Selon les résultats d’une enquête publiée mi-juillet par la FFMKR, 68 % des kinésithérapeutes libéraux n’auraient pas de disponibilités pour une prise en charge, urgente ou non.

Pire encore, un professionnel du secteur refuse en moyenne 8,5 clients chaque semaine. Au-delà du constat, le syndicat formule six propositions pour « anticiper l’augmentation de la demande de soins » et « mieux gérer et hiérarchiser les files de patients ». En voici la liste : travailler avec l’assurance maladie sur les « curseurs » qui définissent l’offre de soins ; redéfinir et affiner les zones qualifiées de sous-dotées et de très sous-dotées ; inciter et favoriser l’accueil des étudiants pour effectuer leurs stages et études dans les zones identifiées comme étant les plus fragiles ; supprimer la prescription quantitative et laisser le kinésithérapeute déterminer le nombre de séances adapté aux besoins de soins du patient ; autoriser l’accès direct au kinésithérapeute pour lui permettre de hiérarchiser plus facilement la priorité des prises en charge ; permettre au kinésithérapeute de prescrire de l’activité physique adaptée.

NB : 7 077 kinésithérapeutes libéraux ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 22 avril et le 16 mai derniers. Ce panel représente environ 10 % des effectifs.

Profonde et durable, la crise sanitaire a lourdement perturbé le fonctionnement instituts de formation paramédicale… et la vie de leurs étudiants. Retour sur les événements marquants de cette année riche d’enseignements pour l’avenir.

La pandémie a bouleversé les codes de l’apprentissage. Tout au long de l’année, les instituts de formation paramédicale ont été contraints de composer avec l’incertitude, au gré de la dynamique épidémique. Condamnés à innover, ils ont dû adapter leurs méthodes pédagogiques. Face à des orientations contradictoires et confusantes, directeurs, formateurs et personnels administratifs ont su faire preuve d’une réactivité exceptionnelle et d’une capacité d’adaptation remarquable. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, le bilan demeure globalement satisfaisant. Durant cette période troublée, la maîtrise progressive des usages numériques a permis d’assurer l’essentiel, à savoir maintenir le lien avec les étudiants, dont la santé mentale s’est considérablement dégradée au cours des derniers mois. Longtemps privés de cours, de ressources et de vie sociale, ils ont connu des heures particulièrement sombres lors des périodes de confinement. En pleine détresse psychologique et matérielle, ils ont très mal vécu l’isolement et la précarité. Régulièrement mobilisés dans le cadre de l’urgence sanitaire, la plupart d’entre eux ont vu leur formation impactée, non sans accroître leur crainte de l’avenir. Parfois négligée, la qualité de vie des étudiants doit être considérée comme une priorité absolue.

Des évolutions majeures

Dans le marasme ambiant, plusieurs avancées majeures ont été entérinées cette année. Six ans après son lancement, le processus de réingénierie du diplôme des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture a finalement abouti fin mai. Cette formation sera désormais construite autour de domaines d’activité et de blocs de compétences, encadrés par des référentiels thématiques. Etalée sur douze mois, elle comportera 22 semaines de théorie et 22 semaines de pratique, dont trois stages de cinq semaines et un stage de sept semaines en fin de parcours. Autre bouleversement notable : les masseurs-kinésithérapeutes se verront dorénavant reconnaître le grade de master à l’issue de leur cursus. Attendue et réclamée par la profession depuis six ans, cette reconnaissance institutionnelle a été avalisée en juin dernier par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. La promotion 2017-2021 sera la première à en bénéficier. Au-delà du symbole, ce statut devrait notamment faciliter la poursuite des études au niveau doctoral, mais aussi la mobilité internationale. Seule ombre tableau : le sort réservé aux étudiants diplômés depuis 2015, date de la dernière grande réforme des études de masso-kinésithérapie, n’a pas été tranché. A plus large échelle, l’appétence des aspirants pour le monde paramédical n’a pas été remise en cause par la pandémie. Accessibles depuis l’an dernier via ParcourSup, les différents métiers de la filière ont connu un franc succès. Tous choix confondus, la formation en soins infirmiers a été la plus demandée pour la deuxième année consécutive.

Les défis de la rentrée

Toujours aussi incertaine, l’évolution de la situation sanitaire n’offre aucune garantie pour la rentrée prochaine. La perspective d’une nouvelle vague épidémique se profile, malgré l’augmentation annoncée du nombre de personnes vaccinées. La progression éclair du variant delta ne devra pas pour autant mettre en péril certains chantiers prometteurs. La poursuite du processus d’universitarisation des formations paramédicales devra notamment faire l’objet d’une attention particulière, au même titre que la hausse programmée des capacités d’accueil dans les IFSI et les IFAS. Une discussion de fond sur le métier de formateur – et plus largement sur la place de la formation – devra par ailleurs être amorcée avec les pouvoirs publics. De nombreuses questions restent aujourd’hui en suspens, à commencer par la plus importante d’entre elles : comment accueillir plus d’étudiants, tout en leur proposant un encadrement de qualité, dans le contexte pandémique actuel ? Cette réflexion vaut pour l’enseignement théorique, mais aussi pour la pratique des stages… en nombre très insuffisant. Mobilisée depuis le début de la crise, l’ANdEP suivra de près l’avancée de ces travaux stratégiques. Rompue aux exigences de la communication digitale, l’association s’engage à échanger plus régulièrement avec ses adhérents, au-delà de ses traditionnelles journées annuelles. Trois à quatre points d’actualité seront désormais proposés chaque année, contre un seul auparavant.

Dans un rapport d’information présenté début juillet en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Cyrille Isaac-Sibille plaide en faveur du renforcement des missions et carrières paramédicales*.

Le député MoDem du Rhône propose trois pistes d’évolution concrètes : l’élargissement des coopérations interprofessionnelles, le développement de l’exercice en pratique avancée et la modification du périmètre de compétences des différents professionnels. Jugeant l’organisation des soins inadaptée aux défis du vieillissement de la population et de la chronicisation de certaines pathologies lourdes, il préconise notamment d’actualiser la liste des actes réalisés par les professions paramédicales.

Il suggère également de renforcer l’exercice en pratique avancée pour les infirmiers, non sans adapter et revaloriser le modèle économique du métier, en particulier dans le secteur libéral. Selon lui, d’autres auxiliaires médicaux devraient également profiter de cette montée en compétences, en tête desquels figurent les techniciens de laboratoire et les manipulateurs en électroradiologie.

(*) « Quelle vision dans 10 ans et comment y parvenir ? », Cyrille Isaac-Sibille (juillet 2021).

La création de la mention « urgences » de la pratique avancée infirmière a reçu un avis négatif du Haut conseil des professions paramédicales.

Tombée fin juin, cette décision suscite le mécontentement des instances professionnelles. L’ONI dénonce notamment le « rétropédalage » du gouvernement qui a « dépourvu le texte initial de sa substance » à la suite de « pressions corporatistes ». Selon son président, l’intervention des infirmiers de pratique avancée aurait permis d’améliorer le fonctionnement des services d’urgence, via la délégation de certaines tâches. Elle aurait également contribué à soulager des personnels totalement débordés.

Encouragée par la Cour des comptes, cette piste d’évolution professionnelle n’a finalement pas été retenue par l’exécutif. Une décision unilatérale qui sonne comme un désaveu pour les IPA, dont le champ d’action a été réduit à la portion congrue. Outre une dévalorisation de la profession, Patrick Chamboredon y voit une menace directe pour l’accès aux soins et la sécurité des patients.

Consultatif, l’avis du HCPP ne condamne pas pour autant la création de cette cinquième mention de la pratique avancée.

Dans un Livre Blanc publié début juillet, la Société française de santé digitale formule dix propositions concrètes pour accompagner la généralisation du télésoin sur le territoire français.

« Ce document aborde les différents volets de cette avancée majeure pour le développement de la santé digitale en France », souligne la SFSD. Parmi d’autres préconisations, les auxiliaires médicaux sont notamment invités à définir un objectif de soin, à respecter les bonnes pratiques, à travailler en équipe pluriprofessionnelle ou à choisir un outil accessible à tous. Il leur est également recommandé d’obtenir le consentement éclairé des patients avec lesquels ils devront construire le parcours alterné, dans le cadre d’une décision partagée. Selon les auteurs de ce Livre Blanc, la formation des acteurs de santé sera un prérequis indispensable pour favoriser l’essor de cette pratique.

Quelles que soient les démarches entreprises, un impératif de taille devra par ailleurs être respecté : garder l’humain au centre de tout. Pour rappel, le télésoin est entré dans le droit commun le 4 juin dernier. Toutes les professions paramédicales sont désormais autorisées à y recourir.

(*) « Le télésoin au cœur de l’innovation des parcours de santé », SFSD (juillet 2021).

La propagation du variant delta contraint l’exécutif à employer les grands moyens.

Pour prévenir l’apparition d’une quatrième vague épidémique, tous les personnels soignants et tous les professionnels au contact des personnes fragiles devront être impérativement vaccinés d’ici au 15 septembre prochain.

A compter de cette date, ils ne pourront plus travailler et ne seront donc plus payés. Directement concernés, les paramédicaux accusent un certain retard en la matière, notamment à l’hôpital. Selon un tableau de bord produit par l’AP-HP auquel Le Monde a eu accès, les infirmiers et les aides-soignants font partie des professions de santé les moins vaccinées. Au 11 juin, 37 % des personnels non médicaux pouvaient justifier d’un cycle vaccinal complet, contre 68 % chez les médecins. Selon le dernier point épidémiologique publié par Santé publique France, les chiffres ne sont guère meilleurs dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et dans les unités de soins de longue durée, où le taux de couverture vaccinale est estimé à 45 %.

La situation semble toutefois plus favorable en ville. Au 8 juillet, 75 % des professionnels de santé libéraux étaient complètement vaccinés.

Professeur d’anglais à l’IFSI de la Fondation Léonie Chaptal en région parisienne, Michel Lemieux mène actuellement une étude inédite sur l’utilisation de l’anglais dans la pratique infirmière en France et en Europe.

Ce projet doit notamment permettre de mieux cerner les besoins des IDE en la matière. Il doit également permettre de mieux former les futurs élèves infirmiers. Trois minutes vous suffiront pour répondre à une vingtaine de questions. Les résultats complets de cette enquête déclarative seront dévoilés à la fin du mois de septembre.

Pour plus d’informations

Pour beaucoup, l’année qui vient de s’écouler est très vite passée.

Ce phénomène étrange est sans doute lié à l’incertitude ambiante qui nous a notamment conduits à créer différents scénarii pour anticiper les problèmes. Les visioconférences se sont succédées à un rythme effréné, au point de nous faire amèrement regretter les contacts physiques et les déplacements qui nous autorisaient des temps de respiration et de remise en question. Soyons clairs : l’année qui s’annonce, après une période de vacances bien méritées, ne prête ni à l’optimisme ni à la sérénité.

A l’heure actuelle, nous sommes encore nombreux à constituer nos listes, quelle que soit la formation. Tous les candidats espèrent légitimement être reçus dans la filière de leur choix. Ils attendent une réponse favorable avec impatience. Face à la perspective d’une quatrième vague épidémique, il nous faut également poser les bases d’une formation hybride, en priant de ne pas être contraints de tout modifier au dernier moment. Dans ce contexte empreint d’incertitudes, la gestion des stages est un sujet de préoccupation majeur.

Dans le domaine des soins infirmiers, nos capacités d’accueil ont été augmentées pour répondre aux besoins croissants des structures de santé. Mais ces mêmes structures, pour la plupart engagées dans des phases de reconstruction, n’augmentent pas leurs terrains de stage. Pire, elles les revoient parfois à la baisse. Nous devons faire preuve de créativité, tout en respectant un référentiel contraignant. Une chose est sûre : la situation peut rapidement devenir inextricable.

Nous savons tous l’importance du stage dans la formation de nos futurs professionnels de santé, y compris en matière d’attractivité du diplôme. Nous savons tous combien l’accueil des étudiants par les professionnels impactent la construction du futur projet professionnel. Fondamental dans la poursuite des études, la qualité du stage est un facteur déterminant, voire discriminant. A tout le moins, c’est un sujet auquel l’ANdEP est particulièrement attaché.

En attendant, nous vous souhaitons à tous des vacances ressourçantes et reposantes.

Entamé, interrompu puis repris, le processus de réingénierie de la formation des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture touche à sa fin, six ans après son lancement.

Enfin ! C’est un aboutissement pour l’ANdEP qui a activement participé au groupe de travail ayant abouti à la publication de ces nouveaux référentiels. C’est surtout un pas de plus vers l’excellence de la formation paramédicale, davantage axée sur l’acquisition de compétences.

Fidèle à ses missions et à ses engagements, l’ANdEP accompagnera tous les instituts de formation concernés dans la mise en place de la réforme, qui entrera en vigueur dès la rentrée prochaine. La dimension technologique sera omniprésente : 70 % des enseignements pourront être prodigués à distance. Une logistique de cette ampleur ne s’improvise pas, mais l’expérience de la crise sanitaire nous sera assurément bénéfique.

Le mois de juin marque également un tournant dans la pratique des soins infirmiers avec l’inscription du télésoin dans le droit commun. Au regard des exigences attendues, notamment vis-à-vis des patients, le sujet figurera en bonne place dans le futur référentiel de formation. Actuellement en réflexion, ce projet pourrait prendre une tournure plus concrète dans les prochains mois. Comme toujours, l’ANdEP ne manque pas d’idées pour nourrir le débat.