Parmi les 175 propositions du rapport Libault sur la concertation grand âge et autonomie, l’embauche de 80.000 professionnels dans les maisons de retraite et un soutien massif à l’aide à domicile. Une « grande loi » est prévue pour l’automne.

L’entrée dans le grand âge de la génération du baby boom nécessitera 35% de dépenses publiques supplémentaires, soit plus de 9,2 milliards d’euros à l’horizon 2030, estime le rapport élaboré par Dominique Libault, ancien directeur de la Sécurité sociale. Le gouvernement doit présenter à l’automne une « grande loi » pour la prise en charge de la dépendance, a annoncé la ministre des Solidarités Agnès Buzyn. « Plusieurs options sont ouvertes », mais « il n’y aura pas d’impôt supplémentaire », a-t-elle souligné en laissant entrevoir la possibilité d’un recul de l’âge de la retraite. Les métiers du grand âge doivent « monter en compétence » avec des « revalorisations salariales » et des « perspectives de carrière diversifiées », a précisé la ministre, annonçant une mission sur ce sujet.

Maintien à domicile

Selon les prévisions, 40.000 personnes âgées de plus seraient dépendantes par an à compter de 2030, soit le double d’aujourd’hui (2,23 millions en 2050 contre 1,26 aujourd’hui). La priorité est donnée au maintien à domicile, un souhait majoritaire des Français. Il faut, pour cela, revaloriser les salaires des professionnels: le rapport Libault préconise un tarif plancher de 21 euros de l’heure pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile, correspondant à la moyenne horaire actuelle. Ce tarif permettrait de gommer les disparités entre territoires. S’y ajouterait une subvention équivalente à 3 euros de l’heure pour tenir compte des tâches non rémunérées aujourd’hui (comme la coordination avec l’équipe).

Le rapport préconise d’indemniser le congé de proche aidant (3 mois, non indemnisé actuellement) et de créer des « maisons des aînés et des aidants » dans chaque département avec pour mission d’orienter et accompagner dans les démarches la personne âgée et de coordonner les interventions sociales et médicales.

Des structures plus petites

Le modèle actuel des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) doit être repensé. Le rapport souhaite rénover les structures existantes et créer des unités plus petites. Entre l’Ehpad (600 000 places) et le domicile, il existe des solutions alternatives : les résidences autonomie (110 000 places) ou les résidences séniors (50 000 places).

Un plan pour les métiers du grand âge est préconisé pour faire face à une situation critique: 63% des Ehpad disent avoir au moins un poste non pourvu depuis 6 mois ou plus. Le rapport propose de mieux former les personnels, de revaloriser les salaires, de développer l’apprentissage dans le secteur. Il préconise d’augmenter progressivement de 25% le taux d’encadrement en Ehpad d’ici 2024, soit 80.000 postes de plus. Une nouvelle prestation, dégressive en fonction des ressources, aiderait les personnes à revenus modestes qui ne bénéficient pas de l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Un « bouclier autonomie », de 740 euros par mois, serait activé lorsqu’une personne reste plus de quatre ans en Ehpad en situation de perte d’autonomie. L’ASH allouée par les départements serait réformée avec la suppression de l’obligation faite aux petits-enfants de contribuer aux frais.

Ces pistes de réforme ont été saluées par plusieurs acteurs du secteur. L’intersyndicale représentant les personnels de l’aide aux personnes âgées a toutefois réclamé la création « en urgence » de 40 000 postes dans les maisons de retraite et services à domicile, soulignant que les salariés ne pouvaient attendre le projet de loi promis à l’automne.