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Dans le sillage du mouvement #MeToo à l’hôpital, l’ONI a mené une consultation en ligne sur les violences subies par la profession, tous secteurs confondus, dont les résultats ont été publiés mi-décembre.

Il en ressort une « prévalence effrayante » des actes malveillants qui se traduit inévitablement dans les chiffres : 49 % des répondants ont déjà été victimes de violences sexistes ou sexuelles dans le cadre de leur activité professionnelle. Autre constat préoccupant : aucun lieu d’exercice n’est immunisé, même si les établissements de santé demeurent les principaux lieux de passage à l’acte, selon 75 % des répondants. Les agressions subies ont naturellement des impacts délétères sur le quotidien les victimes, tant sur le plan personnel que professionnel. Elles évoquent des répercussions directes sur leur santé (34 %), leur vie sociale ou intime (24 %), mais aussi sur leur relation de travail (19 %) ou leur rapport au travail (14 %). Autre conséquence majeure : 37 % des personnes interrogées déclarent que les violences sexistes ou sexuelles ont fait naître chez elles un sentiment d’insécurité dans leur milieu professionnel.

Au-delà du constat, l’Ordre national des infirmiers formule une série de propositions concrètes articulées autour de trois grands axes : prévenir, accompagner et sanctionner. L’instance préconise notamment de former tous les professionnels de santé et tous les personnels administratifs pour mieux détecter, prévenir et déclarer les violences sexistes et sexuelles dès la formation initiale. Elle recommande également de mettre en place des systèmes de déclaration et d’accompagnement au plus près des professionnels. Elle suggère par ailleurs de conclure des conventions police-justice-Ordre dans tous les territoires pour permettre la mise en œuvre de systèmes d’alerte et la meilleure prise en compte de toute plainte ou signalement émanant d’un professionnel de santé.

NB : plus de 21 000 infirmières et infirmiers ont répondu à cette consultation en ligne, dont 19 092 infirmières, soit une proportion proche de celle qui est la leur au sein du corps infirmier.

Consulter la synthèse : https://www.ordre-infirmiers.fr/system/files/inline-files/Synth%C3%A8se_consultationVSSV2.pdf


Illustraion : Freepik

Formation, accompagnement, communication, sanction… Telles sont les premières réponses politiques apportées au mouvement #Metoo Hôpital.

Dans un communiqué publié fin mai, Frédéric Valletoux détaille une série de mesures contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la santé. Quatre grands axes ont été privilégiés : améliorer les suites données aux signalements, sensibiliser et former tous les professionnels, déployer un dispositif de prise en charge des victimes et promouvoir une plus grande transparence pour en finir avec la culture du secret. Signe particulier : une communication annuelle rendra compte du traitement des signalements et des sanctions. « Il est urgent de mettre fin à des pratiques intolérables. Ce n’est pas seulement l’hôpital, mais l’ensemble du secteur qui doit réagir et agir », affirme Frédéric Valletoux, ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention, qui prône la « tolérance zéro ». Actuellement en préparation, un plan national de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles sera présenté d’ici à la fin de l’été.


Photo : Freepik