Les 5èmes Etats généraux de la formation et de la recherche médicale se sont tenus à Caen, les 6 et 7 février derniers. Pour la première fois, les représentants des formations paramédicales et les étudiants de la filière étaient invités à y participer.

Symbolique, ce geste marque surtout un tournant décisif vers « la médecine du futur », comme l’a très justement souligné Jean Sibilia, le président de la Conférence nationale des doyens de médecine (il a depuis été remplacé par Patrice Diot, doyen de la faculté de médecine de Tours). Nous en sommes intimement convaincus : la médecine de demain sera pluriprofessionnelle ou ne sera pas.

Nous ne nous sommes pas contentés d’accepter l’invitation. Nous avons activement pris part aux débats. Par la voix de sa présidente, l’ANdEP est notamment intervenue dans un atelier consacré à la transversalité des formations en santé, un sujet hautement stratégique dans le cadre des expérimentations à venir. Favoriser les échanges entre les formations de santé, accompagner la mise en place d’enseignements communs, faciliter l’accès à la formation par la recherche, respecter la diversité des parcours : toutes ces évolutions concourent à la meilleure intégration des formations paramédicales dans le paysage universitaire, mais aussi à la co-construction d’une véritable culture interprofessionnelle.

L’ANdEP joint les actes à la parole. Elle continue à se mobiliser pour obtenir des informations fiables de la part du ministère de la Santé, notamment quant aux modalités de sélection des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture. Nombreux sont les instituts qui ont été contraints d’annuler leur concours au mois de novembre, à la demande de la DGOS. D’autres directeurs n’ont rien annulé, mais ils sont également dans l’incertitude. Cette situation dommageable crée une iniquité sur le territoire. A l’heure où les besoins de recrutement sont criants dans ces deux disciplines, le public potentiel risque de s’inscrire dans d’autres formations. L’avenir des instituts est directement en jeu.

NB : la journée des adhérents aura lieu le 20 mars au Foyer de la Madeleine – Place de la Madeleine – Paris 75008. Le thème principal de cette journée sera : « Les expérimentations, quelle participation des instituts de formation pour quels modèles ? ».

Lors d’une table ronde organisée par le magazine Pharmaceutiques le 27 janvier dernier, trois spécialistes ont débattu sur l’épineuse question des perturbateurs endocriniens, et de leurs possibles répercussions sur la santé humaine. Bilan et perspectives.

Pesticide, bisphénol, paraben : la prolifération des substances chimiques dans l’environnement n’est pas sans conséquences sur les organismes vivants, même si les impacts réels sont encore méconnus. En réalité, le lien direct entre les perturbateurs endocriniens et la santé humaine est très difficile à établir. « Il faut notamment pouvoir démontrer qu’ils sont à l’origine d’un quelconque dérèglement hormonal qui a lui même causé l’apparition d’une pathologie spécifique, comme un cancer ou un diabète », explique Robert Barouki, professeur de biochimie et directeur de l’unité Inserm 1124 à l’Université de Paris.
Autre difficulté évoquée : il peut y avoir un temps de latence parfois très long entre la période d’exposition et la survenue des premiers symptômes. « Deux molécules apparemment inoffensives peuvent avoir un effet synergique dévastateur bien des années plus tard, de façon assez imprévisible », rappelle Jean-Baptiste Fini, chargé de recherches au CNRS.

Un risque sanitaire avéré ?

Selon certains experts, la relation de cause à effet est plausible, mais elle n’est pas prouvée. « Il apparaît que le nombre hypothyroïdiens congénitaux a augmenté en France. Sur une période de vingt à trente ans, les facteurs environnementaux sont clairement pointés du doigt. Plusieurs études épidémiologiques montrent que la présence de certaines molécules ou la proportion d’hormones chez la femme enceinte vont influencer le quotient intellectuel de l’enfant, avec dans la plupart des cas une perte moyenne de l’ordre de quatre points », assure Jean-Baptiste Fini.
La tendance ne serait pourtant pas irréversible. « La ville de Tokyo a réduit le taux de particules dans l’air de 44 %. Les résultats observés sont spectaculaires. En six ans, la mortalité cardio-vasculaire a baissé de 11 %. La mortalité par cancer pulmonaire a également diminué de 20 % », détaille Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France (ASEF).

Il faudra mieux sensibiliser les professionnels de santé. Pierre Souvet

Améliorer la connaissance

A n’en pas douter, l’identification de toutes les substances à risque sera longue et fastidieuse, mais le défi de la connaissance sera essentiel. « Les progrès de la science sont encourageants, en particulier sur le plan toxicologique. Au niveau épidémiologique, les cohortes seront particulièrement utiles pour établir une relation entre une exposition et un impact sanitaire, notamment via la biosurveillance », affirme Robert Barouki. Selon lui, les indispensables travaux de recherche à mener nécessiteront cependant des investissements financiers conséquents.
Une autre manière de penser la régulation semble également s’imposer. « Le principe de la mise sur le marché doit être revisitée, dans le but de présenter la substance chimique la plus saine possible, dès la phase d’enregistrement. Pourquoi ne pas calquer le modèle d’évaluation de ces molécules sur celui des médicaments ? », s’interroge Jean-Baptiste Fini.

Des propositions concrètes

Pour inverser la tendance, plusieurs pistes concrètes sont actuellement à l’étude. Le Parlement européen entend notamment développer des tests pertinents pour évaluer plus précisément l’impact sanitaire des perturbateurs endocriniens. La France a également pris le problème très au sérieux. Dans le cadre de la SNPE*, le gouvernement a chargé l’ANSES** de lui fournir une liste exhaustive des perturbateurs « présumés ». « Nous allons travailler sur le modèle des substances cancérogènes », précise Jean-Baptiste Fini. A plus large échelle, l’enjeu consistera à commercialiser les matières les moins toxiques possibles, à renforcer les contrôles, mais aussi à mieux encadrer la substitution des produits jugés suspects. A plus longue échéance, l’intelligence artificielle permettra sans doute d’améliorer la réactivité des décisions et la recherche prédictive.
Dans l’immédiat, plusieurs actions spécifiques devront être initiées. « Il faudra mieux sensibiliser les professionnels de santé. La thématique santé et environnement peut notamment faire partie des missions de prévention des futures CPTS*** », estime Pierre Souvet. De la même manière, les entreprises et l’Education nationale seront également des vecteurs fondamentaux de l’information. « La population aura besoin de données fiables, malgré les zones d’incertitudes, pour conduire le changement », confirme Robert Barouki.

(*) Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens – SNPE.
(**) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – ANSES.
(***) Communautés professionnelles territoriales de santé – CPTS.

La contestation sociale semble épargner certains corps de métier. Malgré les difficultés éprouvées par les usagers du système de soins, le niveau de confiance à l’égard des professionnels de santé se maintient à un niveau très élevé.

Selon un sondage publié le 4 février dernier, les professions paramédicales et les personnels soignants bénéficient toujours d’une « bonne image » auprès de 90 % des Français. Une cote de popularité très élevée, en dépit des grèves qui tendent à se multiplier. Parmi les principaux résultats de cette enquête d’opinion, une part significative des répondants considère même que les infirmiers (31 %) et les aides-soignants (25 %) ne sont pas reconnus à leur juste valeur, alors qu’ils jouent un rôle fondamental auprès des malades. Un bémol toutefois : les Français ont globalement l’impression que les professionnels de santé ont de moins en moins de temps à leur consacrer. Une tendance lourde qui contribuerait à dégrader la relation de confiance qu’ils entretiennent avec eux.

NB : ces chiffres sont issus d’un sondage réalisé par Opinion Way pour l’Académie nationale de médecine, à l’occasion de son bicentenaire

 

Se considérant comme « les grands oubliés de la santé », les manipulateurs en électroradiologie sont en colère.

Le 21 janvier dernier, ils organisaient une journée de grève nationale pour dénoncer la dégradation de leurs conditions d’exercice. Le jour même, une délégation était entendue par le Haut Conseil des professions paramédicales. Démographie, rémunération, égalité de traitement, pratique professionnelle : les représentants de la profession ont fait valoir leurs inquiétudes et leurs attentes.

Hausse des effectifs, déplafonnement des heures supplémentaires sans limitation du durée, prime forfaitaire de risque aux urgences, revalorisation salariale, revalorisation des indemnités de stage, définition de nouveaux métiers, lancement d’une réflexion sur les pratiques avancées : telles sont quelques-unes des propositions concrètes formulées pour restaurer l’attractivité de la discipline et maintenir une offre de soins cohérente dans les territoires sous tension.

Le Calvados se distingue. En sus de la construction d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et d’une résidence pour les seniors, la ville de Villiers-sur-Mer accueillera également un pôle de santé libéral en 2022.

Ce complexe sanitaire et médico-social s’étalera sur une surface totale de 18 000 m².
Estimé à 2,3 millions d’euros, le projet sera intégralement financé sur des fonds privés. Outre le constructeur et dirigeant de l’Ehpad, tous les investisseurs sont des professionnels du soin.
Signe particulier, le pôle de santé regroupera au moins 13 praticiens, dont une très large majorité de paramédicaux (trois médecins généralistes, quatre infirmiers, deux kinésithérapeutes, un pédicure-podologue, un ostéopathe-acupuncteur, un orthophoniste et un orthoptiste). Il comportera d’ailleurs une aile entièrement réservée aux équipes paramédicales.

A noter : une généraliste et une pédicure-podologue sont à l’origine de ce projet pharaonique qui entend promouvoir une approche plus humaine et plus translationnelle des soins.

Le malaise est profond. En Guadeloupe, les infirmiers libéraux ne perçoivent plus leurs indemnités kilométriques depuis cinq ans, à la suite d’une décision unilatérale de la Caisse générale de la Sécurité sociale.

Dans ce contexte plutôt tendu, ils dénoncent désormais les conséquences du bilan de soins infirmiers, entré en vigueur le 1er janvier dernier. Selon eux, cette nouvelle pratique met leur activité en péril. Ils craignent que leur rémunération soit le produit d’un algorithme, et non plus de leur capacité d’analyse. Ils redoutent également un casse-tête juridique, qui pourrait notamment se solder par une hausse significative des demandes d’indus. Plus globalement, ils déplorent l’esprit des nouveaux textes de loi qui font d’eux des gestionnaires plus que des soignants. Les mouvements de grève se sont multipliés ces dernières semaines. La situation pourrait bien s’enliser…

Lors de la présentation de ses vœux, le directeur général de l’AP-HP a fait quelques annonces fortes, dont certaines concernent directement les professions paramédicales.

Recrutement, rémunération, primes diverses et variées : les pistes d’amélioration ne sont pas négligeables.
Elles profiteront notamment de la hausse du budget prévu cette année (1,8 %), soit une manne financière supplémentaire de 80 millions d’euros. La moitié de cette somme servira à recruter 600 soignants, l’autre moitié sera destinée à revaloriser les salaires. A cette occasion, Martin Hirsch a également confirmé la déclinaison opérationnelle de certains engagements gouvernementaux récents. Une fois les professions paramédicales sous tension identifiées, près de 500 agents hospitaliers devraient bénéficier de la fameuse prime d’attractivité, estimée à 800 euros par an.

Egalement prévu dans le plan d’urgence pour l’hôpital public du 20 novembre dernier, les aides-soignants en gériatrie percevront eux aussi une prime de 100 euros par mois d’ici à la fin de l’année. Au sein de l’AP-HP, près de 3 500 personnes pourraient être visées par cette mesure.