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Dans un contexte de pénurie médicale, le CH de Compiègne-Noyon va déployer un service mobile d’urgence et de réanimation paramédicalisé courant novembre.

Formée aux protocoles d’intervention, cette équipe paramédicale sera composée d’un infirmier et d’un ambulancier, et sera supervisée par un médecin régulateur du Samu 60. Dictée par le manque, cette décision est vivement contestée par un groupe d’élus locaux, qui réclame la présence d’un médecin sur le terrain.

Début novembre, leur pétition avait rassemblé plus de 1 200 signatures. Soutenu par la mairie de Noyon et la CME, le centre hospitalier intercommunal défend son projet : « Sans Smur paramédicalisé, il n’y a pas de Smur du tout ! »  Selon la direction, cette initiative ne dégradera pas l’offre de soins et permettra une réorganisation du service des urgences qui comptabilise 18 000 passages par an.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Sante

A l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif composé de soignants, d’élus locaux et d’usagers formule quatre propositions concrètes pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées.

L’heure est à l’urgence ! Trente-cinq organisations viennent de formuler plusieurs propositions « concrètes, réalisables et consensuelles » à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et aux élections législatives. Installé en juin dernier, à l’initiative de l’Association des maires ruraux de France, un collectif regroupant des soignants, des élus locaux et des usagers s’est lancé dans une réflexion prospective pour améliorer durablement l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées. « Le souci de l’intérêt général a permis de réunir, d’abord, et de faire émerger, ensuite, une démarche collective en faveur des habitants des territoires ruraux », affirme Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF. Une expérience inédite au regard de la pluralité des parties représentées, comme l’ont souligné les signataires. A l’inverse du Ségur de la santé, la plupart des organisations paramédicales ont été associées aux processus de concertation et de décision.

Quatre mesures disruptives

A l’unisson, les membres du collectif sur l’accès aux soins ont identifié quatre mesures disruptives. Ils souhaitent notamment favoriser la diversification des lieux de stage, hors du lieu de formation initiale, quitte à rendre cette pratique obligatoire. Une évolution radicale qui s’appuiera sur le développement de la maîtrise de stage universitaire, des hébergements territoriaux des étudiants en santé et des aides au transport. Ils plaident également pour la généralisation des équipes de soins coordonnées autour du patient. Un retour à la proximité qui permettrait de replacer l’individu au centre de la prise en charge, mais aussi de limiter les passages inutiles aux urgences en privilégiant le recours à la télé-expertise. Ils réclament par ailleurs la création d’un guichet unique pour faciliter l’installation des professionnels, notamment sur le plan administratif et financier. Autre proposition clef : les signataires veulent promouvoir l’exercice mixte pour renforcer les coopérations entre la ville et l’hôpital.

Une réforme soumise à conditions

Ambitieuses et constructives, ces pistes de réforme sont néanmoins soumises à conditions. Outre l’appui du pouvoir politique, elles nécessiteront une meilleure valorisation du travail de coordination, notamment dans le cadre des ESCAP. Un mode de collaboration qui suscite un enthousiasme modéré de la part de l’assurance maladie. Parmi d’autres impératifs, leur traduction opérationnelle exigera une mobilisation totale des différents acteurs locaux et un meilleur partage des compétences, en particulier dans les territoires les plus reculés. Fragilisée voire annihilée par les querelles de chapelle, la dynamique interprofessionnelle devra se construire dans le temps, dans la transparence et dans la confiance. De toute évidence, les professions paramédicales devront jouer un rôle clef dans la restructuration de l’offre territoriale de santé. Jugées prioritaires, les quatre propositions du collectif accès aux soins ne seront pas suffisantes pour inverser la tendance à l’œuvre. « Nous ferons bientôt de nouvelles suggestions pour nourrir le débat public », prévient Dominique Dhumeaux. Dans l’immédiat, elles seront présentées aux principaux candidats, à l’occasion d’une réunion programmée à la fin du mois.

NB : les trente-cinq signataires représentent des patients, des citoyens sans médecins, des infirmiers, des urgentistes hospitaliers, des médecins, des organisations interprofessionnelles, des ambulanciers, des pompiers, des internes, des médecins hospitaliers, des masseurs-kinésithérapeutes, des étudiants en médecine, des hôpitaux de proximité, des centres de santé, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sage-femmes, des biologistes, des orthophonistes, des mutuelles et des élus.  

Le 21 février dernier, le conseil départemental et la CPAM de l’Oise ont signé une convention inédite pour améliorer l’attractivité du territoire, fragilisé par la désertification médicale.

Cet accord prévoit notamment de renforcer les incitations financières pour favoriser les nouvelles installations, y compris pour les professions paramédicales. Les jeunes diplômés bénéficieront d’une enveloppe globale doté de 1,5 million d’euros. Pour les sages-femmes, les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes, le montant de l’aide accordée par la collectivité pourra atteindre 20 000 euros. Les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes pourront également profiter d’un prêt à taux zéro pouvant aller jusqu’à 50 000 euros.

A noter toutefois : ces aides individuelles seront attribuées aux professionnels qui accepteront de s’engager sur une durée de cinq ans avec un volume de travail minimum, soit vingt-huit heures par semaine. Autre condition posée, le « lieu d’exercice » devra impérativement être implanté dans une zone sous-dotée du département. Le zonage défini par l’ARS fera loi. Rappelons que ces incitations financières ne seront pas exclusivement réservées aux primo-installants.  Les professionnels de santé n’ayant jamais exercé dans l’Oise sont également concernés.

Les incitations proposées aux médecins généralistes qui s’installent en zone fragile, ont été profondément revues, le zonage utilisé pour attribuer ces aides a été redéfini. Il prend en compte le niveau d’activité des médecins et non plus seulement l’indicateur de densité médicale.

Selon les chiffres de l’IRDES (novembre 2018) :

Près de 3 200 étudiants en médecine ou en dentaire ont bénéficié du contrat d’engagement de service public (CESP). L’évolution des maquettes de formation a permis de donner d’avantage de place à ce type de stages, notamment pendant le troisième cycle d’études médicales.

Le développement des délégations de taches avec le protocole ASALEE permet à des infirmiers de travailler en binôme avec un médecin généraliste pour suivre et accompagner des malades chroniques. Cela concerne 367 postes d’infirmiers qui travaillent avec 2800 médecins, un gain de temps, et 10 % de patient supplémentaire pour les meilleurs binômes.

Parmi les premières promotions d’infirmiers en pratique avancée, plus de 300 étudiants suivent cette année l’enseignement mis en place par 16 universités dans 8 régions. Parmi eux, 70 ont intégré directement la seconde année .

Et demain…

Une nouvelle filière de formation des infirmiers de pratique avancée sera créée, centrée sur la prise en charge en psychiatrie.

Une prime de coopération sera instaurée pour valoriser les professionnels de santé choisissant de s’engager dans des protocoles de coopération pluri- professionnels

Télé-consultation, télémédecine, télé-expertise :

Le déploiement rapide de la télémédecine qui permet à un patient une prise en charge plus rapide en

consultant un médecin à distance par video devrait s’amplifier dans les prochains mois, en faveur du suivi de certains patients par des pharmaciens ou des infirmiers pendant une télé-consultation, par exemple pour apprendre à utiliser les appareils connectés.

La télé-expertise, qui permet à un médecin de solliciter l’expertise d’un de ses confrères, est remboursé depuis février 2019 dans les zones en tension et devrait être généralisée d’ici 2020.