Le 15 mars 2018, le président du Haut Conseil de la Santé publique, Stéphane Le Bouler, remettait à Agnès Buzyn et Frédérique Vidal son rapport « bilan intermédiaire de la concertation et propositions d’orientation ». Depuis, les deux ministres ont mis en branle le processus d’universitarisation, pour une généralisation en 2019.

 

Cela faisait dix ans que le projet avançait doucement, la démarche visant à intégrer les formations paramédicales aux UFRs est de nouveau en cours. Un comité de suivi du processus vient d’être mis en place par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal.

Cette révolution du monde médical répond à plusieurs objectifs:

  • L’interprofessionnalité, qui doit permettre aux étudiants en santé d’apprendre à travailler ensemble dès les premières années d’étude.
  • Le développement de la recherche paramédicale avec, à terme, la création de «docteurs en science paramédicale», sur le modèle canadien.
  • L’ancrage territorial à l’heure de la désertification médicale et de l’inégalité face à l’accès aux soins.

L’universitarisation est une démarche complexe. Nombreuses sont les parties prenantes et les étapes à suivre, pour un processus qui doit se faire «à petits pas», selon les mots des ministres.

D’après le rapport Le Bouler, cinq chantiers connaissent un caractère prioritaire:

  • La simplification des modalités d’admission
  • Le recrutement d’enseignants-chercheurs
  • L’établissement des relations entre les instituts de formation et les universités
  • La mise en œuvre des formations aux nouveaux métiers
  • La réflexion sur des formations communes à plusieurs filières

Des recommandations qui font écho aux récentes évolutions des formations paramédicales, telles que la pratique avancée des infirmiers (qui doit s’ouvrir à la rentrée 2018) et la création du service sanitaire.

Quelle mise en application ?

Si le rapprochement entre universités et formations aux métiers de santé semble entériné, un certain nombre de points clefs restent à définir. Parmi les questions les plus fréquemment soulevées, celle du concours infirmier doit trouver éclaircissement. Les acteurs du secteur paramédical restent attachés à une épreuve d’admission mais cette réforme pourrait marquer la fin du concours infirmier, qui serait remplacé – si sont suivies les recommandations de Stéphane Le Bouler – par un oral «de motivation».

La méthode d’admission doit par conséquent constituer un des premiers éléments de réflexion pour le groupe de travail. Pour les partisans de ce changement, cela présenterait deux avantages : l’uniformisation (et donc la simplification) des modalités d’admission (aujourd’hui laissées à la discrétion des IFSI) et une plus grande visibilité pour les lycéens souhaitant se diriger vers ces filières pour leurs études supérieures. Les formations paramédicales seraient en effet intégrées à Parcoursup.

Outre les modalités d’admission, un autre sujet d’inquiétude – moins éclairé par le rapport – parcourt les rangs des acteurs du secteur paramédical. Il s’agit de la question des doublons : en intégrant les instituts de formation aux universités, il est vraisemblable qu’un certain nombre de postes, notamment parmi les directeurs et les enseignants, sera doublé. Cet état de fait pourrait-il ouvrir la voie à des suppressions de postes ?  Les députés Jean-Carles Grelier et Annie Chapelier, chargés du groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur les professions paramédicales, doivent se pencher sur cette question.

Plusieurs étapes doivent encore marquer ce processus d’universitarisation. Des questions sont encore en suspends et la concertation entre les acteurs du secteur paramédical et les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur doit apporter des éclaircissements. Le calendrier est toutefois d’ores et déjà fixé avec une application complète de la réforme au plus tard en 2019.