L’intégration pédagogique universitaire de la formation infirmière marque une étape importante dans l’histoire de la profession.
Elle traduit la reconnaissance académique d’un champ disciplinaire en pleine affirmation : les sciences infirmières. Mais cette évolution, encore en construction, soulève de nombreuses questions pratiques et organisationnelles.
A ce stade, les projets de textes sont toujours en concertation et rien n’est arrêté. Nous savons néanmoins que le diplôme d’Etat et le grade de licence seront désormais délivrés par le président de l’université. Ce transfert de responsabilité implique un certain nombre de décisions relevant soit du président lui-même, soit d’une future commission pédagogique dont la composition et les prérogatives restent inconnues. Cette incertitude sur la gouvernance ne permet pas d’anticiper le rôle de chacun dans le futur dispositif.
Dans cette nouvelle architecture, la place du directeur d’institut devra être repensée. Plus que jamais, il lui reviendra d’assurer le lien entre l’université, les formateurs et les terrains de stage : une fonction de médiation et de pilotage essentielle pour garantir la cohérence entre exigences académiques et professionnalisation. Les enseignants-chercheurs joueront un rôle clé dans le développement des sciences infirmières, mais leur action devra s’articuler avec celle des formateurs actuels, porteurs d’une expertise pédagogique et clinique précieuse. De même, les professionnels de terrain devront rester au cœur du dispositif, car ils accompagnent, guident et forment les étudiants au quotidien. La co-construction sera donc une condition sine qua non dans la réussite de ce projet.
Nous sommes actuellement dans une phase de transition, où l’équilibre entre identité universitaire et culture professionnelle doit être trouvé. L’intégration ne se décrète pas : elle se construit pas à pas, dans le respect des missions de chacun. Les textes que nous attendons impatiemment seront déterminants, non seulement pour la formation infirmière, mais également pour l’ensemble des cursus déjà universitarisés. C’est là que se jouera l’avenir d’une véritable pédagogie universitaire au service de la profession et de la qualité des soins.




