Articles

Depuis trente-cinq ans, l’association Handi’Chiens éduque et remet gratuitement des chiens d’assistance à des personnes en situation de handicap et/ou de vulnérabilité, y compris dans les maisons de retraite et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

« Dans les unités de soins où ces animaux sont utilisés, deux grands bénéfices ont été constatés : une diminution des crises d’angoisse chez les résidents et un gain de temps pour les soignants », souligne Robert Kohler, directeur d’une maison de retraite à Kunheim et président de Handi’Chiens. Dans un contexte marqué par la pénurie d’infirmiers et d’aides-soignants, la co-thérapie canine pourrait être plus largement déployée, ne serait-ce que pour améliorer le bien-être des personnes âgées placées dans des établissements spécialisés. Cette évolution nécessitera cependant du temps et des moyens financiers renforcés. L’éducation d’un handi’chien dure deux ans et coûte 17 500 euros.

NB : 3 000 handi’chiens ont été éduqués et offerts aux personnes qui en avaient besoin depuis la création de l’association en 1989.


Photo : Philippe Chagnon / Cocktail Santé

Derrière le traitement réservé à certains de nos aînés, l’affaire Orpea illustre les nombreuses difficultés rencontrées par les professionnels du secteur de la dépendance, aides-soignants en tête. Explications.

Dans un livre-enquête à charge*, Victor Castanet pointe les « pratiques douteuses » d’Orpea, un grand groupe français spécialisé dans les structures de soins et d’hébergement pour personnes âgées. Parmi d’autres accusations, son auteur dénonce un « système de réduction des coûts » qui se solderait par des « mauvais traitements » infligés aux patients et aux résidents, au grand dam des personnels de ces établissements, à la fois débordés et sous-équipés. Lourdes de conséquences, ces allégations devront être confirmées. Plusieurs enquêtes indépendantes, dont celles de l’IGAS et de l’IGF, ont été diligentées pour vérifier et qualifier les faits énoncés.
Face à l’ampleur du scandale présumé, les candidats à l’élection présidentielle se sont immédiatement emparés du sujet, rivalisant de propositions plus ou moins réalistes pour remédier à cette situation. Un constat fait néanmoins l’unanimité. Promise à deux reprises durant le quinquennat, la loi sur le « grand âge » devra être la priorité du suivant.

Un mal plus profond

Derrière le sort réservé à certains de nos aînés, cette affaire témoigne des difficultés rencontrées par les soignants du secteur de la dépendance. Faute de temps et de moyens, nombre d’entre eux s’estiment condamnés à « maltraiter » les personnes âgées.
A plus large échelle, elle révèle les failles d’une branche peu attractive, en proie à de sérieuses difficultés de recrutement, dont les aides-soignants sont les premières victimes.
Les différentes organisations professionnelles le répètent à l’envi : le manque d’effectif nuit à la qualité du service rendu, au détriment des patients. Il se traduit aussi par une charge de travail accrue, rythmée par des cadences infernales confinant à l’épuisement professionnel. Physique et psychique, cette souffrance est accentuée par un manque de reconnaissance généralisé. Elle est amplifiée par le peu de considération portée à la profession, y compris sur le plan salarial.

Des propositions concrètes

De ce point de vue, le Ségur de la santé n’a pas suffi. Fixée à 183 euros nets par mois, la hausse des salaires est jugée « modeste » par les principaux représentants du secteur. Considérée comme un facteur d’attractivité majeur, leur rémunération devra être significativement réévaluée, comme le suggère la Fédération nationale des associations d’aides-soignants, qui réclame également des campagnes d’information thématiques sur le métier… et son utilité sociale. Autre évolution indispensable : la problématique des ressources humaines devra être rapidement tranchée. Pour compenser les besoins existants, l’Association des directeurs au service des personnes âgées revendique la création effective de deux postes supplémentaires par établissement… d’ici à la fin du quinquennat. Appuyée par une nouvelle campagne de formation, cette mesure permettrait de recruter près de 40 000 aides-soignants.

(*) Les Fossoyeurs, éditions Fayard, 388 pages.

Un chiffre résume à lui seul l’ampleur du risque sanitaire lié au Covid-19 : plus de 70 000 personnes âgées en perte d’autonomie sont actuellement hébergées dans près de 7 000 EHPAD.

Pour protéger cette population particulièrement vulnérable, le ministre des Solidarités et de la Santé a pris des mesures fortes le 28 mars dernier. En complément du « plan bleu », déclenché il y a presque un mois, Olivier Véran a promis le déstockage quotidien de 500 000 masques chirurgicaux, quitte à s’appuyer davantage sur les départements et leurs propres réseaux de distribution pour simplifier et accélérer l’acheminement.

Il entend également tester en priorité les personnels de ces établissements, les invitant par ailleurs à réduire au maximum leurs déplacements. Il n’exclut pas non plus un isolement individuel préventif des résidents, même si la décision finale n’a pas encore été validée par le pouvoir exécutif.

Autre engagement notable : le ministre de la Santé dit avoir mandaté les ARS pour organiser un parcours de soins adapté au grand âge. Deux options sont envisagées, à savoir l’identification d’une filière d’admission hospitalière spécifique pour les malades du coronavirus et le renforcement du soutien apporté par les équipes mobiles sein des EHPAD.