Dans un communiqué publié fin avril, en marge de la semaine européenne de la vaccination, les autorités sanitaires ont dévoilé la nouvelle « stratégie vaccination et immunisation 2025-2030 » qui se structure autour de cinq grands axes : multiplier les opportunités vaccinales tout au long de la vie ; enrichir le parcours vaccinal tout en améliorant sa lisibilité ; s’appuyer sur de nouveaux outils numériques pour rendre la politique vaccinale plus efficiente ; former les professionnels du secteur sanitaire à la promotion de la vaccination ; renforcer la promotion de la vaccination dans une dynamique de lutte contre la désinformation en santé, via des actions d’information et de communication.

Cette stratégie se traduira notamment par la mise à disposition de stock de vaccins chez les professionnels de santé en ville, le renforcement des actions dites « aller vers » et « ramener vers » pour toucher les publics les plus précaires et les plus éloignés des soins, ou encore la mise en place d’un observatoire national de lutte contre la désinformation. La diffusion de messages de prévention, notamment pour certaines vaccinations contre les virus hivernaux ou les infections invasives à méningocoque, et la restauration de la confiance des usagers envers les vaccins seront deux autres leviers majeurs pour améliorer la couverture vaccinale de la population française… et plus particulièrement celle des seniors.

NB : les professionnels de santé peuvent se procurer et afficher une carte simplifiée des recommandations vaccinales pour les soixante-cinq ans et plus.


Photo: Philippe Chagnon / Cocktail Santé

55 sanctions administratives, dont 11 fermetures totales ou partielles et 35 mises sous administration provisoire.

Tels sont les premiers résultats des inspections menées dans 7 122 Ehpad. Impulsé il y a trois ans par le gouvernement Castex en réponse au scandale Orpea, cet audit est encore incomplet et devrait être finalisé en juin ; plus de trois cents sites n’avaient pas encore été « visités » fin mars. Autre bémol : deux tiers des établissements ont été contrôlés sur pièces… faute de moyens humains suffisants.

Au-delà des premiers résultats de ce bilan national, le gouvernement prévoit de nouvelles mesures pour agir contre les maltraitances : mettre en œuvre le plan de contrôle dans les établissements et services médico-sociaux pour personnes en situation de handicap ; préparer l’extension aux champs de l’autonomie et du grand âge du contrôle des antécédents judiciaires, déjà déployé dans la protection de l’enfance ; accompagner l’ensemble des acteurs à la mise en œuvre effective du droit de visite ; faciliter la communication de la part de personnes en situation de handicap.

NB : les 55 millions d’euros indûment perçus et restitués par l’ex-groupe Orpea seront fléchés vers la santé des personnels du secteur médico-social.


Photo: Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Deux ans après le vote de la loi Rist, la liste des produits et prestations autorisés en primo-prescription par les infirmiers en pratique avancée a été dévoilée fin avril.

« Une victoire symbolique et une reconnaissance forte des compétences de la profession », souligne le syndicat UNIPA. Dans un cadre sécurisé, coordonné et centré sur le patient, les IPA pourront désormais prescrire des arrêts de travail (entre un et trois jours), des transports sanitaires, des équipements de protection individuelle, des antiseptiques locaux, mais aussi des traitements antibiotiques pour des infections identifiées après la réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique ou encore de l’amoxicilline, pour traiter une angine bactérienne à strepto-test positif chez les patients âgés de dix ans ou plus. Outre une liste générale, une liste spécifique a été définie pour chacune des cinq mentions, même si certains produits nécessitent un avis médical préalable. Selon l’UNIPA, la situation devra évoluer avec le temps. « Le texte ouvre la voie à un travail de fond pour élargir et affiner ces listes de prescriptions pour qu’elles soient toujours plus conformes aux besoins des patients et aux réalités du terrain ».

NB : les listes sont précisées en annexe de l’arrêté du 25 avril 2025 modifiant l’arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice infirmier en pratique avancée en application de l’article R. 4301-3 du Code de la santé publique.


Photo: Frédérik Astier / Cocktail Santé

Deux décrets et un arrêté concrétisent une mesure attendue, validée à la suite d’une expérimentation nationale menée avec succès il y a un an.

Dans un communiqué publié fin avril, l’Ordre national des infirmiers se félicite de la parution des textes officiels concernant les certificats de décès. Les infirmiers volontaires, qui ont obtenu leur diplôme depuis au moins trois ans et qui justifient d’une formation, pourront désormais établir des certificats de décès pour les personnes majeures, exception faite des situations violentes ou survenues sur la voie publique.

Précisions notables : les infirmiers souhaitant exercer cette mission devront s’inscrire via leur espace personnel en ligne, en justifiant de leur formation, et la liste des professionnels habilités sera rendue publique par l’ONI. Les textes précisent, par ailleurs, le contenu de la formation préalable obligatoire de douze heures et de la formation additionnelle facultative de trois heures qui sera organisée sur une demi-journée.

NB : 10 571 infirmiers ont été formés durant l’expérimentation et ont la capacité d’intervenir.


Photo: Freepik

Adoptée en première lecture par les députés début avril, la proposition de loi visant à renforcer la démographie professionnelle des orthophonistes n’a toujours pas été examinée par les sénateurs.

Attendue de longue date par la profession, la version actuelle du texte prévoit notamment une hausse significative des quotas de formation. Le nombre d’étudiants admis en centre de formation universitaire en orthophonie passerait de 975 en 2024 à 1073 en 2025 et progresserait pour atteindre 1 463 en 2030. Autre avancée majeure : le « certificat de capacité d’orthophonie », qui a plus de soixante ans, serait remplacé par un « diplôme d’Etat d’orthophonie ».

Outre la création d’un statut de maître de stage universitaire en orthophonie, un contrat d’engagement de service public pour les étudiants figure également au menu de cette future loi. Les différentes mesures proposées doivent permettre de rendre le métier plus attractif et de pallier la pénurie quasi-généralisée de professionnels. Selon les dernières estimations, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un orthophoniste atteignent souvent un an, voire deux…

NB : 21 200 orthophonistes libéraux exercent en France, soit une moyenne de 30 orthophonistes pour 100 000 habitants.


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Le gouvernement et les parlementaires rivalisent de propositions pour réguler la pratique médicale, ce dont les médecins ne veulent pas entendre parler. La tension monte et le conflit pourrait bien durer. Explications.

Les médecins sont assaillis de toutes parts. En marge des débats parlementaires sur la PPL Garot, qui prévoit notamment de réguler les installations médicales, le gouvernement dit avoir choisi une « voie alternative ». Dévoilé fin avril par le Premier ministre, à l’occasion d’un déplacement dans le Cantal, le nouveau pacte de lutte contre les déserts repose sur quatre grands axes : diversifier l’origine géographique et sociale des étudiants en permettant à plus de jeunes d’accéder aux études de santé, sur l’ensemble du territoire ; déployer un principe de solidarité de l’ensemble de la communauté médicale afin de développer l’offre de soins dans les territoires les plus critiques ; moderniser et simplifier les organisations entre les professionnels de santé et unir les compétences pour soigner davantage de patients ; créer des conditions d’accueil attractives pour les étudiants et les professionnels de santé sur tout le territoire avec le soutien des élus locaux. Selon le gouvernement, les dispositions inscrites dans ce plan représentent un potentiel de cinquante millions de consultations supplémentaires par an au bénéfice des zones sous-dotées.
Sa mesure phare ? Imposer aux médecins situés dans des territoires bien pourvus de pratiquer un ou deux jours par mois dans un secteur sinistré. Jeunes ou moins jeunes, les généralistes et les spécialistes concernés obtiendront des contreparties financières, dont le montant n’a pas encore été dévoilé, mais ils seront pénalisés en cas de refus. Initialement réservée aux « zones rouges » qui seront prochainement délimitées par les agences régionales de santé*, en lien avec les préfets et les élus locaux, cette mesure coercitive sera, dans un second temps, étendue à l’ensemble des zones sous-denses. Elle se traduira par une généralisation de la permanence des soins avec un recours plus automatique à la réquisition des médecins.

Incitation ou coercition ?

Certains parlementaires veulent aller encore plus loin. Portée par Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne, une proposition de loi transpartisane prévoit la suppression de la liberté d’installation. La solution ? Médecins libéraux et salariés devront, avant de s’installer, solliciter l’aval de leur agence régionale de santé, qui pourra le leur refuser dans les territoires suffisamment pourvus. Aucune arrivée ne sera autorisée sauf pour compenser un départ. « Six millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Ce n’est pas une question de droite ou de gauche. C’est une histoire de pacte républicain. La régulation de l’installation des médecins reste la pierre angulaire de toute politique réellement efficace. Elle permettra d’améliorer durablement la répartition des ressources médicales sur tout le territoire », confirme son auteur.
Etudiants, internes, jeunes médecins, praticiens installés… Une très large partie du corps médical rejette toute forme de coercition. A l’initiative du président de l’ANEMF**, Lucas Poittevin, une grève nationale intersyndicale illimitée a été lancée le 28 avril dernier. Le mot d’ordre est clair : la PPL Garot et le plan Bayrou ne résoudront ni la crise de la désertification médicale, ni les difficultés d’accès aux soins des Français. Selon les grévistes, ces contraintes supplémentaires compromettront l’attractivité de la médecine libérale. Comme le redoutent ses représentants, elles pourraient détourner la nouvelle génération de la profession. Ces revendications seront-elles prises en compte par les tutelles ? La liberté d’installation sera-t-elle sacrifiée sur l’autel de l’accès aux soins ? Une chose est sûre : les médecins excluent formellement cette éventualité. Ils font du renforcement des incitations tarifaires et de la hausse des quotas de formation les deux grands piliers de leurs contre-propositions.

(*) Les « zones rouges » au sein desquelles une permanence médicale doit être instaurée en priorité devaient être définies à l’échelle de l’intercommunalité par les agences régionales de santé, en lien avec les préfets et les élus de ces territoires, avant la fin du mois de mai.

(**) Association Nationale des Etudiants en Médecine de France – ANEMF.


Photo: Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Déposée en décembre dernier, la proposition de loi sur la profession d’infirmier est actuellement débattue au Parlement. Adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, le texte doit désormais être examiné par le Sénat. Consultation et diagnostic, conciliation médicamenteuse, droit de prescription pour certains produits… Retour sur les principales mesures votées par les députés.

Une journée aura suffi. Déposée en décembre dernier par Nicole Dubré-Chirat et Frédéric Valletoux, la proposition de loi sur la profession d’infirmier a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le 10 mars. Attendu depuis de long mois, le texte redéfinit notamment le métier autour de huit missions socles : la réalisation des soins infirmiers « préventifs, curatifs, palliatifs, relationnels ou destinés à la surveillance clinique » et l’évaluation de ces soins ; la conciliation médicamenteuse ; l’orientation des patients et le suivi de leur parcours de santé ; la participation aux soins de premier recours en accès direct ; la prévention, les actions de dépistage et l’éducation thérapeutique ; la participation à la formation initiale et continue des étudiants et des professionnels ; les soins relationnels qui incluent « un soutien psychologique et un support thérapeutique » ; la recherche infirmière. Véritable tournant dans l’histoire de la profession, cette proposition de loi prévoit la création des consultations infirmières et des diagnostics infirmiers, mais aussi de lui conférer un droit de prescription pour certains produits et examens complémentaires nécessaires aux soins infirmiers, dont la liste sera ultérieurement définie par arrêté après avis de la Haute autorité de santé.

Un tournant pour les IPA ?

Le texte voté par les députés pose également les jalons d’un accès direct aux infirmiers exerçant dans des structures d’exercice coordonné, telles que des établissements de santé et médico-sociaux ou des maisons et centres de santé, qui pourront « prendre en charge directement les patients pour des actes ne relevant pas de leur rôle propre ». Cette modalité sera expérimentée pendant trois ans dans cinq départements, dont au moins un d’outre-mer, avant une éventuelle généralisation. Les conditions de cette expérimentation seront précisées par décret. Autre orientation forte : cette proposition de loi, dans son second article, entend faire évoluer la pratique avancée. Outre une possibilité donnée aux infirmiers anesthésistes, puériculteurs et de bloc opératoire d’y accéder sans modifier leurs conditions de diplomation, trois lieux d’exercice supplémentaires pourraient être créés au sein des services de protection maternelle infantile, de santé scolaire et d’aide sociale à l’enfance. Plusieurs avis préalables, dont ceux de l’Académie de médecine, de la Haute Autorité de santé et des ordres des professions de santé, seront toutefois nécessaires. Les députés ont par ailleurs ajouté une procédure de reprise d’activité pour les IPA ayant interrompu leur activité pendant une certaine durée.

Plaidoyer pour une adoption accélérée

Vivement contestées par les syndicats médicaux, ces avancées sont naturellement saluées par les représentants de la profession, qui attendent impatiemment leur concrétisation. « Face aux défis majeurs de santé publique, nous devons tout faire pour garantir à chaque patient un accès rapide et efficace aux soins. Les infirmiers, présents sur tout le territoire, font partie des solutions pour répondre à cet enjeu. L’adoption en première lecture de la proposition de loi sur la profession d’infirmier marque une première étape dans l’évolution de la profession et l’amélioration de la prise en charge des patients. Nous comptons désormais sur les sénateurs pour adopter ce texte rapidement », affirme Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmiers, qui réclame une procédure accélérée. L’instance ordinale préconise notamment la fixation d’un délai maximal pour la publication des textes nécessaires à la mise en œuvre de ces nouvelles missions… soit le 31 janvier 2026 ! En attendant, la balle est dans le camp du Sénat, qui compte de nombreux médecins dans ses rangs.

NB : les domaines d’activité, les actes et les soins réalisables par les infirmiers seront fixés par un décret et par un arrêté. Les députés ont également prévu que la publication de cet arrêté donne lieu à l’ouverture d’une négociation sur la rémunération de la profession.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans un Livre Blanc publié mi-février, le Conseil national professionnel infirmier formule une série de recommandations pour refonder le métier et le parcours de formation.

L’instance préconise notamment de créer une quatrième année de formation universitaire pour mieux préparer les futurs professionnels de santé aux responsabilités croissantes, liées à l’évolution des besoins de santé, des missions et des compétences. « Ce sera un levier d’attractivité, d’intégration et de fidélisation essentiel au service rendu qui permettra d’agir sur les départs prématurés et sur la pénurie de professionnels », argumentent les auteurs de ce document. Outre une fonction tutorale identifiée en soi et un renforcement de la formation théorique et clinique, notamment en psychiatrie, à l’école, au travail, en soins critiques et auprès de l’enfant, le CNPI plaide également pour la « reconnaissance officielle des consultations infirmières en prévention, éducation à la santé, orientation et coordination du parcours de soins » afin de renforcer leur impact sur la santé publique et répondre aux besoins de la population. Le Livre Blanc comporte deux autres propositions phares : le développement du statut d’infirmier référent, notamment via un accès direct, et l’élargissement de la prescription infirmière aux produits de santé et aux examens complémentaires nécessaires à l’exercice de la profession.

NB : le Conseil national professionnel infirmier est composé de vingt organisations professionnelles nationales (associations, sociétés savantes, syndicats…).


Illustration : Freepik

Dans un communiqué publié fin février, le CEFIEC annonce le report officiel de la mise en application du référentiel de formation des infirmiers en septembre 2026.

Une satisfaction pour l’association qui réclamait, depuis plusieurs mois, un délai supplémentaire pour garantir le succès de cette réforme, initialement prévue pour la rentrée prochaine. Selon le nouveau calendrier fixé par les tutelles, les arrêtés relatifs au référentiel de formation infirmière, en cours de finalisation, devraient être publiés « à l’horizon de l’été 2025 ». Autre évolution confirmée durant le dernier comité de suivi de la réingénierie de la formation initiale infirmière : la durée des études sera maintenue à trois ans. Une décision « cohérente et efficace » qui permettra de préserver un équilibre entre la qualité de l’enseignement et le bien-être des étudiants. Dans la continuité de ces annonces, le CEFIEC invite « l’ensemble des équipes des IFSI, des milieux cliniques et des universités à profiter de cette opportunité de calendrier pour engager une co-construction de la formation infirmière de demain. »

NB : le Comité d’entente des formations infirmières et cadres est une association de structures de formation aux métiers de la santé qui regroupe 331 IFSI, 288 IFAS, 48 IFAP et quelques écoles de spécialités infirmières (puériculture, bloc opératoire…).