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Dans un rapport publié mi-décembre, la Cour des comptes dresse un bilan « globalement favorable » de la campagne de vaccination contre la Covid-19.

Elle évoque des résultats solides, notamment sur le schéma vaccinal initial, avec une couverture quasi-intégrale de la population éligible, soit les Français de plus de 12 ans. La Cour des comptes pointe néanmoins des « faiblesses persistantes », comme le taux de vaccination des personnes âgées de plus de 80 ans, mais aussi quelques ratés, à l’image des « derniers élargissements » qui n’ont pas trouvé leurs publics, soit la seconde dose de rappel et la vaccination des jeunes enfants âgés entre 5 et 11 ans. Particulièrement élevé*, le coût de la campagne vaccinale doit être « relativisé au regard des bénéfices qu’elle a apportés ». A la lumière de cette expérience, la Cour des comptes formule six recommandations concrètes pour gérer au mieux les futures crises sanitaires, suggérant notamment d’institutionnaliser les dispositifs « aller vers », de renforcer la transparence des données ou encore de cibler les interventions des vaccinateurs selon les populations à atteindre.

(*) Selon la Cour des comptes, la campagne de vaccination anti-Covid a coûté 8,1 milliards d’euros, soit 140 millions en 2020, 4,6 milliards en 2021 et 3,4 milliards en 2022. 


Photo : Luc Seba/Cocktail Sante

Amorcée mi-novembre, la neuvième vague s’intensifie. Dans son dernier bilan hebdomadaire, Santé publique France confirme la progression des contaminations, des hospitalisations et des décès liés à la Covid-19.

Jugeant la situation sérieuse, le gouvernement compte sur un meilleur respect des gestes barrières et un « sursaut vaccinal » avant les fêtes, notamment dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, où les quatre cinquièmes des résidents n’ont pas reçu leur seconde dose de rappel. « 2,8 millions de personnes se sont vaccinées depuis début octobre. C’est bien moins que nos voisins européens », soulignait récemment François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention.

Fortement recommandé, le port obligatoire du masque est toujours exclu dans les lieux clos, y compris dans les transports en commun, au grand dam de certains experts. Solennel, cet appel à la responsabilité individuelle et collective doit permettre d’alléger la pression sur les soignants, déjà confrontés à une explosion des cas de grippe et de bronchiolite depuis plusieurs semaines. Une chose est sûre : la France affronte une triple épidémie totalement inédite, dont l’évolution est encore difficile à prévoir.


Photo : Rawpixel

Malgré le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, le gouvernement se prépare à toutes les éventualités, dont une reprise épidémique cet automne. Il s’appuie notamment sur la création d’une nouvelle instance de référence et les prédictions du HCSP, qui propose quatre pistes d’évolution à moyen terme.

Tous les signaux sont au vert. « Le taux d’incidence n’a jamais été aussi bas depuis novembre 2021… et l’arrivée du variant Omicron ! », affirme Santé publique France. Dans son dernier bulletin épidémiologique, l’agence confirme le recul des nouvelles contaminations et des hospitalisations, soit les deux principaux indicateurs de criticité de la cinétique épidémique, non sans rappeler le caractère essentiel des gestes barrières et de la vaccination.
Décrétée au cœur de l’été, la fin de l’état d’urgence sanitaire relève néanmoins du symbole, comme en témoigne le maintien de l’obligation vaccinale pour les soignants. Les spécialistes sont unanimes : le retour en force du Covid-19 paraît plus que probable. « Nous ne sommes pas devins, mais il est quasi certain qu’il y aura une huitième vague à l’automne », confirme Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires. Une nouvelle instance de référence qui se substitue au Conseil scientifique Covid-19 et au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, tous deux dissous le 31 juillet dernier.
Voulue par le gouvernement, cette entité exercera une fonction d’expertise et de conseil, en toute indépendance vis-à-vis des autorités sanitaires. Elle sera composée de dix-sept personnalités scientifiques ou professionnels de santé, d’un représentant des patients et d’un représentant des citoyens. Ses membres privilégieront une approche « one health » pour mieux surveiller, synthétiser et modéliser les menaces futures. Ils fourniront également des avis et des recommandations stratégiques pour y faire face, notamment sur le plan organisationnel. Les grands travaux débuteront dans les prochains jours.

Un avis pessimiste, mais inspirant

Pour éclairer ses choix et aiguiller sa stratégie, le gouvernement écoutera également d’autres voix, dont une en particulier. Dans un rapport publié fin juillet*, le Haut conseil de la santé publique livre un avis tranché sur l’évolution de la pandémie de Covid-19. Ses auteurs envisagent cinq scénarios polaires pour les trois à cinq prochaines années. Ils décrivent un tableau volontairement pessimiste pour permettre aux décideurs de se prémunir contre les différents événements qui pourraient survenir.
Dans le meilleur des cas, nous devrions vivre avec le virus. La vaccination et les traitements ayant réduit le risque de formes sévères nécessitant une prise en charge hospitalière, les symptômes deviendraient banals, de type rhinite. La gestion des risques reposerait sur la responsabilisation et les comportements individuels. Les personnes vulnérables seraient toujours exposées.
Dans le pire des cas, nous serions confrontés à une « ultra crise » provoquée par un variant ayant une transmissibilité forte et une sévérité majeure, qui rendrait les vaccins et les traitements moins efficaces. Fragilisé par l’absentéisme, le fonctionnement des hôpitaux et des établissements médico-sociaux serait totalement bloqué. Des choix difficiles devraient être faits, selon l’âge des patients, les comorbidités et l’accessibilité aux plateaux techniques.
Au-delà de ses projections, le HCSP formule vingt-huit recommandations pour « préparer le système de soins français et la population, de manière à anticiper, limiter ou mitiger l’impact des risques identifiés ». Structuration et organisation, éducation, recherche et développement, vaccination, planification et modélisation, initiatives locales… Tous les champs d’action sont explorés.

(*) « Propositions de scénarios d’évolutions à trois-cinq ans de la « crise Covid-19″ et leurs impacts sur la qualité de vie et la santé des populations », Haut conseil de la santé publique (juillet 2022).

Publié début février dans Nature Medecine, une vaste étude américaine tend à démontrer une aggravation du risque cardiovasculaire dans l’année suivant l’infection à la Covid-19.

Selon ses auteurs, la propension à développer une maladie cardiaque serait multipliée par deux chez les personnes contaminées, y compris par des formes légères. Arythmie, thrombose, embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral, maladie coronarienne, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde… Le surrisque varie sensiblement selon les différents troubles analysés. Il atteint notamment 85 % pour la péricardite. Il est également multiplié par 5,3 pour la myocardite.

Précision de circonstance : ces travaux ont été menés sur une population globalement âgée et majoritairement non vaccinée, même si la tendance a également été constatée chez des sujets jeunes et sans antécédents cardiovasculaires.

Autre caractéristique notable : cette modélisation statistique inclut uniquement des patients touchés par la forme initiale du virus, et non par les variants Delta et Omicron.

NB : Cette étude a été menée entre le 1er mars 2020 et le 15 janvier 2021 auprès de 153 760 individus infectés par la Covid-19, dont les résultats ont été comparés à une cohorte de contrôle, composée de 5,6 millions de personnes.

Selon l’assurance maladie, 170 millions de tests ont été remboursés en 2021. Un niveau record qui se traduit par une charge financière estimée à 6,7 milliards d’euros.

« Un chiffre provisoire qui doit encore être consolidé », soulignait Thomas Fatôme, son directeur général, lors d’une visio-conférence organisée mi-janvier. Parmi les rares motifs de satisfaction affichés, les différents ajustements tarifaires intervenus durant l’année auront permis d’atténuer l’impact économique de ce recours accru aux tests RT-PCR et antigéniques remboursables.

Autre paramètre important : 32,05 millions d’arrêts de travail ont été pris en charge l’an dernier. Un volume globalement stable, dont le coût réel n’a pas encore pu être évalué précisément. Seule certitude, la moitié d’entre eux serait imputable au Covid-19. D’après la Cnam, le poids de la dépense devrait être équivalent à celui de l’année précédente, soit aux alentours de 9,2 milliards d’euros, malgré la nette accélération constatée en décembre sous l’effet du variant Omicron.

Véritable marqueur de la flambée épidémique, 28 millions de tests ont été remboursés au cours de ce seul mois, soit un coût proche du milliard d’euros. Une dynamique exceptionnelle qui s’est encore accentuée ces dernières semaines.

La thèse se confirme. Plus contagieux que Delta, Omicron serait moins virulent. Les chiffres présentés début janvier par Santé publique France en témoignent : cinq hospitalisations ont été recensées sur 338 cas étudiés. Trois d’entre elles concernaient des non-vaccinés.

Selon l’agence sanitaire, aucune admission en réanimation n’a été enregistrée. Une grande majorité des porteurs présentait pourtant des symptômes de la maladie : 59 % ont rapporté de la fatigue, 54 % de la toux et 48 % de la fièvre ; 10 % ont ressenti une perte de goût ou d’odorat. Plutôt rassurantes, ces premières données récoltées en vie réelle ne constituent pas une preuve formelle pour autant. Ce profil de tolérance devra être évalué plus finement dans le temps.

Récemment détecté par des scientifiques chypriotes, des infections liées au croisement des deux variants dominants tempèrent un optimisme très relatif. D’après les premières constations effectuées, cette nouvelle souche aurait la signature génétique d’Omicron et les génomes de Delta. Elle a d’ailleurs été baptisée Deltacron. Affaire à suivre…

Confronté à une cinquième vague épidémique, Emmanuel Macron élargit le champ de la vaccination. Il compte également sur l’arrivée de nouveaux traitements pour alléger la pression hospitalière. L’apparition d’un nouveau variant, potentiellement résistant aux vaccins existants, pourrait néanmoins mettre à mal cette stratégie.

Les indicateurs de gravité virent une nouvelle fois au rouge. Confronté à une cinquième vague épidémique, l’exécutif durcit les restrictions. Initialement réservée aux personnes les plus exposées ou aux personnels soignants, la troisième injection a finalement été généralisée à tous adultes. A compter du 15 janvier, elle sera indispensable pour continuer à bénéficier du pass sanitaire. Par mesure de précaution, la vaccination a également été étendue aux plus de cinq ans. Conseillée, elle ne sera toutefois pas imposée. Vivement contestés par une partie de l’opinion, ces choix politiques semblent pourtant moins extrêmes que dans certains pays voisins, qui ont décidé de reconfiner tout ou partie de leur population. En Allemagne, les non-vaccinés sont désormais privés de magasins non-essentiels, de restaurants et de loisirs. Les autorités sanitaires devraient même rendre la vaccination obligatoire en début d’année. L’Autriche pourrait aussi y recourir. Ce serait une première en Europe.

Un premier traitement préventif

Cantonné à la seule vaccination ou presque, l’arsenal thérapeutique disponible sera bientôt enrichi. Dans un avis daté du 10 décembre dernier, la Haute autorité de santé valide la commercialisation d’un premier traitement préventif. Fabriqué par AstraZeneca, il est indiqué chez les adultes à très haut risque de forme sévère qui ne sont pas ou peu protégés par la vaccination et ceux qui n’y sont pas éligibles. Selon les données cliniques transmises, il permettrait de réduire le risque d’infection symptomatique dans 80 % des cas. L’immunité sera déclenchée dans un délai de quatorze jours après l’administration d’une dose unique par voie intramusculaire. Sa durée d’efficacité est estimée à six mois. Précision de taille : l’utilisation de ce produit n’a pas été recommandée pour les personnes qui présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire (dyslipidémie, diabète, obésité, hypertension, tabagisme, âge avancé…). D’après la HAS, deux nouveaux traitements anti-Covid sont attendus dans les prochaines semaines.

La menace d’un nouveau variant…

En plein rebond épidémique, l’apparition soudaine d’un nouveau variant suscite craintes et interrogations. Les premières constatations scientifiques sont mitigées : Omicron serait moins virulent mais plus contagieux que Delta. Plus inquiétant, il serait partiellement résistant aux vaccins existants. Publiée il y a quelques jours, une étude sud-africaine atteste d’un niveau d’efficacité quarante fois moindre. Obtenus par le biais d’une analyse menée dans un laboratoire, ces résultats devront être confirmés en vie réelle. Les fabricants se montrent nettement plus rassurants. Dans un communiqué récemment publié, Pfizer et BioNTech garantissent un niveau protection équivalent par rapport aux souches précédentes… dès la troisième injection. Ils disent surtout être capables de finaliser un vaccin adapté d’ici au mois de mars. Au regard des délais de production et de distribution, il ne sera probablement pas accessible avant cet été.

Directement concernées par la troisième injection, certaines personnes âgées n’ont toujours pas reçu la première…

Pour leur permettre d’accéder plus facilement à la vaccination anti-Covid, le ministère des Solidarités et de la Santé vient d’installer un numéro vert, uniquement destiné aux plus de 80 ans. Particulièrement vulnérable face au virus, cette population reste sous-vaccinées par rapport à d’autres tranches d’âge.

Moins enclins à se déplacer, ces patients ne bénéficient pas forcément d’un suivi médical régulier. A leur demande, ils pourront désormais être vaccinés chez eux par un médecin, un infirmier ou une équipe mobile, composée de tous les soignants autorisés à vacciner, dont les aides-soignants. Le rendez-vous pourra être pris par le patient lui-même, son aidant ou une aide à domicile.

Le numéro vert est accessible tous les jours entre 6h et 22h. Selon le ministère, 500 000 assurés sont visés par ce dispositif facultatif qui ne concerne que les primo-vaccinations contre la Covid-19. Les rappels et la grippe en sont exclus.

NB : selon le ministère des Solidarités et de la Santé, 13 % des plus de 80 ans n’ont pas reçu la moindre injection contre la Covid-19.

La propagation du variant delta contraint l’exécutif à employer les grands moyens.

Pour prévenir l’apparition d’une quatrième vague épidémique, tous les personnels soignants et tous les professionnels au contact des personnes fragiles devront être impérativement vaccinés d’ici au 15 septembre prochain.

A compter de cette date, ils ne pourront plus travailler et ne seront donc plus payés. Directement concernés, les paramédicaux accusent un certain retard en la matière, notamment à l’hôpital. Selon un tableau de bord produit par l’AP-HP auquel Le Monde a eu accès, les infirmiers et les aides-soignants font partie des professions de santé les moins vaccinées. Au 11 juin, 37 % des personnels non médicaux pouvaient justifier d’un cycle vaccinal complet, contre 68 % chez les médecins. Selon le dernier point épidémiologique publié par Santé publique France, les chiffres ne sont guère meilleurs dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et dans les unités de soins de longue durée, où le taux de couverture vaccinale est estimé à 45 %.

La situation semble toutefois plus favorable en ville. Au 8 juillet, 75 % des professionnels de santé libéraux étaient complètement vaccinés.