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Régulation financière et réglementaire, admission des étudiants, harmonisation des droits, transversalité des enseignements, reconnaissance des travaux de recherche : la quête de l’intégration universitaire se poursuit inexorablement pour les formations paramédicales, avec quelques avancées notables à la clef.

Antoine Tesniere

Antoine Tesniere

Le constat est largement partagé. Les professions paramédicales sont au cœur de la réforme du système de santé, à bien des égards. « Le défi de la transformation, c’est aussi le défi de la formation, rappelle Florence Girard, présidente de l’ANdEP*. Il faut impérativement faciliter les passerelles entre les instituts, les écoles et les universités pour former et fidéliser les futurs professionnels, en favorisant les cursus et les enseignements communs. » Pour y parvenir, le processus d’universitarisation devra être mené à son terme. « Le changement sera long et complexe. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif, notamment en ce qui concerne la qualité de l’encadrement et de l’accompagnement pédagogique au sein des universités, mais les choses avancent dans la bonne direction », constate Antoine Tesniere, conseiller santé à la DGESIP*.
Qui dit universitarisation dit également intégration universitaire. Une étape significative vient d’ailleurs d’être franchie. Publié le 30 octobre dernier, un décret autorise désormais la création d’une section de qualification en sciences infirmières, au sein du Conseil national des universités. Une évolution qui touche par ailleurs la maïeutique et les sciences de la rééducation et de la réadaptation. En conséquence, les universités pourront bientôt recruter des enseignants-chercheurs pour consolider l’ancrage universitaire des formations en santé, avec le concours des instituts et des écoles. D’après les experts, la mesure est technique, mais sa portée symbolique et pratique est considérable.

Des avancées concrètes

Pour l’heure, la procédure suit son cours. « Les trois sections de qualification seront prochainement constituées. Il appartiendra ensuite aux universités de créer les postes, en lien étroit avec leurs partenaires et en composant avec les équipes enseignantes existantes », indique Stéphane Le Bouler, responsable de la mission interministérielle consacrée à l’universitarisation des professions paramédicales et maïeutiques, lancée par Agnès Buzyn et Frédérique Vidal en septembre 2017.
Certaines initiatives « préfiguratrices » démontrent le potentiel de cette orientation stratégique, mais aussi ses limites. Depuis quelques années, l’université de Créteil promeut une politique d’intégration (réussie) des professions paramédicales dans l’enseignement et la recherche. « C’est une réelle valeur ajoutée pour notre établissement et nos équipes scientifiques », estime le Pr Florence Canoui-Poitrine, PU-PH de santé publique, désignée par le Doyen de l’UPEC*** pour participer aux journées de l’ANdEP.

Les profils idoines sont néanmoins ciblés. « La faculté d’adaptation est primordiale pour s’intégrer dans une dynamique collective et collaborative. La valence clinique n’est pas forcément compatible avec la recherche, faute de temps à y consacrer. Ce n’est pas une difficulté propre aux professions paramédicales. Nous avons également constaté ce phénomène avec des médecins », détaille-t-elle. Une chose est sûre, les réformes et les incitations actuelles vont « élargir le champ des possibles » et permettre de « développer plus de projets », en particulier avec des infirmiers.

Des chantiers multiples

Autre chantier décisif, la transversalité des formations pourrait prendre une tournure plus concrète dans les mois à venir. Les expérimentations prévues par la loi Buzyn contribueront notamment à améliorer l’accès à la formation à et par la recherche, mais aussi à renforcer les mutualisations entre les universités et leurs « partenaires ». Selon Stéphane Le Bouler, une quinzaine de projets sont à l’étude dans le champ de la rééducation et de la réadaptation. Une vingtaine d’universités seraient également intéressées pour monter des expérimentations dans les soins infirmiers. « Cette démarche expérimentale doit permettre d’apporter les outils et l’assouplissement réglementaire nécessaires pour faciliter la construction de parcours inter-filières », explique-t-il. Les premiers développements sont attendues pour la rentrée prochaine.
Régulation (financière et réglementaire) du processus d’intégration universitaire, simplification des procédures d’admission, harmonisation de tous les droits : les motifs de préoccupations sont encore nombreux, comme en témoignent les déclarations des étudiants en soins infirmiers, au sujet des difficultés rencontrées l’été dernier. L’arrivée imminente de six nouvelles formations sur la plate-forme ParcourSup sera scrutée de près, au même titre que la pratique des « frais accessoires » réclamés aux étudiants par certaines universités. L’heure est visiblement à l’optimisme. « Tout devrait rentrer dans l’ordre », assure Stéphane Le Bouler.

Des problématiques connexes

 Valérie Varault

Valérie Varault

D’autres mutations structurelles seront naturellement à considérer, à commencer par l’indispensable intégration de nouveaux métiers et de nouvelles compétences, comme les pratiques avancées. Les ambitions sont clairement affichées : 5 000 IPA devront être formés d’ici à 2022. L’attribution de prérogatives supplémentaires à d’autres professions paramédicales n’est pas non plus à exclure pour améliorer l’accès aux soins, crise de la démographie médicale oblige.
Nouvelle valeur étendard du système de santé français, la coopération interprofessionnelle devra également être orchestrée dès les premiers stades de l’apprentissage, le plus en amont possible des carrières professionnelles. Inauguré le 12 novembre dernier, l’institut de formation des professionnels de santé de Grenoble a choisi de miser sur l’interdisciplinarité pour renforcer les synergies entre les futurs praticiens, via la mutualisation des équipements et l’adoption d’un projet pédagogique commun. D’autres établissements devront suivre cet exemple et s’emparer du sujet, avec l’indispensable soutien des régions. Outre le financement des bâtiments, cet accompagnement pourra prendre différentes formes, comme des appels à projets thématiques. « Nous finançons des séances de formation interdisciplinaire, destinées aux futurs infirmiers et aux internes en médecine, à hauteur de 400 000 euros par an », signale Valérie Varault, chef du service des relations avec les organismes de formations sanitaires et sociales de la région Ile-de-France.
Dernière tendance forte et non des moindres, la transition numérique sera un enjeu majeur. « Il ne faudra pas se contenter de dupliquer le modèle établi sur des supports technologiques. Il faudra penser les usages, de manière pratique et pédagogique. L’université devra montrer l’exemple », conclut Antoine Tesniere. A n’en pas douter, cette révolution réclamera du temps, mais aussi des moyens humains et financiers importants, pour dépasser la simple preuve de concept.

(*) Association nationale des directeurs d’école paramédicale (ANdEP).
(**) Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle – DGESIP.
(***) Université Paris-Est Créteil Val de Marne – UPEC.

NB : Photos et propos recueillis lors des journées annuelles de l’ANdEP, qui se sont tenues les 10 et 11 décembre derniers.

La commission dite « Le Bouler » aborde l’universitarisation des formations paramédicales en mobilisant les acteurs des différentes filières sur de multiples sujets :

  • la mise en place des formations d’infirmier(ère)s en pratique avancée,

  • l’admission en IFSI et dans les filières de réadaptation,

  • les enseignants-chercheurs paramédicaux,

  • l’inscription à l’Université / CVEC,

  • la présentation de quelques expériences d’intégration universitaire,

Il est venu se greffer un groupe de travail relatif à la mise en œuvre de la suppression du numérus clausus et de la PACES piloté par le Pr. Jean-Paul Saint-Andre, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le Ministère des solidarités et de la Santé. Les filières concernées sont celles de la PACES, maïeutique, médecine, masso-kinésithérapie, odontologie et pharmacie.

Il s’agit donc de répondre principalement à diversifier les cursus conduisant à l’entrée dans les filières de la PACES, de diversifier les modalités de sélection, d’assurer la réussite et poursuite d’études du plus grand nombre en maintenant l’excellence des formations professionnalisantes des métiers de la santé.

Le groupe de travail s’orienterait vers une licence santé à partir de laquelle les étudiants intégreraient une filière de formation professionnalisante ; la maquette actuelle de la masso-kinésithérapie s’adapte parfaitement à ce modèle qui consisterait à rentrer en 2ème de formation en masso-kinésithérapie après une L1 santé. (Sélection et référentiel de formation – textes de 2015).

Qu’il s’agisse de la commission « Le Bouler »  ou du groupe de travail du « Pr. Jean-Paul Saint-Andre », les acteurs des différentes structures associatives et/ou syndicales sont à la manœuvre et l’ANdEP y occupe toute sa place.

Par Jean-Marie Louchet, Directeur IFM3R Saint Sébastien sur Loire, Vice Président de l’ANdEP

 

Comme on vous le soulignait le mois dernier, le travail du comité de suivi de l’universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique a permis de faire avancer certains dossiers comme l’admission en IFSI dès 2019.

Pour Stéphane Le Bouler, responsable du projet Universitarisation au sein du ministère des Solidarités et de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, nous sommes entrés « dans une phase d’accélération inédite et de concrétisation ».

De quoi parle-t-on quand on parle d’universitarisation ?

C’est tout d’abord un processus qui n’est pas nouveau mais qui a, il est vrai, connu des éclipses, des accélérations, des décélérations… Un véritable « stop and go ». Aujourd’hui, nous sommes clairement dans une phase d’accélération inédite et de concrétisation.
Il s’agit tout bonnement d’ancrer pleinement les formations paramédicales au sein de l’enseignement supérieur et de les rapprocher de l’institution universitaire.

Les finalités de ce processus ne font plus guère débat. Il s’agit de:

  • revoir l’approche des métiers pour faire plus de place à la transversalité ;
  • développer de nouveaux champs de recherche et, pour ce faire, de recruter des enseignants chercheurs issus des filières paramédicales et de maïeutique ;
  • harmoniser les droits des étudiants ;
  • s’attacher à une meilleure régulation territoriale.

Face à un processus multiforme et somme toute assez complexe, il est important de se défaire de quelques idées fausses.

  • L’universitarisation ne se résume pas à la réingénierie ;
  • L’universitarisation ne signifie pas l’augmentation générale de la durée des études ;
  • L’universitarisation peut prendre la forme de l’intégration pleine et entière à l’Université mais elle emprunte aussi bien d’autres voies; 
  • L’universitarisation représente une transformation d’ensemble… mais avec des invariants ou des garde-fous : la présence territoriale des formations, leur caractère professionnalisant, l’ouverture sociale des études, le devenir des équipes pédagogiques actuelles…

 Quelle forme prend aujourd’hui l’intégration universitaire sur le terrain ?

Des formes très variées : une meilleure articulation des cursus paramédicaux et universitaires, le développement de partenariats robustes en matière de formation ou de recherche, l’intégration spatiale et/ou le rapprochement des instituts en un même lieu en lien avec l’Université, l’intégration fonctionnelle, sous la forme de « département universitaire » ou sous une autre forme, l’intégration organique, les efforts en vue de faire accéder les formateurs en place au Master et au Doctorat, les efforts particuliers en ce qui concerne les droits concrets des étudiants paramédicaux…

L’universitarisation, ce sont donc des initiatives nationales : en matière d’admission (comme pour les IFSI), d’inscription à l’Université, de qualification des futurs enseignants chercheurs, de diplomation. Mais ce sont aussi des initiatives décentralisées portées par les régions, les Universités, les hôpitaux, les ARS, les opérateurs locaux de formation… L’intégration universitaire doit marcher sur ses deux jambes…

Concrètement, quels sont les avantages de l’universitarisation pour les étudiants infirmiers (et autres paramédicaux) ?

L’universitarisation est faite pour eux, au sens où il s’agit de les insérer pleinement dans l’enseignement supérieur, de leur permettre d’accéder aux mêmes droits concrets (par le biais des universités ou par celui des CROUS), de ménager des parcours d’études plus diversifiés, comme on entend les développer pour tous les 1er cycle aujourd’hui, de leur faire côtoyer au quotidien leurs homologues des autres filières de formation, en santé et hors santé.

Pensez-vous que l’universitarisation va modifier le profil des étudiants?

Quand on modifie les conditions d’admission en insérant les IFSI sur Parcoursup et en supprimant le concours, on se rapproche incontestablement des standards de l’Université. Pour autant, les ministres ont toujours affirmé qu’il n’était pas question de bouleverser le profil des étudiants admis et que tout serait fait pour préserver la diversité, une des richesses de cette formation. Quand on inscrit les étudiants paramédicaux à l’Université, on ne modifie pas leur profil, on s’efforce de normaliser leur situation en termes de droits sociaux.

Quelles sont les conditions pour arriver à mettre en place une véritable collaboration entre les universités et les IFSI? Quel rôle doit avoir chacun des acteurs?

On peut espérer que demain, quand les équipes pédagogiques auront partout l’opportunité de travailler ensemble, quand les étudiants des différentes formations partageront davantage de cours et de moments de formation, les préventions de part et d’autre tomberont vraiment.

Un des principaux problèmes auxquels on fait face est en effet que les gens, fondamentalement, ne se connaissent guère entre les différents milieux.

Les règles de l’Université sont méconnues en dehors d’elle. Le fonctionnement des instituts l’est tout autant. Les conditions à mettre en œuvre, c’est donc d’abord de faire tomber les barrières pour que les gens prennent l’habitude de travailler ensemble.

C’est ensuite de prendre des initiatives structurantes au plan national : c’est ce que nous avons fait en matière d’admission, de qualification, d’inscription, demain d’évaluation. C’est enfin de faire confiance aux acteurs du territoire, impulser ce qui doit l’être, apporter du conseil, faire jouer l’émulation…

C’est ce que nous allons bâtir à travers un dispositif souple d’accompagnement des projets.

 

Deux jours après la rentrée, le 6ème comité de suivi de l’universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique s’est remis au travail. Depuis le dernier comité de suivi du 10 juillet, certains dossiers comme l’admission en IFSI sont encore en discussion. Néanmoins, des avancées méritent d’être soulignées.

 

L’admission en IFSI en 2019.

Les réunions du groupe de travail restreint auquel l’ANdEP participe vont se succéder jusqu’à fin octobre afin de finaliser l’ouverture de la plateforme ParcourSup en décembre. Il faut, dès début novembre, établir de manière définitive les textes réglementaires concernant la DGOS et la DEGESIP, la rédaction des caractéristiques et des attendus de la formation destinés à figurer sur ParcourSup, la définition de l’organisation territoriale, la composition des dossiers et les modalités d’examen ainsi que le dispositif de consolidation des acquis. Une réunion présentant la plateforme ParcourSup et ses caractéristiques techniques sera organisée pour les personnes référentes au sein des IFSI afin qu’elles puissent guider les candidats.

L’admission des candidats en filière rééducation/réadaptation.

Des décisions seront prises dès le mois prochain concernant l’insertion dans ParcourSup de ces différents candidats (ergothérapie, psychomotricité, pédicure-podologie, orthophonie, orthoptie, audioprothèse). De la même manière que pour les IFSI, les arbitrages seront rendus pour chaque formation. Deux sessions de travail par formation seront consacrées à ces modalités d’admission, pour une mise en œuvre en 2020.

Les enseignants chercheurs.

Un changement d’appellation de la CNU semble en bonne voie. De « Conseil national des universités pour les disciplines médicales, odontologiques et pharmaceutiques » il deviendrait le « Conseil national des universités pour les disciplines de santé », ce qui permettrait d’intégrer trois nouvelles sections : la Maïeutique, les Sciences de la rééducation et de la réadaptation et les Sciences infirmières. Grâce à cette ouverture, l’inscription d’un candidat dans une section ne sera pas liée à son métier d’origine mais à son projet de recherche.

Dispositif d’appui aux projets d’intégration universitaire.

Sur le terrain, différentes initiatives d’intégration fonctionnelle ou organique à l’université sont lancées afin de tester la pertinence des projets, leur faisabilité et leur construction juridique…L’idée est d’arriver à mettre en place une expertise qui permette de structurer les bonnes pratiques.

Le prochain comité de suivi est fixé au 17 octobre. D’ici là, les différents groupes auront avancé dans leurs réflexions !!

Universitarisation, service sanitaire, modernisation du système de santé… Le secteur sanitaire et paramédical connait cette année une évolution sans précédent.

A l’origine de ces changements : le début de mandat d’un nouveau président, qui apporte son lot de réformes, mais aussi le travail de fond mené par les associations et les corps intermédiaires. Retour sur les principales mesures.

Le processus d’universitarisation des formations aux métiers de santé a attendu 2018 pour monter plusieurs marches. Portée par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, cette réforme doit permettre, entre autres, aux étudiants des IFSI de bénéficier d’un vrai statut d’étudiant et des droits qui l’accompagnent. Elle doit aussi rendre possible, à terme, la création de postes d’enseignants-chercheurs issus des filières de rééducation et de maïeutique. Elle change enfin les modalités d’admission dans les IFSI, avec des inscriptions via Parcoursup, qui viennent se substituer aux concours d’admission.

Les étudiants sont particulièrement concernés par les réformes en cours. Outre l’universitarisation, l’intégration du service sanitaire dans les cursus constitue un bouleversement majeur. Installée au pas de course, grâce à la mobilisation des rectorats, des ARS, des universités et des instituts de formation, cette parenthèse de six semaines au sein des études médicales, pharmaceutiques et maïeutique doit concerner 47 000 étudiants dès la rentrée 2018. Sa mise en application définitive doit se faire au cours de l’année 2018-2019.

Des changements dans les professions impliquent bien sûr des changements dans les formations. La mise en place des infirmières en pratique avancée (IPA) en constitue un aspect important. Il s’agit d’une nouvelle voie d’évolution possible pour des infirmières ayant trois ans d’expérience, qui sera reconnue par un diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée et par un grade de master délivré par l’université.
Les textes ont été signés en juillet. Parmi les changements, on trouve notamment la possibilité pour les IPA de pratiquer des renouvellements d’ordonnances. Mais les points mentionnés par le texte de loi sont bien plus larges : «L’exercice de compétences habituellement dévolues aux médecins par des professionnels paramédicaux, qui pourra permettre une amélioration de l’accès aux soins et un meilleur service rendu aux usagers atteints de maladies chroniques […] les IPA disposeront de compétences élargies, à l’interface de l’exercice infirmier et de l’exercice médical.»

Ces trois points constituent des évolutions significatives dans les formations du secteur paramédical. Mais ils ne sont pas seuls. Parmi les autres chantiers en cours, citons la question du bien-être des étudiants, par exemple, qui est étudiée de près, notamment depuis la remise d’un rapport du Dr Donata Mara et la publication des 9 engagements pour la qualité de vie des stagiaires paramédicaux par la Fédération hospitalière de France.

Pour finir, le vieillissement, élément central de la dynamique démographique française, fera également l’objet d’une partie importante de la stratégie nationale de santé, qui aurait dû paraître au mois de juillet.

La rentrée 2018 sera donc riche en nouveautés et, espérons-le, constituera un bond vers une amélioration globale du système de santé.

Points pouvant  d’ores et déjà être mis en avant  dans le cadre du projet d’universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique

Pilotés par les deux ministères : Ministère des Solidarités et de la Santé – Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sous la responsabilité de Monsieur Stéphane le Bouler.

 

C’est une branche (de lunette) du monde paramédical éloignée des infirmiers, aides-soignants et autres métiers de soin. Pourtant, les opticien-lunetiers font aujourd’hui cause commune avec l’ANdEP sur une question centrale : l’universitarisation.

 

«Nous avons des projets transversaux avec l’ANdEP, principalement au sein de la mission Le Bouler». Éric Lazaridès, maitre de conférence au département de mesures physiques de l’IUT d’Aix-Marseille, pose le cadre. Ce qui rapproche aujourd’hui l’ANdEP des opticiens-lunetiers, c’est la cause de l’universitarision.

 

« Notre modèle de BTS est à bout de souffle. Réécrire le programme doit permettre de faire évoluer le métier d’opticien »

 

«Je pense que Stéphane Le Bouler voulait un panorama exhaustif pour aider à la réflexion», explique l’enseignant-chercheur. «C’est via le CNOF, le collège national des opticiens de France, que notre profession apporte sa pierre à l’édifice». Pour les opticiens-lunetiers, en effet, l’enjeu de l’universitarisation est crucial. Les formations existent aujourd’hui aux niveaux bac professionnel et BTS. Elles tournent autour de deux axes : le premier technique, le second commercial.

Pour le maitre de conférence, le programme est à repenser en profondeur. Le but ? Y inclure un axe de santé et proposer un cursus allant jusqu’à bac+3. «Notre modèle de BTS est à bout de souffle. Réécrire le programme doit permettre de faire évoluer le métier d’opticien, de faire en sorte que les professionnels puissent être des aiguilleurs au démarrage des démarches des patients. En clair, qu’ils conseillent ces derniers sur l’opportunité de consulter un ophtalmologiste dans un délai plus ou moins court.»

 

« Sur trois ans, nous aurions la possibilité de faire sortir de meilleurs candidats à bac+2 comme à bac+3 »

 

Les revendications de la profession incluent donc un accès au grade de licence pour leur formation, qui est aujourd’hui essentiellement dispensée en lycée. «Seules deux universités sont habilités à préparer le BTS : Aix-Marseille et Jean Monnet [à Saint-Étienne], c’est atypique», rajoute Éric Lazaridès. Pour ce dernier, c’est le référentiel activité et compétences qui permet de justifier la nécessité de plus de compétences délivrées au sein des cursus. «Accéder au niveau licence serait idéal. Le modèle 2+1 pourrait fonctionner mais pas aussi pleinement que le programme sur trois ans. Sur trois ans, nous aurions la possibilité de faire sortir de meilleurs candidats à bac+2 comme à bac+3», conclue le maitre de conférence, qui pourrait même envisager un master professionnalisant pour les opticiens

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S’il est difficile de rapprocher les métiers de l’ANdEP de ceux des opticien-lunetiers, l’universitarisation est une cause commune qui crée la convergence professionnelle.

Le processus d’universitarisation des professions paramédicales occupent depuis déjà de nombreuses années les différentes filières en santé, et l’ANdEP est plus que jamais au cœur du dispositif au regard de sa participation régulière aux différentes réunions, commissions et entretiens et tout naturellement aujourd’hui au sein de la mission dite « Le Bouler ».

Celle-ci s’organise autour de l’admission en IFSI, de la qualification des enseignants chercheurs paramédicaux, des filières (maïeutique, réadaptation..), des nouveaux métiers, des partenariats et de l’intégration universitaire de nos formations.

De réunions en réunions, d’échanges en concertations, il est intéressant de constater que viennent s’ajouter au mot « intégration » deux qualificatifs – fonctionnelle ou organique – qui, en fonction des uns, qui, en fonction des autres, prennent sens dans la direction que souhaitent plutôt les uns ou plutôt les autres…

Force est de constater que l’ANdEP, fidèle à ses orientations, souhaitent que le modèle ou les modèles retenus répondent aux enjeux d’une formation à fort potentiel de recherche mais au sein de structures de formation indépendantes avec un pilotage clairement établi et assuré par nos professionnels de nos filières afin d’y définir les orientations stratégiques de formation des futurs professionnels de santé dont l’essence même de leurs actions et d’agir en tous lieux et au service de de tous.

Afin de lutter contre les déserts médicaux et de répondre aux besoins de santé des personnes, il est urgent de considérer que nos filières paramédicales sont les acteurs de changement grâce à une formation paramédicale adossée à la recherche académique universitaire avec des enseignants chercheurs-paramédicaux au sein de structures de formation nouvelles et innovantes ; que nos instances dirigeantes nous fassent confiance et nous relèverons ce défi !

Jean-Marie Louchet, vice-président de l’ANdEP

Le 15 mars 2018, le président du Haut Conseil de la Santé publique, Stéphane Le Bouler, remettait à Agnès Buzyn et Frédérique Vidal son rapport « bilan intermédiaire de la concertation et propositions d’orientation ». Depuis, les deux ministres ont mis en branle le processus d’universitarisation, pour une généralisation en 2019.

 

Cela faisait dix ans que le projet avançait doucement, la démarche visant à intégrer les formations paramédicales aux UFRs est de nouveau en cours. Un comité de suivi du processus vient d’être mis en place par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal.

Cette révolution du monde médical répond à plusieurs objectifs:

  • L’interprofessionnalité, qui doit permettre aux étudiants en santé d’apprendre à travailler ensemble dès les premières années d’étude.
  • Le développement de la recherche paramédicale avec, à terme, la création de «docteurs en science paramédicale», sur le modèle canadien.
  • L’ancrage territorial à l’heure de la désertification médicale et de l’inégalité face à l’accès aux soins.

L’universitarisation est une démarche complexe. Nombreuses sont les parties prenantes et les étapes à suivre, pour un processus qui doit se faire «à petits pas», selon les mots des ministres.

D’après le rapport Le Bouler, cinq chantiers connaissent un caractère prioritaire:

  • La simplification des modalités d’admission
  • Le recrutement d’enseignants-chercheurs
  • L’établissement des relations entre les instituts de formation et les universités
  • La mise en œuvre des formations aux nouveaux métiers
  • La réflexion sur des formations communes à plusieurs filières

Des recommandations qui font écho aux récentes évolutions des formations paramédicales, telles que la pratique avancée des infirmiers (qui doit s’ouvrir à la rentrée 2018) et la création du service sanitaire.

Quelle mise en application ?

Si le rapprochement entre universités et formations aux métiers de santé semble entériné, un certain nombre de points clefs restent à définir. Parmi les questions les plus fréquemment soulevées, celle du concours infirmier doit trouver éclaircissement. Les acteurs du secteur paramédical restent attachés à une épreuve d’admission mais cette réforme pourrait marquer la fin du concours infirmier, qui serait remplacé – si sont suivies les recommandations de Stéphane Le Bouler – par un oral «de motivation».

La méthode d’admission doit par conséquent constituer un des premiers éléments de réflexion pour le groupe de travail. Pour les partisans de ce changement, cela présenterait deux avantages : l’uniformisation (et donc la simplification) des modalités d’admission (aujourd’hui laissées à la discrétion des IFSI) et une plus grande visibilité pour les lycéens souhaitant se diriger vers ces filières pour leurs études supérieures. Les formations paramédicales seraient en effet intégrées à Parcoursup.

Outre les modalités d’admission, un autre sujet d’inquiétude – moins éclairé par le rapport – parcourt les rangs des acteurs du secteur paramédical. Il s’agit de la question des doublons : en intégrant les instituts de formation aux universités, il est vraisemblable qu’un certain nombre de postes, notamment parmi les directeurs et les enseignants, sera doublé. Cet état de fait pourrait-il ouvrir la voie à des suppressions de postes ?  Les députés Jean-Carles Grelier et Annie Chapelier, chargés du groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur les professions paramédicales, doivent se pencher sur cette question.

Plusieurs étapes doivent encore marquer ce processus d’universitarisation. Des questions sont encore en suspends et la concertation entre les acteurs du secteur paramédical et les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur doit apporter des éclaircissements. Le calendrier est toutefois d’ores et déjà fixé avec une application complète de la réforme au plus tard en 2019.