Privés de cours, de ressources et de vie sociale, les étudiants sont au plus mal. En pleine détresse psychologique et matérielle, ils s’inquiètent pour leur avenir. Régulièrement interpelé sur ces sujets, le gouvernement se contente pour l’instant de mesures timides. L’heure est pourtant à l’urgence.

Le sentiment d’abandon grandit. Les étudiants subissent de plein fouet les aléas de la crise sanitaire. En pleine détresse psychologique et matérielle, ils vivent très mal l’isolement et la précarité. Dans un contexte propice au décrochage, où l’apprentissage à distance devient la norme, ils s’inquiètent aussi pour leur avenir. A l’approche des examens, dont les conditions d’organisation restent incertaines, l’inquiétude monte encore d’un cran. Croissant, ce mal-être se traduit inévitablement dans les chiffres. Selon une récente étude du Figaro Etudiant, trois préoccupations émergent assez nettement : l’insertion sur le marché de l’emploi (79 %), la réussite scolaire (79 %) et la dégradation de la santé mentale (69 %). Pire encore, un étudiant sur cinq nourrit des pensées suicidaires. Certains sont même passés à l’acte. Pleinement mobilisées sur ces sujets, les principales organisations étudiantes montent au créneau. Elles attendent un plan d’urgence qui tarde à venir.

Des mesures timides

Régulièrement interpelé, le gouvernement se contente pour l’instant de mesures timides. Outre une reprise partielle de l’enseignement présentiel, un chèque de soutien psychologique doit permettre aux étudiants de consulter un spécialiste sans avance de frais. Au programme : trois séances de quarante-cinq minutes et un suivi médical prolongé dans la durée. Mise en place début février, cette prise en charge sera intégralement remboursée par la Sécurité sociale et les mutuelles. Il y a plusieurs semaines, l’exécutif avait également annoncé le recrutement de 80 psychologues et de 60 assistants sociaux pour pallier le manque de moyens humains constatés dans le milieu universitaire*.  Autre avancée notable, les étudiants pourront désormais profiter d’un repas à un euro – deux fois par jour – dans leur resto U. Réservée aux boursiers, cette mesure a finalement été généralisée, sans condition de ressources.

Des objectifs lointains

Perçue comme une planche de salut, la reprise des cours sera progressive. Depuis peu, les étudiants peuvent revenir une journée par semaine à l’université, dans le respect des règles sanitaires. Les capacités d’accueil des établissements sont toutefois plafonnées. La jauge ne devra pas dépasser 20 %. Pour Emmanuel Macron, il sera difficile de faire mieux : « Un retour à la normale ne peut pas être envisagé au second semestre. Il nous faudra encore vivre un moment avec le virus, malgré les contraintes. L’objectif collectif, c’est de préparer la rentrée prochaine, dans un pays où le risque pandémique pourra être davantage maîtrisé ». Parmi les chantiers engagés, le gouvernement dit travailler sur une réforme des bourses qui serait effective en septembre. Face à l’ampleur du problème, certaines voix s’élèvent pour réclamer des dispositions plus structurantes. Président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel suggère notamment d’ouvrir le RSA aux moins de 25 ans… pour réduire la pauvreté et les inégalités sociales.

(*) La France compte un psychologue universitaire pour vingt-cinq mille étudiants, soit quinze fois moins qu’aux Etats-Unis.