Le directeur d’institut est face à un important défi dans le contexte actuel d’universitarisation des formations paramédicales : conserver son identité issue de son expérience professionnelle tout en valorisant sa crédibilité face à ses homologues de l’enseignement supérieur et de la recherche, le plus souvent élus et dotés de diplôme de niveau I.

La démarche de l’ANdEP, qui a présenté son 4ème rapport « Quelle place pour le directeur d’institut de formation à l’université ? » lors des XXIe journées d’études de l’association qui se sont déroulées les 4 et 5 décembre derniers à Paris, est d’offrir un panorama sur les différentes réalités qui se cachent derrière le titre de directeur : directeur d’institut (majoritairement doté d’un diplôme de niveau II), directeur de département, directeur de la recherche et directeur du développement commercial et des partenaires, entre autres.

« Il s’agit de calibrer les compétences qui sont transférables et d’enrichir la vision des directeurs d’institut sur l’université dans le but d’une intégration fonctionnelle ou organique », indique Florence Girard, la présidente de l’ANdEP. Même si la logique de comparaison est un moyen d’envisager des formations complémentaires, ce rapport « n’a pas de valeur de prescription », prévient-elle.

Réalisé par Hélène Macaire et Delphine Asenmacher à partir d’entretiens conduits avec des représentants des différentes fonctions de direction de six structures – deux UFR de médecine, deux instituts universitaires (IUT et IAE) et deux écoles (d’ingénieurs et de design)-, ce travail permet de faire ressortir les multiples compétences des directeurs d’instituts, en transversalité avec les autres directeurs.

« Un directeur, ça dirige ! », a commenté Danièle Tourpiller, la directrice du Centre National de Gestion. « Vous êtes dans les composantes de la stratégie, du pilotage, de l’animation et de la coordination, du partenariat, du management des équipes et des projets, de la recherche, du dialogue social, de l’évaluation et du contrôle, de l’ouverture d’esprit et de la créativité » , a-t-elle poursuivi en soulignant la différence entre métier (exercé à temps plein) et fonction (exercée à temps partiel, le plus souvent) avec un principe de responsabilité divergent.

« Quand on est directeur, on dirige, mais ça n’est pas tout le temps le cas à l’université », a rebondi Michel Louazel, directeur de l’institut de management à l’EHESP qui a invité l’ANdEP à réfléchir de concert, sur la base de ces fiches métiers, à la rénovation des formations statutaires et à la question du diplôme.

Dans une période transitoire, il semble d’ores et déjà possible d’entrevoir, grâce à ces compétences multiples, une légitimité au sein des établissements d’enseignement supérieur. Pour Danièle Tourpiller, cette transition doit prendre en compte les questions de la durée (en fonction d’un terme fixé ou en fonction de la personne en poste) et de la dérogation au diplôme. « Vous êtes totalement légitimes » dans ce nouvel univers académique et professionnel, a confirmé, pour sa part, Michel Louazel.