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Dans un message posté fin novembre sur les réseaux sociaux, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam, annonçait le lancement officiel du programme transition écologique du système de santé et santé environnementale.

Sa priorité est clairement affichée : réduire l’empreinte carbone du médicament en s’appuyant notamment sur une méthodologie d’évaluation inspirée par les travaux du Shift Project. Une « perspective colossale » qui passera par la sensibilisation des médecins sur le « coût carbone » de leurs prescriptions, mais aussi par la mise en place d’un système de bonus/malus écologique pour les industriels. Cabinet vert et soins écoresponsables, transports sanitaires et réutilisation des dispositifs médicaux, prévention et pertinence des soins, identification des initiatives locales susceptibles d’être généralisées, transformation des organismes d’assurance maladie… Plusieurs chantiers seront par ailleurs initiés par la Cnam qui veut apporter sa contribution pour atteindre les objectifs fixés par le GIEC, soit la neutralité carbone du système de santé d’ici à 2050. Ces travaux s’inscriront dans la feuille de route pour la planification écologique du système de santé, laquelle découle du plan d’action France Nation Verte.

NB : Cécile Traon a été nommée directrice du programme transition écologique et santé environnementale au sein de la Cnam.


Photo : Philippe Chagnon/Cocktail Santé

Les syndicats professionnels et l’assurance maladie négocient actuellement une nouvelle convention médicale. Dans un périmètre budgétaire restreint, comprimé par une inflation importante, les parties signataires devront innover pour relever le défi de l’accès aux soins. Au regard des ambitions et des attentes affichées, la discussion pourrait rapidement virer à l’affrontement.

Le marathon a commencé début novembre, et devrait durer plusieurs mois. Les six organisations syndicales représentatives des médecins libéraux* et l’assurance maladie négocient actuellement une nouvelle convention médicale. Assorti de droits et de devoirs, ce contrat liera les deux parties pour une durée de cinq ans. Quatre objectifs prioritaires ont été fixés par la pouvoirs publics : améliorer l’accès aux soins de tous et lutter contre les déserts médicaux ; renforcer la qualité des soins et soutenir l’action des médecins libéraux en matière de santé publique ; garantir un médecin traitant à chacun, en libérant du temps médical ; poursuivre le développement du numérique en santé. Dans un contexte marqué par la chronicité, le vieillissement et la pénurie, la discussion doit permettre de trouver un équilibre entre les engagements et les moyens. « C’est un rendez-vous important pour les assurés sociaux et leurs conditions d’accès aux soins. C’est un rendez-vous important pour les médecins libéraux, leurs conditions d’exercice et leur rémunération », résume Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, qui se dit prêt à investir pour restaurer l’attractivité de la profession. Dans le calendrier établi, les partenaires conventionnels devront trouver un terrain d’entente avant le 28 février 2023. Faute d’accord, un règlement arbitral sera imposé par la puissance publique…

Faux départ !

Dans un périmètre budgétaire restreint, comprimé par une inflation galopante, la voie sera particulièrement étroite. Parmi d’autres sujets brûlants, comme les règles d’installation ou les délégations de tâches avec les autres professions de santé, la refonte de la nomenclature et la revalorisation des actes seront des enjeux centraux. Premier signal défavorable : les syndicats médicaux ont quitté la table des négociations dès la séance inaugurale, refusant d’attendre le mois de janvier pour aborder les questions tarifaires, jugées prioritaires pour accueillir davantage de patients. Au regard des ambitions et des attentes affichées, la discussion pourrait rapidement tourner à l’affrontement, à l’image de la fronde menée par les biologistes. Représentatifs ou non, plusieurs syndicats professionnels ont lancé un préavis de grève pour les deux premiers jours du mois de décembre, appelant tous les médecins libéraux du pays à fermer leur cabinet pendant quarante-huit heures. A des degrés divers et selon des modalités différentes, ils revendiquent une augmentation significative du montant de la consultation médicale. Certains exigent un alignement sur la moyenne européenne, soit cinquante euros. D’autres réclament plusieurs niveaux de tarification, compris entre trente et cent-cinquante euros, en fonction de la complexité, de la durée et de la fréquence des cas traités, voire de l’expertise requise.

(*) Avenir Spé-Le Bloc, CSMF, FMF, MG France, SML et UFML-S.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Selon l’assurance maladie, 170 millions de tests ont été remboursés en 2021. Un niveau record qui se traduit par une charge financière estimée à 6,7 milliards d’euros.

« Un chiffre provisoire qui doit encore être consolidé », soulignait Thomas Fatôme, son directeur général, lors d’une visio-conférence organisée mi-janvier. Parmi les rares motifs de satisfaction affichés, les différents ajustements tarifaires intervenus durant l’année auront permis d’atténuer l’impact économique de ce recours accru aux tests RT-PCR et antigéniques remboursables.

Autre paramètre important : 32,05 millions d’arrêts de travail ont été pris en charge l’an dernier. Un volume globalement stable, dont le coût réel n’a pas encore pu être évalué précisément. Seule certitude, la moitié d’entre eux serait imputable au Covid-19. D’après la Cnam, le poids de la dépense devrait être équivalent à celui de l’année précédente, soit aux alentours de 9,2 milliards d’euros, malgré la nette accélération constatée en décembre sous l’effet du variant Omicron.

Véritable marqueur de la flambée épidémique, 28 millions de tests ont été remboursés au cours de ce seul mois, soit un coût proche du milliard d’euros. Une dynamique exceptionnelle qui s’est encore accentuée ces dernières semaines.

Les acteurs du monde mutualiste sont sur le qui-vive. A la demande d’Olivier Véran, le HCAAM* planche depuis plusieurs semaines sur une éventuelle extension du champ d’intervention de l’assurance maladie obligatoire.

L’instance étudie quatre hypothèses, dont celle d’une Sécurité sociale universelle qui couvrirait la quasi-totalité des dépenses de santé, à la manière des affections de longue durée. Radicalement opposés à cette réforme, les organismes complémentaires redoutent la perte d’une très grande partie de leur activité et la destruction de nombreux emplois. Le projet est également remis en cause par le corps médical qui craint un encadrement drastique des dépassements d’honoraires, jugés essentiels dans certaines spécialités et certains territoires. Controversée, cette piste vient d’être officiellement écartée par le gouvernement.

Parmi d’autres inconvénients, elle se serait notamment soldée par une hausse significative des prélèvements obligatoires, estimée à 22,4 milliards d’euros par an. Elle aurait aussi entraîné une vague massive de licenciements qui aurait pu toucher 30 000 salariés.

Trois autres scénarios sont toujours à l’étude : une simple amélioration du cadre actuel, une assurance complémentaire obligatoire, universelle et mutualisée, et un décroisement des domaines d’intervention entre l’AMO et l’AMC. En cours de finalisation, le rapport du HCAAM devrait être remis au gouvernement à la mi-décembre.

(*) Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie – HCAAM.

L’assurance maladie et les deux syndicats d’infirmiers libéraux se sont entendus sur les conditions de la rétribution des pratiques avancées en ville, le 4 novembre dernier. Cet avenant conventionnel prévoit différents niveaux de rémunérations forfaitaires, qui valorisent la prise en charge assurée par les IPA, mais aussi les missions transversales de coordination et de recherche associées.

Destiné à vérifier l’éligibilité du patient, un entretien préalable (20 €) sera complété par quatre forfaits trimestriels (58,90 € pour le premier, puis 32,70 € pour les trois autres). Le montant total des interventions réalisées pourra donc atteindre 177 euros par an et par assuré suivi. A noter : une majoration spécifique (3,90 €) pourra être appliquée pour les enfants de moins de sept ans et les personnes âgées de plus de quatre-vingt ans, soit 20 % de la patientèle anticipée. Issu du forfait annuel d’aide à la modernisation, l’indicateur d’exercice coordonné sera porté à 400 euros pour les infirmiers de pratique avancée, contre 100 euros pour les infirmiers libéraux. Il atteindra même 1 120 euros pour les IPA conventionnés exerçant en zone de sous-densité médicale.

Les partenaires conventionnels se sont par ailleurs accordés sur l’octroi d’une aide financière au démarrage de l’activité exclusive de pratique avancée, quelle que soit la zone d’installation. Versée sur deux ans, cette prime de 27 000 euros sera néanmoins soumise à conditions. Les bénéficiaires devront suivre un nombre minimal de patients (50 la première année et 150 la deuxième année). Ce soutien financier sera également suspendu au-delà de 300 patients, stade à partir duquel la viabilité économique de l’activité est considérée comme acquise. Inscrite dans la loi Touraine de 2016 et réaffirmée dans le plan « Ma santé 2022 », la création du métier d’infirmier de pratique avancée doit permettre d’améliorer le suivi des patients chroniques, d’optimiser le temps médical et de renforcer l’accès aux soins. Selon l’assurance maladie, 5,6 millions de personnes sont potentiellement concernées par cet accompagnement spécifique.