une attention particulière.

(*) FAGE, ANEMF, ANEPF, ANESF, FNEK, FNESI, FNSIP-BM, ISNAR-IMG, UNECD.

Dans un rapport d’étape qui complète un premier avis rendu en juin dernier*, le Haut Conseil de la santé publique dresse un bilan critique du service sanitaire des étudiants en santé.

Parmi ses principaux griefs, l’instance pointe un manque de cohérence et de clarté entre les objectifs pédagogiques et les objectifs de santé publique poursuivis, faute de priorités clairement affichées. Elle regrette notamment le manque d’articulation entre ce dispositif et les politiques de prévention au niveau local. Au-delà du constat, le HCSP formule trente recommandations à l’intention des coordinations nationales et régionales, des responsables administratifs des organismes et collectivités contribuant au financement du service sanitaire ou encore des équipes de direction et des référents pédagogiques des établissements de formation et des structures d’accueil.

Instauré à la rentrée 2018, le service sanitaire permet aux étudiants en santé de réaliser des actions de prévention au sein d’établissements scolaires, de soins ou d’entreprises au cours d’une mission de plusieurs semaines.

(*) https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=998

Privés de cours, de ressources et de vie sociale, les étudiants sont à l’agonie. Au-delà du constat, très largement partagé, le CNA Santé* formule dix propositions concrètes pour sortir de l’ornière.

Certaines d’entre elles pourraient être appliquées immédiatement, sans ressources financières particulières. Parmi elles, citons le respect du temps de travail, la répression des actes de maltraitance ou encore le retour de tous les étudiants à l’université, quitte à privilégier les enseignements à l’extérieur. Toutes aussi urgentes, d’autres propositions nécessiteront des financements plus conséquents. Le CNA Santé suggère notamment de renforcer massivement les aides sociales, d’aider financièrement les structures d’accompagnement des étudiants et de former les tuteurs en conséquence. Il préconise également la mise en place d’une véritable politique de prévention des risques psycho-sociaux et des suicides.

(*) Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé – CNA Santé.

Une nouvelle fois mobilisés, les étudiants en soins infirmiers bénéficieront d’une prime exceptionnelle, variable selon leur niveau d’étude.

Fixé sur la base d’une durée de stage de 35 heures par semaine, le montant de cette indemnité hebdomadaire atteindra 98,50 euros en deuxième année et 86,50 euros en troisième année. Elle perdurera tout au long de l’état d’urgence sanitaire. Financée sur les crédits de l’assurance maladie, elle doit être versée par l’ARS dont relève l’établissement avant la fin de l’année… ou un mois après la fin du stage, au plus tard.

Le coût total de cette opération est estimé à vingt millions d’euros par le ministère de la Santé et des Solidarités. Au-delà de cette seule mesure, leurs indemnités de stage* seront prochainement revalorisées à hauteur de 20 %. Prévue par le Ségur de la santé, cette disposition entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Elle s’appliquera à tous les apprentis infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, manipulateurs en électroradiologie médicale et ergothérapeutes.

(*) Hors primes exceptionnelles, les indemnités de stage des étudiants en soins infirmiers sont actuellement plafonnées à 40 euros par semaine en deuxième année. Elles atteignent 50 euros en troisième année.

En Bretagne, 1025 étudiants en soins infirmiers et 682 élèves aides-soignants vont bénéficier d’une prime forfaitaire de 500 euros allouée par le Conseil régional, via les crédits du PRIC* et de l’ARS.

Cette aide exceptionnelle récompensera leur engagement auprès des personnels soignants durant leur période de stage. Complémentaire des indemnités et des bourses attribuées par la région, ce « bonus » sera versé par leur institut de formation au cours du mois de juin. Une condition toutefois : les étudiants éligibles auront dû faire partie d’un service engagé dans la lutte contre la pandémie ou auront dû être redéployés pour renforcer les effectifs d’un établissement hospitalier, d’un établissement médico-social ou d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes pendant au moins quatre semaines… entre le 1er avril et le 31 mai.

(*) Pacte régional d’investissement dans les compétences – PRIC.