Alors que la crise sanitaire fait rage, la politique de l’ANdEP se résume en deux mots : anticipation et mobilisation.

Très tôt, nous avions alerté le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation quant aux difficultés rencontrées par certains instituts pour assurer la continuité pédagogique, faute de moyens logistiques adaptés.

Les ministres de tutelle ont réagi rapidement. 5 000 étudiants en soins infirmiers pourront prolonger leur apprentissage, en se connectant à la plate-forme de la Croix Rouge.

Autre préoccupation majeure, les stages font également l’objet de discussions régulières entre les associations et les pouvoirs publics.

La tâche s’avère complexe pour les directeurs d’instituts. Ils doivent non seulement répondre à la demande des structures de santé dans le besoin, mais ils doivent également assurer la formation, la diplomation et la protection de leurs étudiants, dont le statut mérite aujourd’hui d’être pleinement reconnu dans la lutte contre le coronavirus.

Mise entre parenthèse, la sélection des « dossiers ParcourSup » mobilise naturellement toute notre attention, même si la plupart des formateurs sont actuellement engagés sur le terrain. L’ANdEP en appelle à la solidarité des enseignants issus des régions les moins touchées pour aider leurs collègues et garantir la pérennité du cycle de formation.

Espérons que nous aurons bientôt le plaisir de nous retrouver pour tirer – tous ensemble – les enseignements de cette période délicate.

La nature et le montant des indemnisations forfaitaires attribuées aux infirmiers réquisitionnés pour gérer la crise sanitaire ont été précisés dans un arrêté publié le 30 mars dernier. Prise en charge, déplacement, hébergement : ce soutien financier concerne les professionnels comme les étudiants.

Les infirmiers libéraux conventionnés ou non et les infirmiers remplaçants bénéficient désormais d’une indemnisation horaire brute, variable selon les tranches d’heures (36 € pour la plage 8h-20h ; 54 € pour les plages 20h-23h et 6h-8h ; 72 € pour la plage 23h-6h, les dimanches et les jours fériés).

Seule condition pour y prétendre, ils devront travailler «dans le cadre d’une réquisition en dehors de leur lieu habituel d’exercice». Les infirmiers retraités ou sans activité professionnelle pourront également prétendre à une rémunération circonstanciée, quoique légèrement inférieure (24 € pour la plage 8h-20h ; 36 € pour les plages 20h-23h et 6h-8h ; 48 € pour la plage 23h-6h, les dimanches et les jours fériés). D’autres catégories d’infirmiers disposeront d’une compensation spécifique, à commencer par les infirmiers salariés des centres de santé.

Les étudiants bénéficient d’un « régime » spécifique

Les étudiants infirmiers et les étudiants aides-soignants profiteront eux aussi d’une indemnisation forfaitaire horaire brute, à condition d’exercer « dans le cadre d’une réquisition au-delà de leur obligation de service » (12 € pour la plage 8h-20h ; 18 € pour les plages 20h-23h et 6h-8h ; 24 € pour la plage 23h-6h, les dimanches et les jours fériés). Pour les frais de déplacement et d’hébergement, les professionnels et les apprentis réquisitionnés seront logés à la même enseigne. Ils seront « pris en charge selon les modalités applicables aux déplacements temporaires des personnels civiles de l’Etat ».

Dans la plupart des cas, les indemnisations et les remboursements des frais occasionnés seront « versés par la caisse primaire d’assurance maladie du département duquel relève le représentant de l’Etat ayant émis l’ordre de réquisition ».

Consulter l’arrêté sur Légifrance

Un chiffre résume à lui seul l’ampleur du risque sanitaire lié au Covid-19 : plus de 70 000 personnes âgées en perte d’autonomie sont actuellement hébergées dans près de 7 000 EHPAD.

Pour protéger cette population particulièrement vulnérable, le ministre des Solidarités et de la Santé a pris des mesures fortes le 28 mars dernier. En complément du « plan bleu », déclenché il y a presque un mois, Olivier Véran a promis le déstockage quotidien de 500 000 masques chirurgicaux, quitte à s’appuyer davantage sur les départements et leurs propres réseaux de distribution pour simplifier et accélérer l’acheminement.

Il entend également tester en priorité les personnels de ces établissements, les invitant par ailleurs à réduire au maximum leurs déplacements. Il n’exclut pas non plus un isolement individuel préventif des résidents, même si la décision finale n’a pas encore été validée par le pouvoir exécutif.

Autre engagement notable : le ministre de la Santé dit avoir mandaté les ARS pour organiser un parcours de soins adapté au grand âge. Deux options sont envisagées, à savoir l’identification d’une filière d’admission hospitalière spécifique pour les malades du coronavirus et le renforcement du soutien apporté par les équipes mobiles sein des EHPAD.

L’Ile-de-France est la région française la plus touchée par le Covid-19. Pour pallier le manque de moyens humains, le ministère du Travail vient de débloquer une enveloppe exceptionnelle de 18 millions d’euros.

Elle permettra de recruter 9 000 étudiants infirmiers, soit 4 500 dans les hôpitaux de l’AP-HP et 4 500 dans les autres hôpitaux publics et privés franciliens. Concrètement, les indemnités de stage seront revalorisées à hauteur de 1 400 euros par mois, contrairement aux normes habituellement en vigueur (112 euros par mois en première année, 152 euros par mois en deuxième année, 200 euros par mois en troisième année).

Autre région sinistrée, le Grand Est a reçu 11 millions d’euros. Cette somme contribuera également à revaloriser les indemnités de stage des 6 600 élèves infirmiers et des 1 600 élèves aides-soignants* déjà mobilisés sur le terrain. Ils percevront respectivement 1 400 et 1 000 euros par mois.

Pour accompagner un personnel soignant débordé, le ministère du Travail aura donc choisi de prélever 29 millions d’euros sur les crédits du plan d’investissement dans les compétences (PIC).

Si l’ANdEP salut le geste, elle regrette cependant que ce soutien financier se limite pour l’instant à quelques territoires, et non à l’ensemble du pays.

(*) En temps normal, les apprentis aides-soignants ne perçoivent aucune indemnité de stage.

Selon les termes d’un arrêté publié le 26 mars dernier, les orthophonistes peuvent recourir à la télésanté pour parer à l’urgence sanitaire, à l’exclusion des bilans initiaux et des renouvellements de bilan.

Une quinzaine d’actes pourront désormais être pratiqués par vidéotransmission et facturés à l’assurance maladie*, dont la rééducation et/ou le maintien et/ou l’adaptation des fonctions de communication, du langage, des troubles cognitivo-linguistiques et des fonctions oro-myo-faciales chez les patients atteints de pathologies neurologiques d’origine vasculaire, tumorale ou post traumatique.
Ils seront toutefois conditionnés à la réalisation préalable d’un premier soin par l’orthophoniste, en présence du patient. Autres conditions posées : la présence d’un des parents pour les mineurs et la présence d’un aidant pour les personnes en perte d’autonomie.
Exceptionnelle et temporaire, cette mesure est également facultative. Il appartiendra à chaque professionnel de déterminer la pertinence du télésoin, en fonction de la situation donnée et dans le respect absolu des règles déontologiques.

(*) Voir : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000041755801

Dans un courrier adressé au ministre des Solidarités et la Santé, le CNOMK* demande « la publication en urgence d’un texte permettant aux kinésithérapeutes de pratiquer le télésoin ».

Pour la profession, l’enjeu est double. Selon sa présidente, cette autorisation contribuerait à limiter les séquelles subies par certains patients, en assurant des soins essentiels «au moins pendant la période de circulation active du virus». Elle prend notamment pour exemple les suites de traumatologie et de chirurgie orthopédique, et plus particulièrement les personnes victimes d’atteintes neurologiques graves et évolutives ou les personnes âgées confinées.

Pour Pascale Mathieu, cette pratique atténuerait également «les difficultés économiques majeures» liées à la fermeture des cabinets, raison pour laquelle elle a d’ailleurs choisi d’adresser un courrier équivalent au ministre de l’Economie et des Finances. «En suivant les recommandations de leur ordre professionnel, les masseurs-kinésithérapeutes ne peuvent pas bénéficier d’une indemnisation compensatoire, s’agissant d’une décision civique et non administrative», regrette-t-elle.

(*) Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes – CNOMK.