Face au déficit record des comptes sociaux, le PFSS 2026 pourrait imposer une cure d’austérité sans précédent, qui fait craindre une dégradation massive de l’accès aux soins et un accroissement durable des inégalités de santé. Explications.
7,1 milliards d’euros ! Tel est le poids des économies demandées au secteur de la santé dans le PLFSS 2026. Baisse du plafond de prise en charge des indemnités journalières pour les affections de longue durée non exonérantes, lutte contre les rentes excessives de certains professionnels de santé, encadrement de la prescription des arrêts de travail… Plusieurs mesures radicales impliqueront des « efforts partagés » qui concernent tous les acteurs du système de santé, mais aussi les assurés sociaux, notamment par le biais du doublement du montant des participations forfaitaires et des franchises médicales – et de leur plafond annuel – même si des exceptions sont prévues pour les patients les plus fragiles. Autre annonce majeure : le coût de la suspension (provisoire) de la réforme des retraites sera financé par un gel des retraites de base et une contribution financière accrue des complémentaires, qui se soldera mécaniquement par une hausse des cotisations pour les adhérents. Caractérisés par leur austérité, ces choix budgétaires doivent permettre de réduire le déficit de la branche maladie qui pourrait atteindre 16 milliards d’euros cette année. En conséquence, l’Ondam serait plafonné à 1,6 % en 2026. Un taux historiquement bas.
Levée de boucliers
La copie du gouvernement suscite de vives réactions. Les représentants des professionnels de santé et des usagers sont formels : ce tour de vis budgétaire ne répond pas aux défis posés par les transitions démographiques et épidémiologiques. Peu importe les secteurs et les sensibilités, soignants et soignés redoutent une dégradation massive de l’accès aux soins et un accroissement durable des inégalités de santé. Ils dénoncent la gestion comptable et court-termiste des déficits publics, mais aussi le manque de réponses apportées aux tensions observées sur les ressources humaines, dont les effectifs souffrent, vieillissent et déclinent. Tous réclament une trajectoire rénovée, centrée sur la prévention, la pertinence et la stabilité des financements. Au-delà même des incertitudes politiques, le PLFSS 2026 ne présente aucune garantie de réussite, comme en témoigne le récent avis formulé par le Haut-Conseil des finances publiques : « L’Ondam impliquera un effort de maîtrise nettement plus important que les années précédentes. L’atteinte de la cible des dépenses sociales exige, au minimum, une mise en œuvre rapide de l’ensemble des mesures proposées, ce qui est loin d’être acquis. » Seule certitude ou presque, Sébastien Lecornu ne fera pas usage du 49.3 pour faire adopter le texte.
Un déficit historique
Le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025. Un niveau inédit hors crise sanitaire ou économique majeure. Pour équilibrer les comptes sociaux dans un délai de quatre ans, le gouvernement entend drastiquement limiter la progression naturelle des dépenses, notamment des branches vieillesse et maladie. La première étape du redressement passera par une cure d’austérité généralisée qui doit permettre de ramener le déficit de la Sécu à 17,5 milliards en 2026. En plafonnant l’Ondam (1,6 %) et les sous-Ondam (0,9 % pour la ville et 2,4 % pour l’hôpital), le déficit de la branche maladie pourrait être réduit de 4,7 milliards d’euros…




