Selon la FHF, 97 % des établissements de santé peinent à recruter des paramédicaux, même s’il s’agit de difficultés ponctuelles pour un tiers d’entre eux, comme le soulignent les auteurs d’une enquête en ligne* à laquelle ont participé 17 CHU, 242 CH et 74 EHPAD, soit plus de 470 000 agents publics hospitaliers.

Sans surprise, les problèmes de recrutement concernent essentiellement les infirmiers et les aides-soignants, devant les métiers de la rééducation et les infirmières spécialisées. Autre évidence mis en exergue, la filière du grand âge est sinistrée. Les EHPAD sont majoritairement confrontés à des postes vacants, avec des jeunes professionnels qui se détournent de plus en plus de ce secteur, alors que le besoins vont croissants.

Parmi les explications avancées par les responsables hospitaliers en ressources humaines, citons notamment l’image délétère de ces métiers, caractérisés par des conditions de travail difficiles et une rémunération globalement insuffisante. La recherche d’un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle semble également peser dans la balance. Dans ce contexte délétère, l’exercice libéral est de plus en plus privilégié, notamment par les infirmiers. Trois raisons sont évoquées par la FHF : une meilleure flexibilité organisationnelle, une demande croissante de professionnels intervenants à domicile et un niveau de rémunération plus élevé.

(*) « Attractivité paramédicale et difficultés de recrutement », Fédération hospitalière de France (octobre 2019).

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a officiellement débuté le 15 octobre dernier. A cette occasion, l’Ordre des infirmiers a déployé un dispositif de communication spécifique, comportant notamment deux affiches ciblées : l’une à l’attention des patients, l’autre à destination des professionnels.

La première doit être apposée sur la devanture des cabinets infirmiers pour signaler la tenue d’une permanence vaccinale au grand public. La seconde rappelle le devoir d’exemplarité de l’infirmier, qui se doit d’être vacciné pour éviter la propagation du virus et protéger les populations les plus fragiles.
Pour appuyer sa démarche, l’Ordre vient de dévoiler les résultats d’une enquête thématique* qui confirme le rôle majeur joué par la profession dans le domaine de la vaccination. Parmi les chiffres-clés : 88 % des répondants disent injecter le vaccin antigrippal.

Rappelons que les infirmiers peuvent désormais vacciner tous les adultes figurant au calendrier vaccinal, y compris les femmes enceintes et les personnes n’ayant jamais été vaccinées, sans prescription préalable du médecin. Fort d’un maillage territorial cohérent, ils bénéficient également de la confiance du grand public. A cet égard, ils constituent un moteur décisif dans la lutte contre l’hésitation vaccinale et l’amélioration d’une couverture populationnelle déclinante, contribuant ainsi à la réduction d’une surmortalité pour partie évitable, notamment chez les personnes âgées.

(*) 5 600 pharmaciens ont répondu à cette enquête menée par l’Ordre des infirmiers, en partenariat avec Tous pour la santé, sur une période de six mois (janvier-juin 2019).

Le 23 octobre dernier, le Premier ministre dévoilait sa stratégie pour soutenir les aidants familiaux, en compagnie de la ministre de la Santé et de la secrétaire d’Etat en charge du Handicap.

Doté d’un budget de 400 millions d’euros sur trois ans (2020-2022), ce plan d’action gouvernemental officialise notamment la création d’un congé indemnisé pour les personnes prenant soin d’un proche malade, âgé ou handicapé, soit entre huit et onze millions de Français.

Versé par la Caisse d’allocation familiale ou les Caisses de la mutualité sociale agricole, il atteindra 43,52 euros par jour pour une personne en couple. Pour une personne seule, il sera de 52 euros. Fractionnable, ce congé spécifique ne pourra toutefois pas excéder plus de trois mois sur l’ensemble d’une carrière, mais il sera automatiquement comptabilisé dans le calcul de la retraite. La mesure sera expérimentée à compter du mois d’octobre 2020, comme le prévoit le PLFSS, actuellement débattu au Parlement. Dès 2022, cette indemnisation coûtera 100 millions d’euros par an à la collectivité. Une somme qui pourrait prochainement croître significativement, en même temps que les bénéficiaires (aujourd’hui estimés à 200 000, ndlr), vieillissement de la population oblige.

D’autres mesures fortes figurent également dans ce dispositif d’aide en faveur des proches aidants, à commencer par l’installation d’un numéro téléphonique national de soutien, la mise en ligne d’une plate-forme numérique d’informations et la construction de lieux « labellisés » pour les recevoir et les orienter vers un accompagnement approprié, au besoin. Il programme par ailleurs la création de 200 000 solutions de répit supplémentaires et la multiplication des initiatives de relayage. Selon le gouvernement, ce plan doit permettre de lutter contre la précarité financière, l’isolement social, l’épuisement, voire le décrochage scolaire pour les plus jeunes.

Selon les résultats d’une enquête réalisée par l’URPS OI*, un tiers des infirmiers libéraux de Mayotte et de l’île de La Réunion envisage de cesser toute activité d’ici cinq ans.

Une nouvelle préoccupante dans des territoires déjà fragilisés par l’augmentation des pathologies chroniques et le vieillissement de la population. Profils, conditions d’exercice, problématiques spécifiques : cette analyse chiffrée compile les réponses fournies par 357 professionnels*, implantés dans ces deux départements d’outre-Mer. Polyvalents et plutôt expérimentés**, les répondants considèrent leurs conditions de travail comme « difficiles ou très difficiles », tant à La Réunion (92 %) qu’à Mayotte (96 %). Ils déplorent également un manque de reconnaissance de leur métier, regrettant notamment des échanges d’informations « limités, peu structurés et peu sécurisés » avec les médecins et les établissements de santé locaux. Un point positif tout de même : les infirmiers réunionnais (82 %) et les infirmiers mahorais (85 %) ont le sentiment que leur travail est reconnu par leurs patients.

(*) « Conditions d’exercice et d’activité des infirmiers libéraux à La Réunion et à Mayotte », URPS Océan Indien/Ipsos, avec le soutien financier de l’ARS OI (septembre 2019).

(**) Les infirmiers réunionnais ont 15 ans d’expérience, en moyenne, contre neuf ans pour les infirmiers mahorais.

Le mois d’octobre aura été particulièrement fertile pour le secteur sanitaire et médico-social.

Outre le plan gouvernemental en faveur des proches aidants et les propositions de Myriam El Khomri visant à « restaurer l’attractivité des métiers du grand âge », la création des sections CNU pour les sciences infirmières, celles de la rééducation et de la réadaptation et de la maïeutique constitue une avancée majeure, qui facilitera notamment la reconnaissance de ces disciplines et la construction des filières.

Il nous appartient désormais de convaincre les universités, éventuellement réticentes, de recruter des enseignants-chercheurs en leur sein.

Au-delà de leurs travaux de recherche, qui permettront l’utilisation de données probantes, ces derniers pourraient être des « passeurs » entre le monde universitaire et celui des instituts de formation, comme le soulignait Isabelle Richard, lors du congrès de la FNESI, auquel participait naturellement l’ANdEP. « Penser la diversité et la complémentarité des rôles entre ces enseignants-chercheurs qui ont une expertise dans le domaine de la recherche et les formateurs en institut de formation qui ont une expertise professionnelle » : tel est le défi proposé pour construire l’avenir.

Autre « révolution de palais », le rapport El Khomri consacre « la nécessité d’apporter une reconnaissance sociale et matérielle à la hauteur de l’engagement quotidien des soignants du grand âge et de l’autonomie », comme le rappelait très justement Agnès Buzyn. Les propositions formulées par l’ancienne ministre du Travail de François Hollande concernent essentiellement les métiers d’aide-soignant et d’accompagnant éducatif et social, mais elles s’inscrivent dans un champ bien plus large, celui de la prise en charge des personnes âgées, dépendantes et handicapées, qu’elles soient en structure ou domicile.

Remaniement de la formation d’aide-soignante de la sélection à la diplomation, restructuration de la formation continue, création d’une culture gériatrique au sein des équipes : les réflexions du groupe de travail piloté par la DGOS vont dans le sens de ce rapport. Tous les changements induits par ces différents travaux, en lien avec « Ma Santé 2022 », doivent maintenant se concrétiser.

Plus que jamais, les directeurs d’institut devront mutualiser les expertises pour élaborer les stratégies les plus adaptées dans le domaine de la formation. Un excellent sujet de discussion qui ne manquera d’alimenter les débats lors de nos journées d’études, organisées les 10 et 11 décembre prochains !

 

La recherche en sciences infirmières est aujourd’hui enfin consacrée dans nos institutions. Le Conseil des ministres du 30 octobre a en effet adopté un décret qui ouvre la voie à la création de trois sections de qualification du Conseil National des Universités en sciences infirmières (CNU 92), en maïeutique (CNU 90), en sciences de la rééducation et de la réadaptation (CNU 91).

La mesure est technique mais la portée symbolique et pratique est considérable.

Ce décret constitue :

  •  Une chance pour le système de santé français, de rattraper son retard dans des champs de
    recherche trop souvent délaissés alors qu’ils sont largement investis par les chercheurs
    d’autres pays.
  • Une opportunité pour la profession infirmière – et les autres professions concernées – de faire
    que des chercheurs issus de ses rangs se consacrent à des travaux qui amélioreront les
    connaissances cliniques et la prise en charge de nos concitoyens mais aussi la formation des
    futurs soignants.
  • C’est la possibilité donnée à l’Université de recruter ces enseignants-chercheurs pour consolider, avec
    ses partenaires au sein des instituts et des écoles, l’ancrage universitaire des formations en santé.
  • Après la pratique avancée infirmière et la mise en place des formations partout en France, la
  • profession franchit là une étape capitale pour son attractivité.

 

Beaucoup reste à faire, notamment sur le plan de la reconnaissance.


Contact ANdEP
Florence GIRARD, Présidente – 06 83 20 28 16

Contact CEFIEC
Martine SOMMELETTE, Présidente – 06 33 60 93 41

Contact ORDRE DES INFIRMIERS
Adrien DE CASABIANCA, Responsable relations médias – 06 30 30 34 84

CP Les sciences infirmières entrent au Conseil National des Universités

Cette année plus que jamais, la rentrée aura été placée sous le signe de la protestation, souvent justifiée. La mobilisation des fédérations étudiantes, fermement opposées à la hausse des frais de scolarité, en est la parfaite illustration. Fragilisée par une précarité croissante, la jeune génération peut-elle encore supporter des droits d’inscription toujours plus coûteux, qui plus est dans le secteur public ?

Entre le nécessaire équilibre budgétaire et la relative gratuité des études, la position des directeurs d’institut n’est pas simple. Comme à son habitude, l’ANdEP veut dépasser le stade du simple constat. Elle veut faire avancer la réflexion. Elle veut surtout fournir des solutions concrètes pour améliorer la situation, en jouant notamment tout son rôle au sein du centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants.

Fondamental, le sujet fera d’ailleurs l’objet d’un séminaire thématique, le 4 novembre prochain. A cette occasion, les principales structures d’accompagnement des étudiants en santé seront représentées. Tous les directeurs d’institut seront également conviés. A n’en pas douter, cette journée sera un temps d’échange privilégié pour interroger nos pratiques et partager nos expériences.

Au-delà des discussions, nous devrons être capables de nous projeter sur la prochaine rentrée. Amélioration des conditions d’admission pour les infirmiers, modalités d’intégration des autres professions paramédicales dans le dispositif ParcourSup… Les problématiques ne manquent pas, avec une question majeure en toile de fond : l’interdisciplinarité ne doit-elle pas commencer dès le processus d’admission ?

L’ANdEP n’aura de cesse de faire passer ses messages, quels que soient les cénacles. Pour la première fois, nous avons eu le plaisir d’intervenir lors des journées de l’AFDS*. Nous avons notamment pu dresser un bilan de l’universitarisation, en faisant référence au questionnement qui nous habite. En « regards croisés » avec le CEFIEC**, nous nous sommes également exprimés sur l’indispensable transformation des instituts et l’évolution du métier de directeur en institut. Dans les deux cas, nous avons pu revenir sur l’ensemble des rapports réalisés par l’ANdEP, rapports sur lesquels il serait sûrement pertinent de s’appuyer pour construire notre avenir.

(*) Association française des directeurs de soins – AFDS.
(**) Comité d’entente des formations infirmières et cadres – CEFIEC.

Présenté le 30 septembre dernier, le PLFSS 2020 a déjà fait couler beaucoup d’encre. Initialement prévu pour cette année, le retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale est finalement reporté en 2023.

Selon Bercy, ce « décalage » s’explique par une baisse des recettes, directement liée à la hausse des prestations vieillesse, à l’impact des mesures sociales prises en janvier dernier pour résoudre la crise des « gilets jaunes » ou encore à des prévisions de croissance et de masse salariale inférieures aux attentes. En conséquence, le déficit du régime général et du fonds de solidarité vieillesse devrait atteindre 5,1 milliards d’euros en 2020, contre 5,4 milliards cette année. Comme un symbole, la branche maladie sera une nouvelle fois dans le rouge (- 3 Md€), très loin de l’excédent budgétaire promis l’an dernier. En 2020, l’évolution des dépenses d’assurance maladie a donc été plafonnée à 2,3%, soit 205,3 milliards d’euros. Une fois n’est pas coutume, l’ONDAM* sera plus important en ville (+ 2,4%) qu’à l’hôpital (+ 2,1%).

Nouveau tour de vis sur les dépenses de santé

Pour tenir cet objectif, le gouvernement a concocté un nouveau plan d’économies de 4,2 milliards d’euros, dont 1,94 milliard sur les produits de santé. Les baisses de prix imputables aux médicaments atteindront 920 millions d’euros en 2020, soit un niveau comparable aux cinq années précédentes. La pilule est amère pour les industriels du secteur, qui dénoncent une politique de régulation agressive et contradictoire, notamment vis-à-vis des engagements fixés par le gouvernement dans le cadre du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Selon eux, le médicament représente actuellement 12 % des dépenses de santé, mais il supporte près de 50 % des économies réalisées sur la branche maladie. En ville comme à l’hôpital, la colère monte également chez les professionnels de santé, globalement mécontents des orientations stratégiques et des arbitrages budgétaires de ce PLFSS 2020, qui sera débattu au Parlement à compter du 20 octobre prochain. De son côté, le gouvernement assume ses choix, disant vouloir poursuivre la maîtrise des comptes sociaux, tout en répondant à l’urgence économique et sociale.

500 millions d’euros pour la dépendance

Vivement critiqué, le texte comporte néanmoins quelques investissements louables. En attendant une loi ad hoc, annoncée en fin d’année, le PLFSS 2020 prévoit une enveloppe de 500 millions d’euros pour amorcer la réforme du grand âge et de l’autonomie. Outre l’instauration d’une « indemnisation du congé du proche aidant », certaines mesures permettront de soutenir les services d’aide à domicile, en renforçant notamment la formation des personnels et la qualité des pratiques. Cet investissement accompagnera par ailleurs le plan de rénovation des EHPAD**, qui se soldera par la création de 150000 places et la généralisation progressive de la prime ASG*** pour les aides-soignants ayant suivi une formation sur les spécificités de la prise en charge de la personne âgée. Près de 5 200 postes d’infirmiers et d’aides-soignants seront également créés dès l’an prochain. Pour rappel, la réforme de la tarification des EHPAD devrait dégager une manne financière supplémentaire de 515 millions d’euros entre 2020 et 2021.

 

(*) Objectif national des dépenses d’assurance maladie – ONDAM.
(**) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – EHPAD.
(***) Assistant de soins en gérontologie – ASG.