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A la faveur de deux décrets et trois arrêtés publiés début août, plusieurs professions de santé ont vu leurs compétences élargies en matière d’administration et de prescription de vaccins.

A l’instar des pharmaciens, les infirmiers pourront notamment prescrire l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal dès l’âge de onze ans… à l’exception des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées… qu’ils pourront toutefois administrer*. A noter : ils pourront aussi prescrire et administrer les vaccins contre la grippe saisonnière aux onze ans et plus, ciblées ou non par les recommandations vaccinales.

Pour ce faire, les infirmiers volontaires devront déclarer leur activité d’administration ou de prescription de vaccins auprès de leur ordre professionnel. S’ils n’ont pas suivi d’enseignement sur la prescription dans le cadre de leur formation initiale, ils devront accompagner leur déclaration d’une attestation de formation délivrée par un organisme ou une structure de formation respectant les « objectifs pédagogiques » fixés. Equipements et locaux adaptés, espace de confidentialité pour mener l’entretien préalable, point d’eau pour le lavage des mains, enceinte réfrigérée, élimination des déchets, traçabilité des vaccinations… Plusieurs conditions techniques leur seront également imposées. Prévu par la LFSS 2023, cette mesure de santé publique doit permettre d’élargir la couverture vaccinale des Français.

(*) Les infirmiers pourront administrer tous les vaccins inscrits dans le calendrier vaccinal chez les onze ans et plus.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Une campagne de vaccination généralisée contre les papillomavirus sera lancée dans les collèges français, dès la prochaine rentrée scolaire.

Cette opération spéciale ciblera les élèves de cinquième, filles et garçons confondus. Totalement gratuite, elle reposera sur la base du volontariat. La généralisation de cette mesure doit permettre de mieux prévenir les lésions cancéreuses et les cancers invasifs induits par les HPV. Expérimentée pendant deux ans dans la région Grand Est, cette initiative aurait montré d’excellents résultats. Selon les estimations du gouvernement, 800 000 élèves pourraient être vaccinés chaque année dans les collèges.

Les enjeux de santé publique ne sont pas anodins : les HPV sont responsables de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus dépistées et traitées, et de 6 000 nouveaux cas de cancers par an. La vaccination contre les papillomavirus reste le meilleur moyen de prévention, mais elle est encore trop peu répandue en France. La donne pourrait néanmoins changer. Au-delà des médecins, les infirmiers, les pharmaciens et les sages-femmes pourront prescrire et administrer le vaccin… en septembre prochain.


Photo : Kateryna Kon / Shutterstock.com

Dans un rapport publié mi-décembre, la Cour des comptes dresse un bilan « globalement favorable » de la campagne de vaccination contre la Covid-19.

Elle évoque des résultats solides, notamment sur le schéma vaccinal initial, avec une couverture quasi-intégrale de la population éligible, soit les Français de plus de 12 ans. La Cour des comptes pointe néanmoins des « faiblesses persistantes », comme le taux de vaccination des personnes âgées de plus de 80 ans, mais aussi quelques ratés, à l’image des « derniers élargissements » qui n’ont pas trouvé leurs publics, soit la seconde dose de rappel et la vaccination des jeunes enfants âgés entre 5 et 11 ans. Particulièrement élevé*, le coût de la campagne vaccinale doit être « relativisé au regard des bénéfices qu’elle a apportés ». A la lumière de cette expérience, la Cour des comptes formule six recommandations concrètes pour gérer au mieux les futures crises sanitaires, suggérant notamment d’institutionnaliser les dispositifs « aller vers », de renforcer la transparence des données ou encore de cibler les interventions des vaccinateurs selon les populations à atteindre.

(*) Selon la Cour des comptes, la campagne de vaccination anti-Covid a coûté 8,1 milliards d’euros, soit 140 millions en 2020, 4,6 milliards en 2021 et 3,4 milliards en 2022. 


Photo : Luc Seba/Cocktail Sante

Depuis l’apparition des premiers cas en dehors des zones endémiques, au printemps dernier, l’épidémie de variole du singe gagne du terrain.

Décrétée « urgence de santé publique de portée internationale » par l’OMS, son évolution mobilise l’attention des dirigeants de tous les pays concernés, dont la France, où la surveillance ne se limitera plus aux seuls cas biologiquement confirmés. Présidente du nouveau Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, qui se substitue désormais au Conseil scientifique, le Pr Brigitte Autran juge possible une stratégie « zéro Monkeypox », en vaccinant les plus vulnérables.

Ambition toutefois menacée par une probable pénurie de vaccins, provoquée par une hausse massive de la demande mondiale. Information non confirmée par les autorités politiques et scientifiques, le gouvernement français aurait commandé 1,5 million de doses au laboratoire danois Bavarian Nordic, seule entreprise disposant d’un vaccin antivariolique de troisième génération, qui cherche des solutions pour augmenter rapidement la disponibilité de son produit. Selon le dernier bilan publié par Santé publique France*, 3 547 infections ont été recensées dans l’Hexagone, dont 56 femmes et 9 enfants. Aucun décès n’a été signalé… pour l’instant.

(*) Source : Santé publique France – Chiffres au 29 août 2022.

Les compétences vaccinales des infirmiers ont été significativement élargies, conformément à l’avis récemment délivré par la Haute Autorité de santé.

Selon les textes publiés fin avril, ils pourront désormais vacciner les plus de seize ans… sans prescription médicale préalable. Cette autorisation se limite toutefois aux personnes visées par des campagnes de vaccination contre quinze pathologies : la grippe saisonnière, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rage, les papillomavirus humains, les infections invasives à pneumocoque, les virus de l’hépatite A et l’hépatite B ou encore les méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W.

Nom et prénom du vaccinateur, dénomination du vaccin administré, numéro de lot, date de l’injection… Les infirmiers devront inscrire certaines informations clefs dans le carnet de vaccination ou le carnet de santé et le dossier médical personnel du patient. A défaut, ils devront inscrire ces mêmes informations dans le dossier de soins infirmiers et délivrer une attestation de vaccination au principal intéressé. Faute de DMP et sous réserve du consentement du patient, ils devront transmettre ces données au médecin traitant.

Les infirmiers seront systématiquement chargés de déclarer les effets indésirables recensés au centre de pharmacovigilance.

NB : les prérogatives vaccinales des sage-femmes et des pharmaciens ont également été renforcées par le législateur.

Confronté à une cinquième vague épidémique, Emmanuel Macron élargit le champ de la vaccination. Il compte également sur l’arrivée de nouveaux traitements pour alléger la pression hospitalière. L’apparition d’un nouveau variant, potentiellement résistant aux vaccins existants, pourrait néanmoins mettre à mal cette stratégie.

Les indicateurs de gravité virent une nouvelle fois au rouge. Confronté à une cinquième vague épidémique, l’exécutif durcit les restrictions. Initialement réservée aux personnes les plus exposées ou aux personnels soignants, la troisième injection a finalement été généralisée à tous adultes. A compter du 15 janvier, elle sera indispensable pour continuer à bénéficier du pass sanitaire. Par mesure de précaution, la vaccination a également été étendue aux plus de cinq ans. Conseillée, elle ne sera toutefois pas imposée. Vivement contestés par une partie de l’opinion, ces choix politiques semblent pourtant moins extrêmes que dans certains pays voisins, qui ont décidé de reconfiner tout ou partie de leur population. En Allemagne, les non-vaccinés sont désormais privés de magasins non-essentiels, de restaurants et de loisirs. Les autorités sanitaires devraient même rendre la vaccination obligatoire en début d’année. L’Autriche pourrait aussi y recourir. Ce serait une première en Europe.

Un premier traitement préventif

Cantonné à la seule vaccination ou presque, l’arsenal thérapeutique disponible sera bientôt enrichi. Dans un avis daté du 10 décembre dernier, la Haute autorité de santé valide la commercialisation d’un premier traitement préventif. Fabriqué par AstraZeneca, il est indiqué chez les adultes à très haut risque de forme sévère qui ne sont pas ou peu protégés par la vaccination et ceux qui n’y sont pas éligibles. Selon les données cliniques transmises, il permettrait de réduire le risque d’infection symptomatique dans 80 % des cas. L’immunité sera déclenchée dans un délai de quatorze jours après l’administration d’une dose unique par voie intramusculaire. Sa durée d’efficacité est estimée à six mois. Précision de taille : l’utilisation de ce produit n’a pas été recommandée pour les personnes qui présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire (dyslipidémie, diabète, obésité, hypertension, tabagisme, âge avancé…). D’après la HAS, deux nouveaux traitements anti-Covid sont attendus dans les prochaines semaines.

La menace d’un nouveau variant…

En plein rebond épidémique, l’apparition soudaine d’un nouveau variant suscite craintes et interrogations. Les premières constatations scientifiques sont mitigées : Omicron serait moins virulent mais plus contagieux que Delta. Plus inquiétant, il serait partiellement résistant aux vaccins existants. Publiée il y a quelques jours, une étude sud-africaine atteste d’un niveau d’efficacité quarante fois moindre. Obtenus par le biais d’une analyse menée dans un laboratoire, ces résultats devront être confirmés en vie réelle. Les fabricants se montrent nettement plus rassurants. Dans un communiqué récemment publié, Pfizer et BioNTech garantissent un niveau protection équivalent par rapport aux souches précédentes… dès la troisième injection. Ils disent surtout être capables de finaliser un vaccin adapté d’ici au mois de mars. Au regard des délais de production et de distribution, il ne sera probablement pas accessible avant cet été.

Directement concernées par la troisième injection, certaines personnes âgées n’ont toujours pas reçu la première…

Pour leur permettre d’accéder plus facilement à la vaccination anti-Covid, le ministère des Solidarités et de la Santé vient d’installer un numéro vert, uniquement destiné aux plus de 80 ans. Particulièrement vulnérable face au virus, cette population reste sous-vaccinées par rapport à d’autres tranches d’âge.

Moins enclins à se déplacer, ces patients ne bénéficient pas forcément d’un suivi médical régulier. A leur demande, ils pourront désormais être vaccinés chez eux par un médecin, un infirmier ou une équipe mobile, composée de tous les soignants autorisés à vacciner, dont les aides-soignants. Le rendez-vous pourra être pris par le patient lui-même, son aidant ou une aide à domicile.

Le numéro vert est accessible tous les jours entre 6h et 22h. Selon le ministère, 500 000 assurés sont visés par ce dispositif facultatif qui ne concerne que les primo-vaccinations contre la Covid-19. Les rappels et la grippe en sont exclus.

NB : selon le ministère des Solidarités et de la Santé, 13 % des plus de 80 ans n’ont pas reçu la moindre injection contre la Covid-19.

La propagation du variant delta contraint l’exécutif à employer les grands moyens.

Pour prévenir l’apparition d’une quatrième vague épidémique, tous les personnels soignants et tous les professionnels au contact des personnes fragiles devront être impérativement vaccinés d’ici au 15 septembre prochain.

A compter de cette date, ils ne pourront plus travailler et ne seront donc plus payés. Directement concernés, les paramédicaux accusent un certain retard en la matière, notamment à l’hôpital. Selon un tableau de bord produit par l’AP-HP auquel Le Monde a eu accès, les infirmiers et les aides-soignants font partie des professions de santé les moins vaccinées. Au 11 juin, 37 % des personnels non médicaux pouvaient justifier d’un cycle vaccinal complet, contre 68 % chez les médecins. Selon le dernier point épidémiologique publié par Santé publique France, les chiffres ne sont guère meilleurs dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et dans les unités de soins de longue durée, où le taux de couverture vaccinale est estimé à 45 %.

La situation semble toutefois plus favorable en ville. Au 8 juillet, 75 % des professionnels de santé libéraux étaient complètement vaccinés.

La campagne de vaccination pourrait connaître un sérieux coup d’accélérateur dans les semaines à venir. Outre l’élargissement progressif des vaccinateurs, un quatrième vaccin sera prochainement homologué par les autorités sanitaires. Le respect du calendrier gouvernemental reste néanmoins soumis à conditions.

585 000 vaccinations en 72 heures, dont 220 000 en une seule journée. Longtemps balbutiante, la campagne vaccinale est-elle définitivement lancée ? Arguant des « bons chiffres » du week-end dernier, le Premier ministre y voit « une nouvelle étape dans la bataille contre le virus ». Malgré l’optimisme affiché par l’exécutif, la route vers l’immunité populationnelle sera encore longue. Selon l’OMS, ce stade critique ne sera d’ailleurs pas atteint cette année.

Les ambitions gouvernementales n’en restent pas moins intactes, si l’on en croit les dernières prévisions officielles. D’après Jean Castex, dix millions de primo injections seront réalisées d’ici mi-avril, vingt millions d’ici mi-mai et trente millions d’ici l’été. Au regard des performances actuelles, le scénario paraît inenvisageable : quatre millions de personnes ont reçu une première dose ; deux millions ont reçu la seconde1.

Une cible élargie

Pour accélérer la cadence, le gouvernement fait évoluer sa stratégie, notamment quant à l’utilisation du vaccin codéveloppé par l’université d’Oxford et le laboratoire AstraZeneca. Conformément aux recommandations de la HAS, la cible a été élargie aux personnes âgées de 65 à 74 ans. Une condition suspensive a toutefois été fixée : elles devront obligatoirement présenter des comorbidités, susceptibles d’entraîner une forme grave de la maladie (diabète, hypertension artérielle, cancer, insuffisance rénale chronique sévère, trisomie 21…). Autre changement significatif : les pouvoirs publics ont choisi de multiplier les vaccinateurs dans le champ ambulatoire.

Après les médecins libéraux, trois nouvelles professions sont désormais autorisées à vacciner. Selon les termes d’un décret publié le 5 mars2, les infirmiers, les pharmaciens et les sages-femmes peuvent administrer tous les vaccins existants, à l’exclusion des patients allergiques à l’un des composants et des personnes ayant manifesté une réaction anaphylactique lors de la première injection. A noter : les pharmaciens et les sages-femmes bénéficieront aussi d’un droit de prescription exceptionnel3. De leur côté, les infirmiers n’auront plus besoin d’être supervisés par un médecin. Ils devront néanmoins pouvoir s’assurer d’une intervention médicale rapide pour les vaccins à ARN messager.

Des freins multiples

En dépit de ces avancées, le respect calendrier gouvernemental n’est pas garanti pour autant. Principal frein observé depuis le lancement de la campagne vaccinale, le nombre de doses disponibles sera un facteur déterminant. Pour atteindre l’objectif suprême, à savoir vacciner tous les adultes volontaires avant la fin de l’été, les commandes effectuées auprès des différents fournisseurs devront être honorées. Une cadence élevée devra également être maintenue dans la durée. Dans cette optique, l’arrivée d’un quatrième vaccin ne sera pas un luxe. Fabriqué par le laboratoire Johnson & Johnson, il aura une particularité assez singulière : une seule injection suffira à déclencher l’immunité. Le produit vient tout juste d’être homologué par l’Agence européenne du médicament, mais des retards de livraison sont déjà annoncés…

Au-delà des ressources, une problématique lancinante devra impérativement être résolue, celle de la défiance vaccinale chez les professionnels de santé. D’après Santé publique France, certaines corporations se montrent particulièrement hésitantes, à l’instar des aides-soignants, dont les intentions de vaccination s’avèrent relativement faibles (30 %). A titre de comparaison, elles sont à peine plus élevées chez les infirmiers (47 %). Dans une tribune commune, les sept ordres de santé ont récemment lancé un appel à la responsabilité. Ils invitent tous les soignants à se faire vacciner au plus vite, considérant cet acte comme un « devoir déontologique ». Selon Olivier Véran, 70 % d’entre eux n’ont pas encore franchi ce pas décisif…