Protection des données personnelles, information et transparence, fiabilité des informations, maintien de la relation humaine, formation professionnelle…

Le Conseil national de l’Ordre des infirmiers a récemment publié cinq recommandations préliminaires visant à garantir un usage responsable de l’IA, notamment sur le plan déontologique. Publiées mi-septembre, ces « reco » ont été inspirées par les résultats d’une enquête menée en mai dernier auprès des élus ordinaux.

Plusieurs tendances lourdes ont été identifiées, dont une acculturation imparfaite sur le sujet : 70 % des répondants estiment que leurs connaissances en IA sont faibles ou très faibles et 92 % n’ont pas encore été formés ; 85 % souhaiteraient l’être. Autre enseignement marquant : 29 % des personnes interrogées affirment utiliser l’intelligence dans leur pratique quotidienne, principalement pour alléger leurs tâches administratives, mais les outils auxquels ils ont le plus souvent recours des IA conversationnelles.

NB : le questionnaire ordinal comportait 43 questions portant sur différentes thématiques sur l’utilisation de l’intelligence artificielle par les infirmiers. 243 personnes sur 770 ont répondu à l’enquête, soit un taux de réponse de 31 %.


Illustration : Freepik

Le ministère des Armées ouvre deux formations spécifiques, destinées aux personnels paramédicaux civils, pour renforcer les compétences et favoriser la progression de carrière au sein du Service de santé des armées et de l’Institution nationale des Invalides.

La première formation s’adresse aux aides-soignants souhaitant devenir infirmier. 11 postes seront ouverts en 2026 : six pour le SSA et cinq pour l’INI. Les candidatures seront reçues du 15 octobre au 17 décembre 2025, avant une phase d’admissibilité prévue fin janvier, puis un entretien d’admission à partir du 17 mars 2026. La seconde formation permet d’accéder au diplôme de cadre de santé.

Seuls quatre postes sont proposés cette année : trois pour le SSA et un pour l’INI. Les modalités d’inscription et de sélection sont similaires. Ces dispositifs, réservés aux agents civils titulaires du ministère, visent à valoriser les parcours paramédicaux et à répondre aux besoins croissants de compétences dans les établissements de santé militaires. Ils illustrent la volonté ministérielle de consolider l’attractivité de ses métiers du soin, tout en soutenant la professionnalisation de ses équipes.

NB : le contenu et les modalités de ces deux formations sont définis dans deux arrêtés publiés fin septembre au Journal officiel.


Photo : ESA / Ministère des armées

Dans son dernier rapport annuel, l’Observatoire national des violences en santé pointe une hausse significative des atteintes aux personnes et aux biens, tant dans les établissements de santé (+ 6,7 %) que dans les structures libérales (+ 6,5 %).

Signe particulier : les infirmiers et les aides-soignants sont les deux professions les plus exposées ; elles représentent 90 % des personnels soignants et près de 65 % du total des victimes de violences en santé. Autre caractéristique notable : les violences verbales et physiques sont très largement majoritaires dans les signalements effectués, mais leur gravité augmente, notamment en psychiatrie et dans les services accueillant des personnes vulnérables.

Selon l’ONVS, la baisse des arrêts de travail consécutifs aux violences subies serait trompeuse, car certaines victimes préfèrent garder le silence par crainte de la stigmatisation ou de la surcharge administrative. La diminution des atteintes aux biens serait, quant à elle, bel et bien réelle.

NB : la loi n° 2025-623 du 9 juillet 2025 visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé durcit les sanctions pénales contre les auteurs de violences faites aux soignants qui peuvent aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.


Photo : Freepik

L’intégration pédagogique universitaire de la formation infirmière marque une étape importante dans l’histoire de la profession.

Elle traduit la reconnaissance académique d’un champ disciplinaire en pleine affirmation : les sciences infirmières. Mais cette évolution, encore en construction, soulève de nombreuses questions pratiques et organisationnelles.

A ce stade, les projets de textes sont toujours en concertation et rien n’est arrêté. Nous savons néanmoins que le diplôme d’Etat et le grade de licence seront désormais délivrés par le président de l’université. Ce transfert de responsabilité implique un certain nombre de décisions relevant soit du président lui-même, soit d’une future commission pédagogique dont la composition et les prérogatives restent inconnues. Cette incertitude sur la gouvernance ne permet pas d’anticiper le rôle de chacun dans le futur dispositif.

Dans cette nouvelle architecture, la place du directeur d’institut devra être repensée. Plus que jamais, il lui reviendra d’assurer le lien entre l’université, les formateurs et les terrains de stage : une fonction de médiation et de pilotage essentielle pour garantir la cohérence entre exigences académiques et professionnalisation. Les enseignants-chercheurs joueront un rôle clé dans le développement des sciences infirmières, mais leur action devra s’articuler avec celle des formateurs actuels, porteurs d’une expertise pédagogique et clinique précieuse. De même, les professionnels de terrain devront rester au cœur du dispositif, car ils accompagnent, guident et forment les étudiants au quotidien. La co-construction sera donc une condition sine qua non dans la réussite de ce projet.

Nous sommes actuellement dans une phase de transition, où l’équilibre entre identité universitaire et culture professionnelle doit être trouvé. L’intégration ne se décrète pas : elle se construit pas à pas, dans le respect des missions de chacun. Les textes que nous attendons impatiemment seront déterminants, non seulement pour la formation infirmière, mais également pour l’ensemble des cursus déjà universitarisés. C’est là que se jouera l’avenir d’une véritable pédagogie universitaire au service de la profession et de la qualité des soins.

Dans une situation politique et budgétaire dégradée, la chute de François Bayrou plonge le pays dans le doute… et interroge ouvertement la poursuite de certaines réformes essentielles, notamment dans le domaine de la santé. Seule certitude : la France compte un cinquième Premier ministre en trois ans.

194 voix pour et 364 voix contre. L’Assemblée nationale a refusé d’accorder sa confiance au projet de redressement des comptes publics proposé par François Bayrou, qui avait engagé la responsabilité de son gouvernement au titre de l’article 49 alinéa 1 de la Constitution. En ouverture d’une séance extraordinaire du Parlement, le 8 septembre dernier, les députés ont très largement voté contre son plan pluriannuel de réduction de la dette publique et de relance de la production économique, entraînant de facto la démission du Premier ministre*. « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer le réel. Le réel demeurera inexorable, les dépenses continueront d’augmenter plus encore et le poids de la dette, déjà insupportable, sera de plus en plus lourd et de plus en plus cher », commentera un François Bayrou résigné. Prenant acte de cette décision, Emmanuel Macron a rapidement nommé Sébastien Lecornu, ministre des Armées depuis le début du quinquennat, qui a immédiatement été chargé de consulter les forces politiques pour adopter un budget et de construire des accords pour garantir la stabilité politique et institutionnelle du pays.

Réserves et inquiétudes

Une fois n’est pas coutume : les réactions ont été relativement discrètes. Le monde de la santé redoute des changements superficiels, mais aussi la remise en cause de certaines réformes essentielles. « Cette situation ne doit surtout pas retarder les échéances sociales et budgétaires prévues », rappelle le Sniil, qui fait notamment de la poursuite de la réforme infirmière et des revalorisations tarifaires un double enjeu majeur. De leur côté, les fédérations hospitalières réclament une stabilité institutionnelle et une priorité réelle donnée à la santé, notamment via une présentation rapide du projet de loi de financement de la Sécurité sociale et l’adoption d’une loi de programmation en santé. Priorité des priorités, le montant du prochain Ondam suscite de vives inquiétudes. « Il doit absolument être à la hauteur des besoins de notre système de santé et des attentes de notre profession, prévient le Sniil. Si son taux de progression était insuffisant, le comité d’alerte pourrait être amené à geler les revalorisations tarifaires obtenues dans le cadre des discussions conventionnelles. » Les médecins libéraux en ont récemment fait les frais…

Une suite en pointillé…

Au-delà des grandes orientations budgétaires, la chute du gouvernement Bayrou soulève plusieurs interrogations, notamment en termes de calendrier. Selon les textes organiques, le PLF et le PFSS doivent être déposés avant le mardi 7 octobre. Faute de pouvoir respecter ce délai, une loi spéciale au périmètre restreint pourrait s’imposer… comme l’an dernier. Outre un possible retard, la configuration politique actuelle fragilise la position du nouveau Premier ministre. Dans une Assemblée nationale fragmentée, divisée et polarisée, où les jeux de pouvoir bloquent toutes les velléités de réforme par crainte de représailles sociales ou de censure parlementaire, les solutions ne sont pas légion. Toujours écartée par le président de la République, une nouvelle dissolution ne peut pas être totalement exclue, ses marges de manœuvre étant de plus en plus restreintes. « Il va falloir être sûrement plus créatif, parfois plus technique, et plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions. Il faut changer de discours et de méthode sur le fond et sur la forme », disait Sébastien Lecornu, lors de la cérémonie de passation. Seule certitude : la France compte un cinquième Premier ministre en trois ans. Pour combien de temps ?

(*) Suppression de deux jours fériés, doublement du plafond des franchises médicales et des participations forfaitaires, gel des prestations sociales… Le plan Bayrou proposait notamment de réduire la dette publique de 44 milliards d’euros dès 2026.


Photo : Luc Seba / Cocktail Santé

Dans un communiqué publié début septembre, la FNESI dénonce une hausse importante des frais de scolarité pour les étudiants en soins infirmiers.

Blouses, chaussures, matériel médical, livres… La facture atteint 3 034 euros, en moyenne, soit une progression de 8,43 % par rapport à la rentrée 2024. « Malgré une instruction prévoyant la fourniture et l’entretien des tenues professionnelles par les structures d’accueil, certains étudiants doivent encore les acheter eux-mêmes », souligne la Fédération. Autre « injustice financière » pointée du doigt : les ESI paieront 506,07 euros de plus que les autres étudiants du supérieur. Pour limiter les risques d’abandon* et réduire la précarité étudiante, la FNESI réclame des mesures concrètes, comme la gratuité des visites médicales via les services de santé étudiante ou la médecine du travail. Elle préconise deux autres solutions : inscrire explicitement la prise en charge des tenues dans le futur arrêté de formation, et engager un dialogue stratégique avec les établissements et les autorités pour réévaluer les indemnités de stage et réformer le système de bourses.

(*) Selon la FNESI, 70 % des étudiants en soins infirmiers ont envisagé d’arrêter leur formation, dont 16,5 % pour raisons financières.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Dans un communiqué publié début septembre, la Fédération nationale des CPTS dresse un état des lieux du déploiement de ces structures de proximité, qui regroupent des professionnels de santé autour de projets territoriaux pour améliorer l’accès aux soins et la coordination des parcours de santé.

Selon les dernières données disponibles, la France comptait 821 CPTS en 2024, dont 691 actives, qui couvraient 84 % du territoire. Structuration des parcours, déploiement des actions de prévention, gestion des crises sanitaires, renforcement du lien ville/hôpital… Elles remplissaient des missions essentielles pour les populations couvertes : 70 % orientaient les patients sans médecin traitant, 72,6 % répondaient aux soins urgents et 65 % participaient au SAS. Elles avaient également des impacts professionnels tangibles : 70 % accueillaient des étudiants, 58 % soutenaient des projets d’installation et 45 % optimisaient le temps de soins. Pour accroître leur utilité médicale et sociale, la FCPTS formule trois recommandations : rénover le cadre conventionnel, clarifier les missions et adapter les financements aux réalités territoriales. Dans un contexte de désertification médicale aggravée, la Fédération recommande un travail concerté avec la CNAM et la DGOS pour renforcer les bonnes pratiques et garantir la pérennité des CPTS.

NB : les Communautés professionnelles territoriales de santé ont été créées par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 dite « loi Touraine ». Elles ont été intégrées dans le champ conventionnel par le biais d’un Accord-cadre interprofessionnel signé en juin 2019.


Photo : Freepik

Dans une étude statistique publiée début septembre, la Mutualité Française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram apportent un nouvel éclairage sur la santé mentale des jeunes.

Les résultats de ce sondage révèlent une fragilité psychique généralisée chez les 15-29 ans : 83 % souffrent de fatigue persistante, 75 % de troubles du sommeil, 62 % de tristesse et 31 % ont déjà eu des pensées suicidaires. Principal enseignement de cet auto-questionnaire : 25 % seraient atteints de dépression avec des disparités marquées, notamment en Guyane, où ce taux atteint 52 %. Les jeunes femmes et les jeunes en situation de précarité sont les populations les plus touchées. Dispositifs fragmentés, peu lisibles ou difficilement accessibles, cette analyse met également en lumière les limites des réponses publiques.

Améliorer l’accès aux soins psychologiques, renforcer la prévention, agir sur les déterminants sociaux, économiques et territoriaux, lutter contre la stigmatisation, mobiliser les acteurs de proximité et les jeunes eux-mêmes, développer les leviers de bien-être… Plusieurs recommandations sont formulées, en lien avec les attentes exprimées par les sondés, pour résoudre cette crise silencieuse.

NB : ce sondage a été mené en avril dernier auprès de 5 633 jeunes âgés de 15 à 29 ans représentatifs de la population française.

(*) « Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer : cartographie des inégalités », Mutualité Française, Institut Montaigne, Institut Terram / Ipsos (septembre 2025).


Photo : Freepik